Renault pourrait vendre en Iran via le russe Avtovaz
par Elisabeth Studer

Renault pourrait vendre en Iran via le russe Avtovaz

Renault aurait peut-être trouvé un moyen de contourner les sanctions américaines mises en œuvre contre l'Iran. Lesquelles le contraignent à geler ses investissements sur le territoire iranien par peur de représailles, BNP Paribas en ayant déjà fait les frais. Selon la presse russe, le constructeur français pourrait agir via l'intermédiaire de Avtovaz, contrôlé par l'Alliance Rostec Auto BV, coentreprise de Renault et du holding russe Rostec pour se frayer un chemin dans le pays des mollahs.

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Négociations pour exporter et assembler des Lada en Iran

Le directeur de Rostec pour la coopération internationale, Viktor Kladov, a en effet déclaré à des journalistes, qu'il n”était pas exclu que des véhicules de marque Lada soient bientôt exportées en Iran". Une telle opération permettrait notamment au groupe Renault, qui contrôle la maison-mère Avtovaz, d'élargir sa présence dans le pays.

Les choses pourraient même rapidement se préciser, Viktor Kladov ajoutant que Avtovaz mènerait à l'heure actuelle des pourparlers en vue d'exporter des voitures Lada en Iran.

«Avtovaz assemble des voitures en Égypte, nous menons des négociations avec d'autres pays, dont l'Iran notamment", a déclaré le dirigeant en marge du salon aéronautique Aero India 2019. Il a par ailleurs tenu à préciser qu'il s'agissait "à la fois de la livraison ainsi que de l'assemblage de véhicules."

Les exportations d'Avtovaz en hausse de 57 %

Début janvier, Avtovaz a annoncé que les ventes à l'exportation de la marque Lada avaient augmenté de 57%, pour atteindre 38.050 voitures en 2018. Jan Ptacek, vice-président des ventes et du marketing chez Avtovaz, a déclaré à cette occasion que les voitures étaient vendues dans 34 pays, dont la Turquie, la Tunisie, le Chili et Cuba.

Pour la première fois, en 2018, la Lada Vesta a été le véhicule le plus exporté de la marque, il représente à lui tout seul 30% des ventes. Son succès commercial lui permet désormais de prendre la place de leader , au détriment de la Lada 4x4.

La JV entre Renault et Rostec propriétaire à 100 % de Avtovaz

En décembre 2018, l'Alliance Rostec Auto BV, la joint-venture entre Renault et le holding russe Rostec, a augmenté sa participation dans le capital du russe Avtovaz à hauteur de 100%.

Renault détient pour sa part 67,1% du capital de la société holding qui contrôle AvtoVAZ. Le groupe a racheté à son partenaire, Nissan, ses parts en 2017 et intègre dans son bilan le constructeur russe. La société française avait initialement acheté 25% d'AvtoVaz en 2008 pour un milliard de dollars.

AvtoVAZ produit plus de 400 000 voitures par an, sous la marque Lada, ainsi que les véhicules des marques de l'Alliance Renault-Nissan : Renault, Nissan et Datsun.

Nissan détient une usine d’une capacité annuelle de 100 000 véhicules légers à Saint-Pétersbourg. PSA Peugeot Citroën exploite avec Mitsubishi, une usine de 125 000 véhicules annuels dans la région de Kaluga.

Renault et PSA suspendent leurs activités en Iran

Renault et PSA ont suspendu leur retour en Iran après l'entrée en vigueur des nouvelles sanctions américaines en août 2018. D'autres sociétés occidentales, notamment Daimler, ont également abandonné tout projet visant à développer leurs activités sur le territoire iranien.

Les deux constructeurs français ont été parmi les premières entreprises européennes à revenir en Iran en 2016, après la levée des sanctions US, en vue d'exploiter une demande insatisfaite de véhicules neufs. Mais  l'arrivée de Trump à la Maison Blanche aura par la suite changé la donne ...

