José Munoz part de Nissan : démission … ou purge ?
par Elisabeth Studer

José Munoz part de Nissan : démission … ou purge ?

On nous disait José Munoz en congés, c'est désormais officiel : l'ancien dirigeant de Nissan, proche de Carlos Ghosn est démissionnaire.

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On nous disait José Munoz en congés, c'est désormais officiel : l'ancien dirigeant de Nissan, proche de Carlos Ghosn est démissionnaire.

Alors que certains évoquaient d'ores et déjà une possible mise à l'écart d'un homme jugé parfois un peu trop proche de l'ancien PDG de Nissan, certains medias anglo-saxons émettent l'idée qu'il pourrait s'agir d'une purge. D'autant plus qu'un autre dirigeant du constructeur a également été placé en congés quelque peu forcés.

Démission de José Munoz

Un porte-parole du gourpe Nissan a ainsi indiqué vendredi dans un mail adressé aux agences de presse que  José Munoz, haut dirigeant de Nissan avait démissionné.

Dans un message adressé à ses collègues obtenu par Automotive News, José Munoz a déclaré qu'il avait décidé de quitter la compagnie après «une période de réflexion sérieuse».

Un porte-parole de Nissan a alors confirmé la démission de Munoz, affirmant que celle-ci serait effective immédiatement.

Le directeur général des performances de Nissan et dirigeant des ventes - record - de la société aux États-Unis, quitte ainsi le constructeur automobile japonais alors que le scandale entourant Carlos Ghosn, s'élargit.

Précisons qu'il a notamment a dirigé les opérations nord-américaines du groupe entre 2014 et 2018.

Elargissement de l'enquête sur des décisions prises par José Munoz

Cette annonce fait suite à une information de Reuters affirmant que le constructeur japonais s’intéressait à des décisions prises aux Etats-Unis par ce proche de Carlos Ghosn. Nissan élargissant ainsi son enquête sur les soupçons de malversations financières ayant conduit à la mise en détention du patron de Renault.

Selon des sources proches du dossier, le constructeur japonais aurait élargi son enquête interne à des transactions qui ont eu lieu aux Etats-Unis, en Inde et en Amérique latine.

Si José Munoz serait qualifié de “personne d’intérêt” de l’enquête, difficile toutefois de déterminer à ce stade s'il pourrait être accusé d'actes répréhensibles. Certaines questions qui lui seraient posées

seraient en lien avec les droits des concessionnaires franchisés. D’autres seraient relatives à des contrats avec des fournisseurs de pièces et des prestataires de services.

Dans un message posté vendredi sur Linkedin, José Munoz s'est dit prêt à continuer à assister Nissan dans son enquête.

José Munoz annoncé tout d'abord en congés pour se concentrer sur des tâches spéciales

Dans un communiqué diffusé samedi 5 janvier, Nissan avait indiqué que José Munoz avait pris un congé. Un porte-parole du constructeur a précisé à la suite que le dirigeant avait pris ce congé pour « lui permettre de soutenir l’entreprise en se concentrant sur des tâches spéciales résultant des événements récents ».

L’annonce du congé du directeur de la performance de Nissan intervenait juste avant la comparution de Carlos Ghosn devant un tribunal japonais. Placé en détention au Japon depuis le 19 novembre dernier, l’ancien PDG de Nissan est soupçonné de malversations financières.

Munoz, proche de Ghosn et adversaire de Saikawa  ?

José Munoz, est considéré par de nombreuses personnes comme un proche allié de Carlos Ghosn. Après avoir rejoint Nissan en 2004 en Europe, il a piloté l’expansion du constructeur en Amérique du Nord après la crise financière de 2008.

Selon le Wall Street Journal, José Munoz serait si proche de Ghosn  … qu’il aurait été vu comme un possible successeur de Hiroto Saikawa.

Début décembre, le WSJ affirmait ainsi que selon des sources proches des discussions internes chez Nissan, certains membres du constructeur japonais voyaient José Munoz comme un potentiel candidat au poste de Hiroto Saikawa.

Jusqu’à la fin de l’année 2017, José Munoz était à la tête des opérations de Nissan en Amérique du Nord et a dirigé la campagne visant à accroître la part de marché du constructeur aux États-Unis. En mars 2018, José Munoz a été nommé responsable des opérations en Chine et est resté responsable de la performance de Nissan.

Cependant, ces derniers mois, Hiroto Saikawa aurait reproché à José Munoz la baisse de la rentabilité de Nissan observée aux États-Unis.

Pour Les Echos, cela ne fait même aucun doute. « Nissan semble décidé à nettoyer au plus vite le groupe de l’influence et des  réseaux » de Ghosn  affirmait alors le journal, suite au congé pour le moins soudain de José Munoz. Déclarant que Nissan écartait ainsi « les proches » du PDG de Renault.

Affaire Ghosn : onde de choc au sein de Nissan

L’évolution de la situation montre à quel point le scandale de plus en plus profond concernant Ghosn se répercute sur les opérations de Nissan dans le monde entier.

Le senior vice-président Arun Bajaj, responsable des Ressources Humaines chez Nissan, et chargé du développement des talents au sein de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, est également en congé du constructeur.  Selon une source proche du dossier,  Bajaj coopère avec les procureurs japonais dans leur enquête sur Ghosn.

Démission ou purge ?

Un initié au sein de Nissan a qualifié la mise à l'écart de Munoz et de Bajaj de "purge" des dirigeants de l'ère Ghosn. Il est vrai que les raisons du départ de Munoz - et de sa démission qui a suivi - ne sont pas claires.

Deux personnes proches du dossier ont déclaré que José Munoz ne coopérait pas suffisamment avec l’enquête de Nissan au sujet de Ghosn. Une source a par ailleurs déclaré que Nissan s'interrogeait également sur le rôle de Munoz dans l'attribution des contrats fournisseurs, notamment avec un fabricant de pièces au Mexique.

Munoz, originaire d’Espagne, ne serait pas rentré au Japon depuis son départ du pays fin novembre, peu après l’arrestation de Ghosn. Redoutant d'être mis en détention comme l'ancien PDG de Nissan ?

Alors que Munoz devait dévoiler la nouvelle Leaf le 9 janvier au CES de Las Vegas, Nissan lui aurait demandé de rester en dehors de ses activités professionnelles, selon une personne proche du dossier.

L’ancien dirigeant de Nissan n’aurait appris que vendredi que des personnes internes au constructeur lui reprochaient de ne pas avoir coopéré à l’enquête Ghosn. Estimant "décevant d'entendre » de telles accusations", il considère que de telles reproches ne sont pas cohérents avec le généreux pack compensatoire qu'il a laissé sur la table. Laissant ainsi entendre qu'une coquette somme lui aurait été proposée pour partir. Chose qui ne lui aurait pas été offerte si son comportement avait été jugé répréhensible.

Sources : Reuters, Nissan, Automotive News, Wall Street Journal, Les Echos

Crédit Illustration : Nissan

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