Renault/ FCA : emploi et batterie, les 2 conditions de la France
par Elisabeth Studer

Renault/ FCA : emploi et batterie, les 2 conditions de la France

Ne serait-ce qu'en tant qu'actionnaire de Renault, l'Etat français se devait de réagir face à l'annonce du projet de fusion entre le constructeur français et FCA. S'exprimant au micro de RTL, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, s'est dit favorable à l'opération. Tout en posant des conditions. Parmi les principaux enjeux figure en tout premier lieu la question de l'emploi.

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Ne serait-ce qu'en tant qu'actionnaire de Renault, l'Etat français se devait de réagir face à l'annonce du projet de fusion entre le constructeur français et FCA. S'exprimant au micro de RTL, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, s'est dit favorable à l'opération. Tout en posant des conditions. Parmi les principaux enjeux figure en tout premier lieu la question de l'emploi.

Des conditions favorables à Renault et à ses salariés

Le gouvernement a annoncé être « favorable » à ce projet. Mais « il faut que les conditions dans lesquelles se réalise cette fusion soient à la fois favorables au développement économique de Renault et évidemment aux salariés de Renault », a toutefois averti sur RMC et BFMTV, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye.

Belle opportunité selon Bruno Le Maire

Certes, selon Bruno Le Maire, une fusion entre Renault et FCA constituerait une belle opportunité pour Renault et pour l'industrie automobile européenne. Elle permettrait aux deux entités d'unir leurs forces – technique et financières - face notamment au défi technologique que représente la révolution industrielle générée par l'essor des véhicules électriques, ce  dernier étant dopé par les nouvelles normes environnementales. Le groupe FCA offrant quant à lui dans la corbeille de la mariée son ouverture au marché automobile nord-américain.

Vers un poids amoindri de l'Etat

Mais l'Etat se doit d'être vigilant. Selon la proposition remise lundi par FCA à la direction de Renault, le nouvel ensemble serait détenu à 50 % par les actionnaires de FCA et à 50 % par les actionnaires de Groupe Renault.

Si l'opération se concrétisait , la participation de l'Etat français devrait être divisée par deux et ne plus représenter que 7,5 % du capital de la nouvelle entité. Même chose du côté de Nissan. Le tout à comparer aux parts détenues par la famille Agnelli, qui contrôle à l'heure actuelle 29 % de FCA. De quoi offrir un sérieux avantage à la partie italienne dans les discussions. Matteo Salvini, vice-président du conseil des ministres italien et Ministre de l'Intérieur d'Italie ne pouvant que plaider en faveur de la préservation de l'emploi des sites industriels italiens.

Une nouvelle répartition des pouvoirs et un affaiblissement de la voix de la France qui inquiète d'ores et déjà les syndicats de Renault. Lesquels exhortent le gouvernement à conserver une minorité de blocage. Objectif : protéger les emplois dans l'Hexagone et préserver les sites industriels français.

Un contexte qui a conduit Bruno Le Maire à demander que « les intérêts français soient bien représentés » au sein de la gouvernance. Si certes, l'heure n'est pas encore à établir de manière détaillée la composition de la future gouvernance, il semble toutefois que l'État puisse détenir un siège dans le conseil d’administration de l'entité qui pourrait voir le jour.

Aucune suppression d'emploi ni de site

Le ministre de l'Économie a par ailleurs demandé à ce qu'aucun emploi ni usine soient supprimés en France. Car dit fusion, dit recherche de synergie …. laquelle synergie pourrait inciter les deux constructeurs à revoir leur stratégie industrielle tout en limitant les  « doublons ». Une éventuelle délocalisation de la production hors de France est d'ores et déjà redoutée par salariés et syndicats. Sans compter sur de possibles suppressions d'emplois.

Une fusion dans le cadre de l'Alliance avec Nissan

Le gouvernement français a par ailleurs réclamé qu'une fusion entre Renault et Fiat Chrysler se fasse dans le cadre de l'alliance avec Nissan. Histoire de ne pas envenimer les discussions actuelles avec le constructeur japonais, d'ores et déjà sujettes à de fortes tensions, l'équilibre actuel des pouvoirs au sein de l'Alliance déplaisant à Nissan. Lequel ne dispose que d'une participation de 15% dans Renault sans détenir de droit de vote.

Or, tant Nissan que l'autre partenaire de l'alliance – Mitsubishi – semblent avoir été mis à l'écart des discussions entre Renault et FCA. Si Bruno Le Maire estime certes que la partie japonaise n'a pas été lésée, il n'en demeure pas moins que Renault n'a pas impliqué Nissan dans ses négociations avec FCA.

Participation à l'Airbus des batteries

Alors que les véhicules électriques constituent le nerf de la guerre, Bruno Le Maire a par ailleurs exhorté les deux fiancés à participer à la filière européenne de batteries, surnommé l'Airbus des batteries.

Ce qui signifie en clair, que le ministre souhaite ainsi que la nouvelle entité s'affiche résolument européenne en défendant son indépendance vis à des fournisseurs asiatiques. Le nouveau groupe devant ainsi s'engager à s'approvisionner auprès de constructeurs de batteries européens pour équiper ses véhicules électriques. Compte-tenu du – faible – volume actuellement produit en Europe, il pourrait avant tout s'agir dans un premier temps d'achat prioritaire auprès d'entités européennes, sachant que pour pouvoir garantir l'approvisionnement, les deux constructeurs seraient toujours contraints à court terme de devoir faire appel aux batteries asiatiques.

A moins que la fusion Renault / FCA constitue aux yeux de l'Etat français un levier pour un développement industriel de fabrications de batteries au sein de l'UE. L'attrait de Renault pour FCA résidant avant tout dans l'accès à la technologie du constructeur français en terme de véhicules électriques. L'objectif final étant de pouvoir répondre aux exigences définies par les nouvelles normes environnementales. Lesquelles imposent aux constructeurs de produire un volume croissant de voitures pourvues de ce nouveau type de motorisation.

Sources : RTL, RMC, Le Monde, AFP, Reuters

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Pour résumer

Ne serait-ce qu'en tant qu'actionnaire de Renault, l'Etat français se devait de réagir face à l'annonce du projet de fusion entre le constructeur français et FCA. S'exprimant au micro de RTL, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, s'est dit favorable à l'opération. Tout en posant des conditions. Parmi les principaux enjeux figure en tout premier lieu la question de l'emploi.

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