L'huile de palme  bannie : vers un report sur le soja juge Matignon
par Elisabeth Studer

L'huile de palme  bannie : vers un report sur le soja juge Matignon

Après le vote vendredi dernier par l'Assemblée d'un amendement excluant l'huile de palme de la liste des biocarburants, le gouvernement réagit. Son porte-parole, Benjamin Griveaux a en effet jugé le texte "totalement contre-productif".

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Un amendement approuvé sur le fil du rasoir

Précisons que cet amendement déposé par le député du MoDem Bruno Millienne avait d'ores et déjà fait l'objet d'une désapprobation du gouvernement et du rapporteur général. Le texte a été adopté in extremis, recevant l'appui de tous les groupes d'opposition mais également de cinq députés LREM.

La réduction sur la Taxe générale sur les activités polluantes (TAGP) désormais inapplicable

En étant exclue de la liste des biocarburants l'huile de palme ne devrait donc plus désormais permettre de bénéficier d'une réduction sur la Taxe générale sur les activités polluantes (TAGP). Si cette mesure a été saluée par les organisations écologistes, elle est loin d'obtenir les faveurs des industriels, parmi lesquels figurent au premier rang le géant pétrolier français Total. Lesquels devraient très rapidement trouver une alternative pour contourner le problème et poursuivre leurs activités dans le domaine.

Vers un report du problème sur d'autres matières premières ?

S'exprimant lundi sur BFMTV, Benjamin Griveaux a certes admis que « l'intention de Bruno Millienne » était extrêmement louable mais a néanmoins estimé que cet amendement était d'un effet « totalement contre-productif ». Il s'attend en effet à ce que cette mesure provoque un report du problème sur le soja. Selon lui, une telle situation serait de nature à provoque une déforestation encore plus massive que dans le cas de l'huile de palme.

Colère des signataires de l'amendement contre l'avis défavorable du gouvernement

Les signataires de l'amendement ont quant à eux très peu appréciés l’avis défavorable émis par le gouvernement et le rapporteur du projet de loi. Les députés MoDem Bruno Millienne et Jean-Louis Bourlanges ont ainsi fait part de leur "colère", ne comprenant pas pourquoi "quand on veut faire du carburant propre en France, on garde l’huile de palme" qui est "plus nocive que l’essence" alors qu’ "on se bat pour expliquer pourquoi on fait la transition énergétique".

Plan global du gouvernement sur la déforestation

Souhaitant démontrer que le gouvernement oeuvrait - dans le bon sens - dans ce domaine, le porte-parole du gouvernement a mis en avant les travaux menés actuellement en vue d'élaborer un plan global sur la déforestation. Précisant que ce dernier réalisé dans le cadre de la «  Stratégie Nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) » avait été présenté la semaine dernière par François de Rugy, le nouveau ministre de l'Ecologie.

« Plutôt que de s'intéresser à un petit amendement d'un vendredi soir, je vous propose de regarder le plan global", est allé même jusqu'à déclarer Benjamin Griveaux.

Pour lui, l'huile de palme n'est pas la seule matière première agricole pour laquelle se pose la question d'une éventuelle introduction dans la liste des biocarburants. Y figureraient également le cacao, l'hévéa et le soja.

« L'objectif c'est zéro importation de produits qui génèrent de la déforestation en 2030", a par ailleurs martelé Benjamin Griveaux.

La bio-raffinerie de Total à La Mède : entre emplois et déforestation

Le porte-parole a également tenu à souligner les enjeux économiques et sociaux liés au dossier. Prenant pour exemple la bio-raffinerie de Total à La Mède (Bouches-du-Rhône), site dont l'activité controversée devrait permettre la création de 250 emplois. Le site devrait démarrer sa production dès 2019 …. et importer jusqu’à 300 000 tonnes par an d’huile de palme  certifiée durable.

"Ce n'est pas de gaieté de cœur que j'ai autorisé la raffinerie  de la Mède à rouvrir. L'avenir n'appartient pas à l'huile de palme" avait déclaré Nicolas Hulot, sur Europe 1  en mai 2018.

Celui qui était encore alors Ministre de l'Ecologie a en effet hérité du dossier, négocié fin 2015, sous la présidence de François Hollande, entre Total, la raffinerie de La Mède et l’État. A cette date, le site, qui produisait de l’essence à partir de produits pétroliers, affichait un déficit chronique. Pour éviter la fermeture de la plateforme et préserver l'emploi de 250 personnes, l’État a accepté le projet de reconversion en bio-raffinerie proposé par Total.

Sources : AFP, BFM TV , Europe 1

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Pour résumer

Après le vote vendredi dernier par l'Assemblée d'un amendement excluant l'huile de palme de la liste des biocarburants, le gouvernement réagit. Son porte-parole, Benjamin Griveaux a en effet jugé le texte "totalement contre-productif".

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