Nissan a annoncé vendredi qu'Hiroto Saikawa conserverait son poste de directeur général du constructeur. Et ce, alors que Renault, son partenaire au sein de l'Alliance également formée avec Mitsubishi, plaidait en faveur d'un changement de direction au sein du constructeur japonais.
Confirmation de Saikawa … au grand dam de Renault
Le fait que Hiroto Saikawa soit ainsi confirmé à son poste constitue une sorte de revers pour Renault. Au sein des deux groupes automobiles, on laisse entendre en effet que le constructeur français aurait souhaité que l'équipe dirigeante soit renouvelée avant d'entamer des discussions de fusion entre Renault et Nissan.
Hiroto Saikawa s'oppose en effet à une intégration complète. Il est même considéré comme un obstacle à ce rapprochement.
Saikawa accroché à son poste
En mars dernier, Hiroto Saikawa, le patron de Nissan – qui a pris récemment la suite de Carlos Ghosn – aurait déclaré qu’il n’avait aucune intention de démissionner de si tôt. C’est en tout cas ce qu’avaient affirmé des personnes proches du dossier, alors que le principal intéressé avait annoncé en janvier dernier qu’il présenterait sa démission sous peu.
Selon une des sources, Hiroto Saikawa aurait déclaré lors d’une réunion interne qu’il envisageait désormais de rester au moins trois ans de plus à la direction de Nissan, soit jusqu'en 2022. Motif invoqué : aider le constructeur à se remettre du scandale Ghosn. Les plus critiques certains apprécieront ...
Le patron de Nissan aurait fait part de ses commentaires sur la durée de son mandat aux plus hauts membres exécutifs du constructeur, peu après avoir annoncé lors d’une conférence de presse le 24 janvier dernier, qu’il renoncerait à son poste de dirigeant « le plus rapidement possible ».
Saikawa avait alors annoncé qu’il « passerait le flambeau » à de nouveaux dirigeants « dès que possible » après la révision des règles de gouvernance de Nissan. Ajoutant qu’il considérait que cela était de sa responsabilité après l’arrestation de Carlos Ghosn.
Une fusion Renault / Nissan rendue plus complexe en cas de maintien de Saikawa
La consolidation de la position de Saikawa en tant que dirigeant de Nissan pourrait complexifier la démarche de Renault menée en vue de renforcer ses liens capitalistiques avec son partenaire japonais.
Alors que Carlos Ghosn dirigeait les conseils d’administration de Renault et de Nissan et travaillait au regroupement des sociétés jusqu’à son arrestation, Saikawa s’est fortement opposé à une fusion et est devenu un défenseur des intérêts japonais.
Des tensions entre les deux hommes sont apparues au grand jour après qu’un scandale d’inspection a obligé Nissan à rappeler un million de véhicules et à arrêter sa production au Japon pendant deux semaines. Carlos Ghosn aurait alors critiqué Saikawa pour la lenteur de réaction dont il aurait fait preuve selon lui pour résoudre la crise et mettre en œuvre un plan d’action.
Un départ après le plan « M.O.V.E to 2022 » ?
A noter que le nouveau délai qu’aurait fixé Saikawa pour son départ de Nissan concorde avec la fin de la stratégie à moyen terme de «M.O.V.E to 2022» du constructeur. Ce plan de six ans a pour objectif de porter les revenus à 16 500 milliards de yens (148,6 milliards de dollars) et la marge opérationnelle à 8%.
L’avis de Leblogauto.com
Le maintien de Saikawa à son poste laisse entrevoir le maintien de vives tensions au sein de l'Alliance autour du projet de fusion. Les Japonais semblent ainsi vouloir préserver leur pouvoir.
Néanmoins, rien ne garantit que Saikawa puisse conserver la direction de Nissan si le constructeur enchaîne les mauvaises performances …
Sources : Bloomberg, Automotive News, Reuters