Après avoir mené des manifestations dans toute la France le 17 novembre, les Gilets jaunes passent désormais à un cran supérieur. Espérant que leurs actions fassent enfin réagir Emmanuel Macron - muet sur le sujet, en dehors de ses propos indiquant qu'il réagirait au moment voulu – et que le gouvernement revoit sa copie sur sur sa politique fiscale. Ils veulent désormais « monter à Paris ».
Une telle action fait appel à de nombreux symboles dans l'esprit des Français. Mêlant à la fois les notions des habitants des villes et ceux des zones plus rurales, de la capitale des riches opposée aux communes des pauvres, reprenant également des termes proches de ceux utilisés lors de la Révolution Française.
Il est vrai que le spectacle d'un Président muré à l'Elysée n'arrange rien à l'affaire. Espérons aussi que le 24 novembre, Emmanuel Macron n'ait pas prévu de passer le week-end à la Lanterne, pavillon de chasse situé à Versailles, utilisé comme résidence d'État, la portée symbolique de telles actions serait alors à son paroxysme.
Acte 2 de la mobilisation le 24 novembre
Après avoir mobilisé plus de 280 000 personnes, samedi- selon les chiffres officielles, les Gilets jaunes prévoient désormais '"l'acte 2" de leur mobilisation : un rassemblement de "toute la France", samedi 24 novembre, place de la Concorde Paris.
L'événement, créé sur Facebook par Eric Drouet - un camionneur de Seine-et-Marne faisant partie des instigateurs du mouvement - affichait dès lundi matin plus de 20 000 participants et plus de 150 000 personnes intéressées.
Les Gilets jaunes appellent ainsi à « mettre un coup de grâce », exhortant tous leurs soutiens et sympathisants à monter sur Paris, « par tous les moyens possibles (covoiturage , train ,bus, etc....)". Insistant : « nous attendons tout le monde, camion bus taxi VTC agriculteurs etc. Tout le monde !!!!!!".
Debout la France exhorte à bloquer Paris
La capitale est désormais la cible à atteindre. Franck Buhler, responsable dans le Tarn-et-Garonne du parti Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan dans le Tarn-et-Garonne et l’un des initiateurs du mouvement, a également lancé dimanche un appel sur Facebook pour mener de nouvelles actions de blocages samedi 24 novembre, à Paris.
« Vous devez tous, à pied, à cheval et en voiture parcourir la totalité des rues de Paris. Répartissez-vous dans toute la ville » a-t-il lancé sur sa page « Frank Buhler - Blog politique - Patriosphère Infos ».
Son slogan : « le 24 novembre, c’est Paris bloqué, le 24 novembre, c’est Paris ville morte ».
De quoi fortement inquiéter les commerçants et entreprises pour lesquels cette journée représente une part importante de leurs chiffres d'affaires annuels, à quelques semaines de Noël. Mais les entrepreneurs ne sont pas les seuls affectés : figurent aussi sur la liste tous les vendeurs, commerciaux et autres métiers dont la rémunération est en grande partie fonction du chiffre d'affaires ....
Le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l’Intérieur rappelle la loi
Premier effet « positif » de ces deux annonces si l'on peut dire : il aura au moins permis de faire réagir le gouvernement …
Laurent Nuñez, le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, a ainsi indiqué lundi sur C News que les organisateurs ne pouvaient pas « appeler, comme ça, à une manifestation place de la Concorde ».
Alors que le mouvement des Gilets jaunes fait le plus souvent fi des procédures légales d'autorisations de manifestations en Préfecture et des règles – parfois élémentaires - de sécurité routière, Laurent Nuñez a tenu à préciser que la place de la Concorde relevait de la compétence de la préfecture de police. « On doit déclarer une manifestation dans Paris », a-t-il ajouté. Assurant que le cas échéant le préfet de police examinerait le projet.
Mais les Gilets jaunes ne devraient se faire aucune illusion. La réponse semble couler d'elle-même pour le secrétaire d'Etat. Ce dernier a en effet tenu à préciser que des manifestations peuvent être parfois interdites. « Je ne pense pas que la Concorde se prête à un encadrement serein » a -t-il déclaré en guise de conclusion.
Sources : AFP, DDM, Ouest France
Crédit Illustration : Gilets jaunes