Proposition de loi contre l'entrée en vigueur du 80 km / h
La sénatrice de l'Ain Sylvie Goy-Chavent avait déposé cette proposition de loi, co-signée par une centaine de ses collègues, en vue de remédier à l'entrée en vigueur au 1er juillet 2018 de la limitation à 80 km/h de la vitesse sur les routes secondaires. Laquelle a entraîné moult réactions. Certains affirmant notamment qu'une telle mesure avait plus des objectifs financiers que sécuritaires, les amendes permettant de renflouer les caisses de l'Etat, ce que le gouvernement a toujours démenti.
La proposition de loi a été rejetée en première lecture par 260 voix (LR, PS, LREM, CRCE à majorité communiste) contre 84 (centristes, majorité du groupe RDSE, Indépendants).
Nécessité du permis dans les zones rurales et péri-urbaines
Mme Goy-Chavent a de nouveau dénoncé mercredi la limitation à 80 km/h comme étant "une décision de statisticiens et de technocrates".
Selon elle, l'aménagement du permis à points "serait une compensation sur un choix gouvernemental que les conducteurs estiment injuste". "En zone rurale ou péri-urbaine (...) le permis de conduire est une nécessité, sans permis de conduire, vous êtes socialement mort", a-t-elle plaidé.
Certes, mais les routes départementales sont souvent plus dangereuses que les autoroutes. Ne mélangeons pas les sujets : le problème des transports dans les zones rurales et le danger dû à des automobilistes en peu trop à cheval avec les règles. Lesquelles ne sont faites pour faire plaisir aux gendarmes mais pour garantir une certaine sécurité sur la route. Au lieu d'être plus souple sur le permis à points, il conviendrait plus largement de réfléchir à de nouvelles solutions de transports dans les endroits éloignés des grandes métropoles et souvent mal desservis par les transports en commun.
Macron pourrait assouplir la mesure
Sous la pression des Gilets jaunes, Emmanuel Macron et Christophe Castaner, le ministre d' l'Intérieur, semblent toutefois prêts à lâcher du lest.
Lors de l'ouverture du Grand Débat, le Chef de l'Etat amorcé un recul sur les 80 km/h, se disant prêt à des exceptions locales.
Mesure contre-productive, à l'utilité incertaine voire dangereuse ?
Le rapporteur PS de la commission des Lois Jean-Luc Fichet a jugé quant à lui "d'autant plus" souhaitable de "surseoir à légiférer" sur une mesure "à l'utilité incertaine". Estimant même et qu'elle pourrait avoir "un impact négatif" en matière de sécurité routière.
"On ne répond pas à une mesure contre-productive par une autre mesure qui pourrait être contre-productive", a affirmé l'un des plus fervents opposants aux 80 km/h, Michel Raison (LR). "Quand j'ai un caillou dans ma chaussure, je ne prends pas du paracétamol parce que j'ai mal au pied, j'enlève ma chaussure et je retire le caillou", a-t-il expliqué, affirmant que "la seule mesure est que le gouvernement revienne à la sagesse" sur les 80 km/h.
Elisabeth Studer avec AFP