Né à New York en 1976, il a grandi au Brésil, mais a passé son bac à Paris. Cette expérience française, il a aussi fait un stage chez un concessionnaire Fiat en France, lui servira au moment où FCA et Renault parlent mariage. Mais c'est à Turin, berceau de la famille, qu'il fait ses études d'ingénieur à l'Ecole polytechnique, avant d'intégrer le groupe. Car, dès 1997, son grand-père Gianni, le plus célèbre des Agnelli, que l'on surnomme respectueusement "l'Avvocato" ("l'Avocat"), le désigne comme son successeur et le fait entrer au conseil d'administration de la Fiat. Celui que l'on appelle alors "Jaki" n'a que 21 ans.
Le groupe Fiat est à ce moment une des plus grandes entreprises de la péninsule, mais il est aussi en pleine crise, accumulant les pertes. Grand, mince, les traits encore juvéniles, John Elkann a été initié au goût du risque et de l'effort par son grand-père qui l'emmène avec lui lors de ses équipées sportives en mer ou en montagne. "Nous allions skier en semble. Il me poussait à prendre le versant le plus difficile, à découvrir des endroits que nous ne connaissions pas", a-t-il raconté au Corriere della Sera.
Costume de vendeur
Son grand-père lui concocte aussi un parcours au sein du groupe. Il part en stage ouvrier chez Magneti Marelli en Angleterre, sur les chaînes de montage des "Cinquecento" à Tichy en Pologne, et endosse le costume de vendeur dans une succursale du nord de la France à Lille.
En 2001, il entame sa carrière professionnelle comme auditeur chez General Electric avant de revenir au Lingotto, le siège de Fiat, en mai 2002.
La mort de Gianni en 2003 et du frère de ce dernier, Umberto, un an plus tard, précipite la carrière de "Jaki". Luca Cordero di Montezemolo prend la présidence du groupe et le nomme vice-président en 2004. Pour tout le monde il est désormais John Elkann, "l'Ingegniere" (l'Ingénieur).
L'autre nomination importante est celle de Sergio Marchionne, qui devient directeur général avant de restructurer avec succès la branche auto du groupe et révolutionner son management. Ce grand patron, portant invariablement un pullover noir, va alors travailler pendant 14 ans à la renaissance du groupe aux côtés de l'héritier des Agnelli, avant sa mort soudaine en septembre 2018.
"Tu nous as tous appris à penser différemment, à avoir le courage de changer et de faire. A ne pas avoir peur", déclare John Elkann lors des funérailles de son "ami" Sergio Marchionne, la voix brisée par l'émotion, lui toujours si discret et impassible.
Dynastie familiale
Nommé président de Fiat dès 2010, John Elkann gère aussi le patrimoine des Agnelli en prenant la tête un an plus tard d'Ifil, devenu ensuite Exor, le holding familial qui possède, entre autres fleurons, le club de football de la Juventus ou Ferrari.
A 35 ans, John Elkann est alors non seulement le président du groupe, qu'il a redressé avec Sergio Marchionne, mais il prend aussi la tête de la dynastie familiale.
Fils de l'écrivain franco-italien Alain Elkann et de Margherita Agnelli, John Elkann n'était pourtant pas destiné à de telles responsabilités. Mais la mort en 1997 de Giovanni Alberto Agnelli, que Gianni Agnelli avait désigné comme son dauphin, a changé son destin.
D'apparence timide, mesurant ses réactions et sa parole, John Elkann a toujours préféré la discrétion aux feux de la rampe ou de la jet set.
Mais derrière cet aspect réservé et de fils de bonne famille se cache un homme au caractère d'acier, écrivait l'an dernier le magazine italien Panorama.
Bien qu'il ait grandi à Londres, au Brésil et à Paris, John Elkann n'a jamais oublié ses racines italiennes et turinoises.
En 2004, il se marie avec Lavinia Borromeo, héritière de l'une des plus anciennes familles aristrocratiques italiennes. Et leurs trois enfants, Leone, Oceano et Vita, sont tous nés dans le même hôpital turinois, selon Panorama.
Par AFP