La production automobile devient plus accessible aux startups
Si à l'heure actuelle, la fabrication d’une voiture s'avère extrêmement complexe – le moteur en lui-même comprend à lui seul environ 2 500 pièces – l'arrivée de l'électro-mobilité pourrait grandement changer la donne. Notamment parce que le groupe motopropulseur d'un moteur électrique ne comprend que 250 éléments. Et pourrait même en regrouper encore moins.
Un contexte qui rend l'élaboration d'une voiture beaucoup plus facile. Une situation qui profite déjà à un certain nombre de jeunes entreprises s’engageant à fabriquer la structure du véhicule avec une imprimante 3D.
Ainsi, la société américaine Divergent a mis au point une voiture de sport en ayant recours à ce type de technologies. Une société italienne a promis quant à elle de produire une voiture électrique à 8 000 euros avec une autonomie de 150 kilomètres.
De nouvelles plates-formes mobiles
Mais la prochaine étape dans la production de voitures selon un processus moins onéreux frappe à la porte. Désormais des startups sont capables de fabriquer tout le groupe plancher et de les proposer à la commercialisation.
Début janvier, au CES de Las Vegas, la start-up américaine AEV Robotics a ainsi dévoilé une plate-forme mobile, robotique et modulable.
Sur une base robotique contenant les composants électriques, les moteurs, les batteries et l'intelligence du véhicule – le tout affichant un poids inférieur à une tonne, AEV Robotics a conçu un engin qui ambitionne de réinventer le secteur des transports. Les modules peuvent être échangés mécaniquement en 6 minutes maximum, un délai qui comprend également le raccordement de câbles.
Or, désormais, les startups peuvent acquérir ce type de plate-forme, les développer et commercialiser leurs premières versions d'essais. Certains spécialistes s'attendent à ce qu'à terme les prix des véhicules neufs puissent être jusqu'à 70% inférieurs à ceux observés actuellement.
La Vision Urbanetic de Daimler : une petite révolution industrielle ?
Car l'idée fait son chemin. En 2018, Daimler a ainsi présenté une plate-forme commune pour un petit camion et une fourgonnette. L'étude comprend une plate-forme pouvant être convertie d'un minibus en un camion. Daimler souhaite également proposer à l'avenir un logiciel permettant d'exploiter les plates-formes de manière autonome.
L'étude "Vision Urbanetic" présentée par Mercedes Vans repose sur un concept multifonctionnel. Fondamentalement, il s’agit d’un véhicule de base pouvant répondre à différentes exigences fonctionnelles au moyen de différentes structures. Si l'idée elle-même n'est pas nouvelle, cette innovation permet d'échanger la structure en quelques minutes. Tous les capteurs, la batterie, le lecteur et toutes les autres unités sont cachés dans la base, appelée "Surfboard" de Daimler.
Lors de la présentation à Copenhague, Daimler a présenté deux utilisations possibles du transporteur électrique de niveau 5 entièrement autonome. La journée, le système pourra effectuer du transport de personnes. Pour se transformer automatiquement la nuit non pas en citrouille mais en une autre forme de véhicule. Ainsi, une même "base" pourra remplir plusieurs fonctions. Ce qui devrait notamment permettre de réduire le nombre de véhicules sur la route.
Une technologie ouvrant la voie à de nombreuses startups
Cette nouvelle technologie ouvrira parallèlement la voie à de multiples startups susceptibles de démarrer leur propre service de minibus ou de taxi.
De nouveaux marchés pourront également se développer à partir de ce type d'innovation, en particulier dans le domaine du covoiturage local.
Si le gain direct en terme de coûts s'avère non négligeable, compte-tenu de la réduction du nombre d'éléments rentrant dans le processus de fabrication, la baisse des délais de production pourra également procurer des avantages financiers non négligeables. Offrant par ailleurs la possibilité de construire des flottes de véhicules beaucoup plus rapidement qu'auparavant. Un avantage concurrentiel majeur. Avec des coûts d'investissement inférieurs, les startups bien financées devront être ainsi mieux placées pour affronter la concurrence internationale.
Changement de paradigme propice au développement de startups
Au delà des possibilités techniques offertes par ce type de plate-forme, cette innovation représente un changement de paradigme dans l’industrie automobile.
En effet, un tel véhicule ne devrait plus être vendu à des particuliers, mais à des prestataires de services de mobilité dont le modèle économique va du covoiturage à la logistique.
Selon ce concept, le véhicule ne sera plus vendu, mais sera uniquement proposé à la location. Ou commercialisé par le constructeur dans le cadre de prestations de services.
Le logiciel : élément majeur et différenciant
Si la fourniture du véhicule et de l'ensemble modulaire est une chose, le logiciel associé au véhicule semble désormais beaucoup plus d'importance.
D'autant plus que la voiture ne pourra logiquement pas être utilisée sans le logiciel. Lequel devient l'élément structurant des véhicules et des modèles économiques associés.
À l'avenir, les ventes seront principalement augmentées par les services et les logiciels associés. Le modèle capitalistique lié aux plates-formes s’introduisant alors également au sein de l’industrie automobile.
Sources : Gründerszene, NGIN Mobility, dondahlmann.de , elektroauto-news.net
Image: AEV Robotic