S’étant reconverti avec brio dans le sport paralympique, avec plusieurs médailles d’or à la clé, Zanardi n’a jamais vraiment raccroché le volant, trouvant avec BMW un partenaire de choix pour lui proposer des voitures de course adaptées à son handicap. Après avoir disputé le WTCC au milieu des années 2000, Zanardi a fait une apparition remarquée en DTM cette année à Misano, décrochant une formidable 5ème place dans la course 2 avec une BMW M4.
L’italien s’est lancé un nouveau défi : participer aux prochaines 24 heures de Daytona dans la catégorie GTLM, toujours avec BMW. Pour ce faire, Zanardi a effectué cette semaine trois jours de tests à bord de la M8 GTE sur le circuit de Miramas, à quelques dizaines de kilomètres de Marseille. Le circuit, qui propose à la fois une piste ovale et des tracés sinueux, est la propriété du constructeur bavarois et d’ailleurs BMW Williams y réalisait des essais privés au début des années 2000.
Des contraintes spécifiques à surmonter
Le natif de Bologne a parcouru 700 kilomètres malgré une météo très défavorable. « Miramas n’est pas un circuit facile à négocier, ce fut un vrai défi d’apprendre le comportement de l’auto et la piste en simultané. Mes sensations se sont vites améliorées et j’ai rapidement compris comment je peux contrôler l’électronique de la M8 GTE avec mes mains. »
La M8 GTE utilisée à Miramas est équipée d’un système similaire à celui utilisé en DTM pour permettre à Zanardi de la piloter : il contrôle le freinage du bras droit à l’aide d’un levier fixé sur la console centrale et doté d’un bouton de rétrogradage, tandis que le volant est équipé d’un système de palettes pour le changement de vitesses et surtout d’un anneau, fixé derrière le volant, pour gérer l’accélération. Zanardi gère donc la course de l’accélérateur en tirant vers lui le cercle ou en le relâchant.
Outre le besoin de valider les modifications de la M8, l’autre objectif de ces essais était de tester les changements de pilotes, inhérents à l’Endurance, mais bien plus complexes à exécuter avec un pilote privé de ses jambes. Le changement de pilote nécessite notamment un changement de volant, pour que les autres membres de l’équipage puissent installer le système de pilotage conventionnel auquel ils sont habitués. Un autre pilote officiel BMW, Jesse Krohn, était donc présent pour régler la procédure. Zanardi explique justement les difficultés à surmonter :
« Ce que nous avons accompli est impressionnant » a souligné Alex Zanardi. « Il ne faut pas oublier que, outre le changement de pilote habituel, nous devons également changer le volant pour redonner des commandes "classiques" à mes coéquipiers. Or, nous avons systématiquement atteint cet objectif en moins de 20 secondes, et à quelques reprises, nous avons même réussi le changement pilote et volant en environ 15 secondes. Lorsque vous observez la rapidité avec laquelle un pilote "normal" comme Jesse saute de la voiture, la situation est un peu différente quand c'est quelqu'un comme moi qui doit sortir. Je dois détacher mon harnais, retirer le volant, le donner à quelqu'un de l'équipe et sauter hors de la voiture ; le tout en moins de trois secondes. Puis je dois me retourner et pendant que Jesse s'installe dans l'auto, fixer mes jambes artificielles et ensuite aider Jesse à connecter la radio et son harnais, lui passer l’autre volant, fermer le filet et quitter ! Ça ressemble un peu à une danse, que nous allons maintenant continuer à perfectionner à Daytona »
Alex Zanardi peut compter sur le soutien de BMW, qui ne cache pas son immense respect pour ce champion d’exception. On peut lire sur le compte twitter de BMW Motorsport « Il n’y a aucune limite à son ambition ». L’italien peut également compter sur le soutien de la FIA, qui a récemment instauré une commission dédiée à l’intégration des pilotes handicapés en compétition, d’où la présence à Miramas de Nathalie McGloin, présidente de ladite commission.
Images : BMW Motorsport
Sources : BMW Motorsport et Italracing.net