Détention prolongée jusqu'au 11 janvier
Le tribunal de district de Tokyo a en effet annoncé lundi, à quelques heures de la nouvelle année la prolongation de dix jours du maintien en décision de Carlos Ghosn, soit jusqu'au 11 janvier prochain. La précédente période de détention de 10 jours arrivant à échéance au 31 décembre. L’ex-président de Nissan va ainsi rester au centre de détention de Kosuge en vue de poursuivre les interrogatoires sur les accusations d’abus de confiance aggravé.
Suite à cette décision de justice, un porte-parole de Nissan a déclaré que le groupe n'était pas en position de faire un commentaire. Ajoutant seulement que l'enquête de la société était en cours et que « son champ d'action » continuait « de s'élargir".
Rappelons que le dirigeant est incarcéré depuis le 19 novembre dernier au Japon, arrêté à sa descente d'avion, soupçonné de malversations financières au sein de Nissan. Egalement accusé d'abus de confiance aggravé, celui qui demeure le patron de Renault nie toutefois en bloc les faits qui lui sont reprochés.
Défaut de communication de l'intégralité de ses revenus
Le 10 décembre dernier, à l'issue d'une première période de détention, Carlos Ghosn a été dans un premier temps inculpé pour n'avoir pas déclaré l'intégralité de sa rémunération chez Nissan de 2010 à 2015. L'enquête a été élargie à cette même date aux trois années suivantes, ouvrant la voie à une nouvelle mise en détention, dans le cadre de ce nouveau volet du dossier.
Même s'il a été évincé dès novembre par le constructeur japonais, Carlos Ghosn demeure néanmoins à l'heure actuelle membre de fait du conseil d'administration de Nissan. Sa révocation nécessitant l'approbation des actionnaires.
Ghosn accusé de confondre compte personnel et comptes de Nissan
Le 21 décembre, Carlos Ghosn a de nouveau été placé en état d'arrestation sur la base de nouvelles accusations. Il est ainsi accusé d'avoir illégalement intégré dans les comptes de Nissan des pertes de 1,85 milliard de yens (14,6 millions d'euros) liés à des investissements personnels. Il s'agit de pertes sur des dérivés de devises enregistrées par le dirigeant durant la crise financière 2008.
Pour faire face à ces difficultés financières et tenter de répondre aux exigences de garantie de la banque Shinsei gérant alors ses affaires, Carlos Ghosn s'était alors tourné
vers un ami et homme d’affaires saoudien, Khaled Al-Juffali, en vue d'obtenir une aide financière. Ce dernier, étant vice-président du – puissant - groupe E.A. Juffali & Brothers et président de Nissan Gulf, une coentreprise créée en octobre 2008 par Nissan en vue de soutenir ses activités de vente et de marketing en Arabie saoudite, à Abou Dhabi, au Koweït et à Barheïn.
Entre 2009 et 2012, 14,7 millions de dollars (12,8 millions d’euros) prélevés sur une « réserve du PDG » établie par Nissan, ont été transférés par la suite sur un compte bancaire de Nissan Gulf. Une somme quasi-équivalente aux pertes enregistrées par Carlos Ghosn qu'il est accusé d'avoir intégré à tort dans les comptes de Nissan. Les procureurs de Tokyo soupçonnent ainsi que ces versements ne soient ni plus ni moins qu'un retour d'ascenseur destiné à remercier Khaled Al-Juffali de son aide. Aux frais de Nissan ….
Sources : Reuters, AFP