L'Indonésie souhaite attirer sur son territoire les constructeurs automobiles tels que Volvo et Renault afin qu'ils investissent dans le secteur des véhicules électriques. Le pays estime en effet que d'ici 2030 ce type de motorisation devrait représenter un quart de sa production totale.
L’Indonésie est en effet l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre dans le monde, détenant la cinquième place au « palmarès ». L’une des causes principales est la déforestation sauvage pratiquée en faveur des cultures telles que celles des palmiers à huile. En 2015, Le pays s’est engagé à réduire ses émissions de dioxyde de carbone (CO2) de 29 % d’ici 2030 en protégeant ses forêts, et en développant les capacités du secteur de l’énergie durable.
L'Indonésie demande à Renault et Volvo d'investir localement pour les véhicules électriques
C'est dans un tel contexte, que le gouvernement indonésien a ainsi exhorté Renault et Volvo à investir dans la production locale de véhicules électriques.
Le ministre délégué à l'Industrie, les Transports et l'électronique, Harjanto, a déclaré que le gouvernement avait demandé aux deux groupes automobiles d'envisager la construction d'usines ou d'unités d'assemblage sur le plus grand marché automobile d'Asie du Sud-Est. Selon lui, la production automobile totale du pays devrait plus que doubler d'ici 10 ans, pour atteindre 3 millions d’unités d'ici 2030, dont 730 000 véhicules électriques.
Incitations fiscales
Le président Joko Widodo a promis des incitations fiscales seraient mises en œuvre pour attirer les investissements étrangers dans les véhicules électriques, tout en rendant coûteuse la possession d’automobiles nécessitant de recourir aux énergies fossiles. Objectif : permettre à l'Indonésie d'économiser 798 milliards de roupies (56 milliards de dollars) en réduisant sa dépendance énergétique et ses importations de pétrole brut.
Attirer via des usines de batterie
Alors que Hyundai et Volkswagen ont manifesté leur intérêt pour fabriquer sur place des véhicules électriques, un consortium de sociétés chinoises et indonésiennes est déjà en train de construire une usine de batteries, a quant à lui déclaré la ministre de l'Industrie, Airlangga Hartato. Faisant jouer la concurrence tout en précisant qu'une production locale de batteries – le nerf de la guerre dans le domaine de s véhicules électriques – leur offrait un approvisionnement sécurisé.
Partenariat Renault / Nusantara Maxindo début 2019
Le 21 janvier 2019, Renault Asie Pacifique a établi un partenariat avec le groupe Nusantara Maxindo pour commercialiser et développer ses activités en Indonésie à partir du 24 février.
Renault Asia Pacific, par l’intermédiaire de sa filiale PT Maxindo Renault Indonesia, assurera les droits d’importation, de commercialisation, de distribution et de gestion des produits, ainsi que le service après-vente de la marque dans le pays.
Maxindo Renault Indonésie inaugurera prochainement les locaux de son distributeur exclusif à Jakarta et à Tangerang, chargé de fournir des services de vente et après-vente à ses clients. Les Renault Duster, Koleos, Kwid et Megane figurent parmi les voitures de la marque actuellement vendues en Indonésie.
Etude de faisabilité préalable pour Renault
S'agissant de la production locale de véhicules électriques, le directeur général de PT Maxindo Renault Indonesia, Davy J. Tuilan, a déclaré que le constructeur français devra d'abord réaliser une étude de faisabilité avant de décider d'investir en Indonésie.
Kina Wileke, une porte-parole de Volvo, n'a pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires. Reste que le constructeur compte réaliser 50% de ses ventes avec des véhicules électriques en 2025. Le premier de ce type doit arriver en 2019. Au final, il ne s’agira pas d’un modèle spécifique mais basé sur le Volvo XC40. La plateforme CMA qu’il utilise a été pensée dès sa conception pour ce type de motorisation.
L'Indonésie : un pays riche en nickel nécessaire aux batteries
Les réserves abondantes de minerai de nickel, une matière première essentielle pour la fabrication de batteries électriques sont autant d'avantages que l'Indonésie souhaite exploiter pour développer son industrie de véhicules électriques.
Harjanto n'a pas manqué de préciser qu'une compagnie avait d'ores et déjà débuté l'exploitation de matières premières pour les batteries électriques. « Une fois qu'un site de production de batteries sera installé, il serait facile de faire appel aux constructeurs de véhicules », a-t-il ajouté.
L'Indonésie veut développer la production locale de batteries
"Assembler est facile, nous devons donc nous emparer de l'industrie en amont", a déclaré Harjanto. «Nous voulons fabriquer les composants ici. C’est pourquoi nous recherchons maintenant un fabricant de batteries, car nous disposons des matières premières » a-t-il précisé.
Pertamina, la compagnie énergétique nationale indonésienne a annoncé son intention de commencer à produire des batteries électriques, tandis que PT Blue Bird commencera à ajouter des voitures électriques à son parc de taxis à partir de cette année.
De nouvelles règles en cours d'élaboration
Le gouvernement élabore actuellement un ensemble de nouvelles règles visant à promouvoir les véhicules électriques, susceptibles de réduire les taxes sur le luxe et d'augmenter progressivement les taxes sur les véhicules produisant davantage d'émissions. Les constructeurs automobiles pourraient bénéficier d'un délai de grâce de deux ans pour se conformer à la nouvelle réglementation, a déclaré le ministre.
L'Indonésie s'attend à ce que la mise en place d'une industrie du véhicule électrique renforce ses exportations, qui sont en décroissance à l'heure actuelle. La signature en mars 2019 d'un accord de libre-échange avec l'Australie permettra au pays d'exporter ses véhicules en franchise de droits, a par déclaré le ministre.
Hynduai investit pour produire localement des véhicules électriques
En décembre 2018, Harjanto, avait d'ores et déjà annoncé que Hyundai Motor prévoyait d'investir environ 880 millions de dollars (768 millions d'euros) en Indonésie pour produire notamment des véhicules électriques.
Le groupe sud-coréen, cinquième constructeur automobile mondial avec son affilié Kia Motors, prévoit de construire une usine en Indonésie d'une capacité d'environ 250.000 unités dont 53% de la production sera exportée, essentiellement vers l'Asie du Sud-Est et l'Australie.
En novembre 2018, Hyundai a annoncé un plan d'investissement de 250 millions de dollars dans Grab, société de Singapour spécialisé dans les services de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC). Objectif : proposer des véhicules électriques en Asie du Sud-Est.
Sources : Bloomberg, tempo.co, Reuters