Une consommation d'huile qui fait tâche
La 1.2 TCe de Renault va-t-il être le nouveau 1.5 dCi pour le groupe français et un sparadrap difficile à décoller sur la réputation de fiabilité des blocs moteurs ? Aussi, l'UFC-Que choisir n'y va pas par quatre chemins et déclare tout de go : "400 000 voitures en danger".
Concrètement, le 1.2 TCe (type H5FT) a été monté dans différents véhicules des marques Renault, Dacia, Nissan, et même Mercedes. Selon l'association de défense des consommateurs, "la surconsommation d’huile serait due à une trop faible pression dans le collecteur d’admission qui empêcherait le moteur de se remplir naturellement avec suffisamment d’air, créant dans le même temps une dépression importante dans le cylindre. En conséquence, de l’air serait aspiré depuis le bas du moteur et, en remontant dans le cylindre, se chargerait en huile".
Evidemment, un moteur essence n'est pas fait pour tourner "au gras". En effet, cette huile brûlée engendre de la calamine (*) qui provoque des soucis moteur, et in fine, différents dégâts dans le moteur allant jusqu'à la casse.
Une note technique de juin 2015 (ACTIS 10575) indique que Renault savait
D'après les témoignages recueillis par l'UFC, le moteur peut ne pas prévenir du tout avant de casser. Les signes avant-coureurs sont plutôt imperceptibles. En outre, la consommation d'huile peut atteindre des niveaux bien trop élevés pour être décelés par un contrôle même régulier. En effet, jugez plutôt : le moteur peut consommer plus de 1 litre d'huile aux 1 000 km !
Et le constructeur semble au courant de tout cela puisqu'une note technique (comme il en existe des milliers chaque années chez tous les constructeurs NDLA) appelée "ACTIS 10 575" fait mention de cet énorme défaut. Les moteurs concernés auraient été produits entre le 1er octobre 2012 et le 11 mai 2016. Selon l'estimation de l'UFC que choisir, ce sont donc 400 000 moteurs concernés.
Le souci, c'est que comme souvent, les constructeurs rechignent à reconnaître leur tort. L'UFC-Que choisir assigne donc Renault, Dacia, Nissan et Mercedes pour les forcer à prendre en charge les réparations des véhicules et les préjudices subis. Cela peut aller de la simple modification du calculateur pour augmenter la pression dans le collecteur d'admission (si beaucoup de change) au changement des segments en passant par le changement presque complet du moteur.
Pire, il semble que Renault préconise la reprogrammation de l'ECU depuis juin 2015 mais n'a pas jugé utile de faire une campagne de rappel, préférant le faire "discrètement" à chaque passage dans un garage des marques concernés. Cela aurait pu sans doute sauver des milliers de moteurs.
Que faire si je suis concerné ?
Désormais, les différents collectifs d'usagers mécontents (euphémisme) des casses et surtout de la prise en charge (variable) de celles-ci trouve un écho avec l'UFC. Le bouillon médiatique a souvent un effet palpable sur les constructeurs qui craignent la mauvaise publicité. Le revers de la médaille est que le phénomène étant médiatisé, la cote des véhicules avec ce moteur risque de chuter.
Si vous êtes concernés, le plus simple est de vous tourner vers l'UFC ou les collectifs. Ils vous orienteront dans les démarches à faire. En tout cas, il va falloir vous armer de patience pour faire accepter le vice caché de votre véhicule. En attendant, surveillez comme le lait sur le feu votre niveau d'huile pour ne jamais tomber en deçà du minimum.
Ce qui est dommage, c'est qu'en Europe, la culture du rappel n'est pas suffisamment implantée. Les constructeurs comptent trop sur la fin de la période de garantie pour masquer leurs vicissitudes et se dédouaner sur le client en l'accusant d'un mauvais entretient.
Le 1.2 TCe a été avantageusement remplacé par le 1.3 TCe qui n'a - a priori - pas les mêmes soucis, mais qui pourrait pâtir de la désormais sale réputation de son prédécesseur.
Modèles concernés par le défaut de consommation d'huile
Renault (moteur 1.2 TCe 115, 120 et 130 ch)
- Captur
- Clio 4
- Kadjar
- Kangoo 2
- Megane 3
- Scénic 3
- Grand Scenic 3
Dacia (moteur 1.2 TCe 115 et 125 ch)
Mercedes (moteur 1.2 115 ch)
Nissan (moteur 1.2 DIG-T 115 ch)
(*) croûte d'oxydes de fer qui se dépose en couche sur les pièces en acier ou en fer provoquant une dégradation des surfaces de ces dernières.