25 ans déjà : Adélaïde 1993, la fin d'une époque
par Nicolas Anderbegani

25 ans déjà : Adélaïde 1993, la fin d'une époque

Adélaïde, 7 novembre 1993. Après une course dominée de bout en bout, Ayrton Senna franchit la ligne en vainqueur, remportant son 41e succès en Grand Prix. Personne ne s’en doute évidemment, mais c’est sa dernière victoire, et même son dernier podium.

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Derrière, Alain Prost termine 2e de son 199e et ultime Grand Prix. A Estoril, quelques semaines plus tôt, le professeur avait annoncé sa retraite. Titré une 4ème fois avec Williams-Renault, Alain Prost estimait n’avoir plus rien à prouver après avoir réussi son comeback. Surtout, il avait été usé par les manœuvres politiques de la FIA visant à freiner la domination de son équipe et par les tensions avec la presse française. La « politique » de la F1 l’avait dégoûté.

Pour une dernière fois donc, Ayrton Senna et Alain Prost se retrouvent sur un podium. Une situation qu’ils ont vécu à… 41 reprises – coïncidence des chiffres- mais qui s’était souvent traduite par un froid glacial. Le premier, c’était le fameux Grand prix de Monaco 1984 disputé sous une pluie diluvienne, que Prost avait remporté in extremis après l’interruption de la course, alors que Senna, sur sa modeste Toleman, remontait sur lui comme une flèche. Leur premier podium commun avait donc eu un parfum de polémique, le brésilien hurlant à la victoire volée. Un présage pour la suite !

« Cordiale » et respectueuse en 1988, la relation Prost-Senna avait dégénéré à partir de 1989 : la hache de guerre avait été déterrée à Imola après l’affaire du pacte de non-agression rompu lors du 2e départ de la course. Sur ce podium-là, Prost, 2e derrière Senna, avait refusé de sabler le champagne. On connaît bien la suite : la guerre psychologique et la guerre des mots, l’accrochage de Suzuka de 1989 et la disqualification de Senna, l’accrochage délibéré de Suzuka en 1990, etc. En 1993 aussi, les attaques à fleurets mouchetés avait repris de plus belle : à Donington, non content d’avoir donné une leçon sur la piste à Prost, Senna avait malicieusement humilié le Français en conférence de presse, en lui proposant, suite aux complaintes de Prost sur sa monture, de les échanger. Sur le podium de Suzuka, précédant l’ultime duel d’Adélaïde, l’ambiance était restée gelée, ce qui avait même incité Mika Hakkinen, sur la 3e marche, à plaisanter pour essayer de détendre l’atmosphère. Prost et Senna avaient convenu d'un geste de réconciliation et le français  s'attendait à un geste du Senna au Japon, mais il avait compris que le premier pas viendrait du brésilien.

A Adélaïde, une fois les pilotes garés dans le parc fermé, les images filment les coulisses : Senna sort de sa McLaren, chaleureusement félicité par Ron Dennis. Après 6 saisons d'anthologie, le brésilien achevait son aventure avec McLaren pour prendre la place de Prost chez Williams en 1994. Puis vient le tour de Prost de garer sa Williams et de sortir de sa voiture. Les deux hommes feignent de s’ignorer, s’hydratent, se frictionnent indéfiniment leurs cheveux trempés de sueur, Prost s’attarde à scruter l’arrière de sa Williams. Comme s’ils hésitaient…Ron Dennis vient aussi féliciter le français. Et puis soudain, alors que les pilotes sont conviés à monter sur le podium, une poignée de main fugace entre Senna et Prost. Et enfin sur le podium, après les hymnes, le brésilien tire la manche du français pour l’inviter à le rejoindre sur la plus haute marche, devant un public en transe. Lors de la conférence de presse, les deux hommes se saluèrent respectivement. Prost insista sur la nécessité de retenir les bons côtés, les moments glorieux de leur rivalité. Senna avait du mal à contenir son émotion : avec le départ de Prost, c'est aussi une part de lui-même, de sa vie, de sa carrière, qui s'en allait. Senna encaissait mal la décision de son "meilleur ennemi", tant il s'était construit  à travers l'antagonisme avec son rival de toujours. Il demanda encore à Prost le soir du Grand Prix si sa décision était irréfutable et réelle.

Après les années de guerre, l’ultime confrontation se soldait par une superbe réconciliation. Une image forte restée dans les annales.Ce rapprochement sera de nouveau mis en évidence aux Masters Kart de Bercy, puis par une ultime déclaration poignante, le fameux « i miss you Alain » d'Imola, que Senna avait adressé à Prost pendant l'enregistrement de son commentaire audio du circuit pour TF1...deux jours avant le funeste 1er mai 1994.

La fin du duel le plus époustouflant de l’histoire de la F1, la dernière course de Prost, la dernière victoire de Senna, qui partait de McLaren. Oui, Adelaïde 1993 marquait la fin d’une époque. 1994 en ouvrira une autre, bien plus tragiquement.

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Pour résumer

Adélaïde, 7 novembre 1993. Après une course dominée de bout en bout, Ayrton Senna franchit la ligne en vainqueur, remportant son 41e succès en Grand Prix. Personne ne s’en doute évidemment, mais c’est sa dernière victoire, et même son dernier podium.

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