D'importants projets d'investissements gelés

Avant la mise en oeuvre de nouvelles sanctions américaines PSA avait signé en Iran des contrats de production d’un montant de 700 millions d’euros. Renault avait quant à lui annoncé un nouvel investissement afin de porter sa capacité de production locale à 350 000 véhicules par an.

En août 2017, le groupe dirigé alors par Carlos Ghosn, avait signé un accord important avec des partenaires locaux pour créer une nouvelle usine dans le pays ainsi qu’un centre d’ingénierie. Le groupe annonçant parallèlement avoir l'intention de développer son propre réseau de distribution.

L’usine était prévue pour produire 150 000 véhicules par an : des Duster et le Symbol, modèle non vendu en France, version modernisée de la Logan.

La nouvelle usine iranienne était prévue d'être implantée à Saveh, à 120 kilomètres au sud-ouest de Téhéran. Elle devait être détenue à 60 % par Renault, à 20 % par une agence d’État, l’Organisation pour la rénovation et le développement industriel, et à 20 % par la société privée iranienne Parto Neguine Nasseh.

L’investissement prévu était de 660 millions d’euros dans le cadre d'une première phase. L'accord prévoyait que, dans un deuxième temps, le site puisse doubler sa capacité pour passer à 300 000 véhicules par an.

Co-entreprise Renault / Saipem / Iran Khodro

Renault était déjà présent en Iran depuis 2003 à travers une autre coentreprise avec les sociétés Saipem et Iran Khodro. Dans le cadre de ce partenariat, Renault produit localement des Sandero et des Tondar, une autre version de la Logan. L’usine dispose d’une capacité de 200 000 véhicules.

Iran Khodro espérait finaliser un accord avec Nissan pour la production de voitures low-cost Datsun, mais le projet a semble-t-il été gelé en raison des sanctions imposées par les États-Unis.

Le retrait forcé d'Iran pèse sur les finances de Renault

Au début du mois de février, Renault a revu à la baisse son objectif de rentabilité. Arguant pour ce faire de l’effet combiné de son retrait d’Iran et de la démission de son patron, Carlos Ghosn, suite à des allégations de malversations financières.

Voie royale pour Russes et Chinois sur le marché automobile iranien

Pour AvtoVaz et ses semblables, l’immense marché automobile iranien offre un terrain fertile pour le développement et l’expansion en l’absence de concurrents occidentaux.

La présence des constructeurs chinois se fait déjà sentir via l'arrivée d'un nouveau concessionnaire Chery à Téhéran.

L'Iran : un marché automobile très prometteur

L’Iran, pays où vivent plus de 80 millions de personnes, a une forte demande automobile. Selon le ministère des Industries, des Mines et du Commerce, le pays a produit plus de 1,5 million de voitures en 2017, soit une augmentation de 14% par rapport à l'année précédente.

Iran Khodro et Saipa contrôlent environ 90% du marché, assemblant à partir de kits des véhicules de marques Peugeot, Renault et Kia, en plus des voitures chinoises nettement moins répandues.

Les nouvelles sanctions ont sérieusement perturbé le marché automobile, faisant grimper les prix et empêchant les usines de fournir les voitures à temps.

"L'industrie automobile est l'une des lignes de front de la guerre" économique , a déclaré le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, Ali Shamkhani, en septembre dernier.

L'avis de Leblogauto.com

Les grands groupes européens tentent par tous les moyens de trouver des « astuces » pour contourner les sanctions américaines qui les empêchent de faire un grand retour en Iran,  interrompant ainsi en plein vol leurs efforts pour attaquer en force le très prometteur marché iranien.

Sources : Rostec, Sputnik, PressTV

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Pour résumer

Renault aurait peut-être trouvé un moyen de contourner les sanctions américaines mises en œuvre contre l'Iran. Lesquelles le contraignent à geler ses investissements sur le territoire iranien par peur de représailles, BNP Paribas en ayant déjà fait les frais. Selon la presse russe, le constructeur français pourrait agir via l'intermédiaire de Avtovaz, contrôlé par l'Alliance Rostec Auto BV, coentreprise de Renault et du holding russe Rostec pour se frayer un chemin dans le pays des mollahs.

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