Alors qu'Emmanuel Macron vient d'annoncer que le coût du permis de conduire allait baisser de manière drastique, si les futurs élèves sont certes ravis (mais tout de même un peu sceptiques), les professionnels s'alarment d'ores et déjà d'une telle mesure. Certains affirmant ni plus ni moins qu'il s'agit d'une véritable déclaration de guerre.
Des mesures en faveur des jeunes
Lors d'un déplacement dans le Pas-de-Calais, le chef de l'Etat a ainsi annoncé plusieurs mesures en faveur de la jeunesse. Au delà d'une baisse phénoménale du prix du permis, les délais d'obtention devraient - nous dit-on – être diminués.
Emmanuel Macron a également déclaré que le gouvernement allait « aider à l'acquisition du premier véhicule ». Le code devrait quant à lui être intégré « à la partie scolaire ».
Des mesures qui devraient être intégrées au projet de loi d'orientation des mobilités. Fin octobre, la ministre des Transports, Élisabeth Borne avait indiqué que ce projet de loi actuellement examiné par le Conseil d'État devrait être présenté fin novembre au conseil des ministres.
Une annonce inquiétante si elle est fiable
Les trois organisations professionnelles de l'éducation routière CNPA-Éducation routière (majoritaire), Union nationale intersyndicale des enseignants de la conduite (Unidec) et Union nationale des indépendants de la conduite (Unic) ne l'entendent pas vraiment de la sorte, et devraient discuter rapidement d'une éventuelle réponse à apporter au Président.
Passé l'effet de surprise suscité par une telle annonce, les professionnels s'interrogent désormais sur la fiabilité à accorder aux propos d'Emmanuel Macron … « Si cette annonce est raisonnée et vraie, nous sommes inquiets », vient ainsi d'affirmer Richard Zimmer, vice-président du CNPA-Éducation routière.
Selon lui, s'il est certes « populaire et facile d'annoncer » que l'apprentissage du code va être réalisé à l'école, et qui plus est gratuitement, l'aspect sécurité a été écarté pour ne voir au final que l'aspect financier. Or, tient-il à rappeler, « le permis n'est pas un bien de consommation », il est en effet question de « sécurité routière », il s'agit bien d'une formation, mettant en jeu la vie des gens.
Mission parlementaire en cours sur la qualité de la formation au permis
Autre point d'interrogation : Richard Zimmer a tenu à rappeler l'existence d'une mission parlementaire sur la qualité de la formation au permis de conduire. Laquelle doit rendre son rapport mi-décembre . Laissant entendre à demi-mots que soit Emmanuel Macron semble n'en avoir que faire … soit il ne serait pas au courant. Serait-il même capable d'annoncer de telles mesures sans avoir finement préparé le dossier ?
« Les auditions sont en cours, donc si on annonce les résultats avant le rapport, c'est une méthode étonnante », a déploré quant à lui le président de l'Unidec Patrick Mirouse. Qui considère que ce projet est « une très mauvaise idée ».
D'autres leviers possibles
Selon l'Unidec, le prix du code est loin d'être l'élément financier le plus impactant. Son patron, Patrick Mirouse estime qu'il faut au contraire agir sur le volet pratique et que d'autres leviers existent.
Une de ses suggestions : supprimer la TVA, ce qui permettrait de gagner de l'ordre de 400 euros par formation. Un pied de nez au gouvernement pour rappeler que sur les frais engagés par l'élève …. 400 euros vont donc directement dans la poche de l'Etat sous formes de taxes. A rapprocher de la polémique concernant la hausse des prix à la pompe.
Une annonce populiste ?
Si l'Unidec fait ainsi une allusion discrète à l'ensemble des ponctions fiscales opérées sur les automobilistes, le président de l'Unic Philippe Colombani, n'y va pas par quatre chemins. Se déclarant sceptique et inquiet, il voit dans les propos du Président une « annonce populiste » destinée à montrer que le gouvernement « agit pour le pouvoir d'achat, après les polémiques sur le gasoil. Selon lui, il ne s'agit ni plus ni moins qu' »une déclaration de guerre ».
Le code de la route à l'école : vieux serpent de mer
Autre sujet de désaccord entre Emmanuel Macron et Unic : l'apprentissage du code de la route à l'école. Selon lui, il s'agit d'un « serpent de mer qui revient régulièrement ». Un projet qui toutefois a déjà été retoqué par l'Éducation nationale elle-même.
Mais au final, la question demeure : comment va -t-on organiser tout cela ? Qui payera ? Sur quel budget les cours seront-ils financés ? Car selon le président de l'Unic, les professeurs ne disposent pas à l'heure actuelle de la compétence et des connaissances nécessaires pour l'enseignement du code de la route.
Le souhait d'Emmanuel Macron serait-il donc que les professionnels de la conduite interviennent dans les écoles ? Mais dans quel cadre ? Comment sera réalisée la sélection des prestataires ? Via appels d'offres ? En totale transparence et concurrence ? Et comment seront-ils rémunérés ? Sur quel budget .... et avec quel financement ? Des taxes et des impôts ? .... une hausse des prix à la pompe ? ....
Sources : AFP, Unic, Unidec, CNPA-Éducation routière