L'avenir de Ford Blanquefort est dans les mains du constructeur. C'est ce qu'il ressort d'une réunion qui s'est tenue cette semaine en préfecture de Bordeaux avec des dirigeants de Punch. Si le plan de reprise de ce dernier a certes été jugé "solide et étayé" par le préfet, des représentants syndicaux et des élus, l'étape primordiale reste à venir : l'acceptation de ce plan
par le constructeur américain.
Les acteurs d'accord sur l'idée d'un plan de reprise
Le plan de reprise de Punch "est viable et sérieux" a jugé Didier Lallement, le préfet de la région Nouvelle-Aquitaine, à l'issue de la réunion. Indiquant que désormais « la balle est dans le camp de Ford".
Fait notable : le préfet a tenu à ajouter – et à rassurer - en indiquant que « l'ensemble des acteurs » était « d'accord sur l'idée d'une reprise » et « qu'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) serait une catastrophe".
Via cette déclaration, Didier Lallement tente de faire réagir – dans le bons sens - Ford. Le constructeur avait lancé une petite bombe la semaine dernière en déclarant qu'il considérait que son plan social était plus sûr pour les salariés que le plan de reprise de Punch Powerglide.
D'où les qualificatifs élogieux employés pour juger de l'intérêt du dossier présenté par le candidat repreneur. Histoire de démonter les arguments de Ford allant à l'encontre du plan de reprise.
L'emploi : un dossier crucial
"Il faut que Ford dise oui" à ce plan, a martelé Philippe Poutou, délégué CGT de l'usine. Affirmant tout haut ce que tout le monde pense tout bas.
Selon le syndicaliste, le constructeur de boîtes de vitesses Punch Powerglide prévoirait que sur près de 850 salariés que compte le site FAI de Blanquefort, 300 à 350 d'entre eux partent en préretraite, 100 à 150 personnes soit transférés chez Getrag Ford Transmissions (GFT Bordeaux). Au final 400 emplois seraient conservés.
Selon Philippe Poutou, Punch serait à revoir certaines dispositions et serait ouvert à la discussion.
Ford doit prendre ses responsabilités
Véronique Ferreira, maire PS de Blanquefort a déclaré quant à elle que Ford devait prendre ses responsabilités. Lesquelles consistent selon elle à « assurer la période de transition au moment de la reprise soit 2 à 3 ans ».
Elle a par ailleurs indiqué que Punch devait encore négocier différents points avec les organisations syndicales.
Plan social plus sûr qu'une reprise pour Ford
Le 16 octobre dernier, Ford a confirmé son refus du plan présenté par Punch Powerglide pour la reprise de l'usine Ford de Blanquefort. Le constructeur américain planifie d'arrêter ses activités fin 2019, mettant sur la sellette l'emploi des 847 salariés de l'entreprise.
"Nous nous sommes engagés depuis plusieurs mois dans des discussions rigoureuses et détaillées avec un acquéreur potentiel qui a agi de bonne foi et de façon constructive pendant tout le cours de ces discussions avec le soutien du gouvernement français. Néanmoins, comparé à un plan social Ford très complet, nous ne pensons pas que le plan de l'acquéreur potentiel offre le niveau de sécurité et protection requis ou limite le risque futur de suppression d'emploi", indiquait Ford dans un communiqué.
Bruno Le Maire en désaccord total avec Ford
Le 15 octobre, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire s'était ouvertement emporté contre Ford. Il avait alors accusé le constructeur américain de préférer fermer son usine de Blanquefort plutôt que de négocier une reprise par le strasbourgeois Punch. Ajoutant être "en désaccord total" avec cette position.
A l'issue d'une réunion à la préfecture de la Gironde avec les représentants des salariés et les élus, Bruno Le Maire avait ainsi révélé que le président de Ford lui avait fait part de son intention de rejeter le repreneur potentiel.
Le ministre avait alors déclaré avec le soutien des élus locaux, dont le maire de Bordeaux Alain Juppé, que les autorités se mobiliseraient pour éviter une telle issue.
Des aides financières
La Région Nouvelle-Aquitaine et Bordeaux-Métropole ont annoncé qu'ils pourraient apporter 12,5 millions d'euros pour soutenir le plan de reprise. Bruno Le Maire a quant à lui indiqué que l'Etat était prêt à investir 5 millions d'euros à Blanquefort, dont 3 millions d’euros pour des mesures de chômage technique et deux millions d’euros pour investir et moderniser le site.
"S'ils pensent qu'ils peuvent mettre la clef sous la porte sans que ni l'Etat, ni les collectivités locales ne réagissent, ils se trompent! Nous allons nous battre et nous ne nous laisserons pas faire", avait lancé le ministre. Ajoutant que la position de Ford était « indéfendable » et que « ce qui indéfendable mérite d'être combattu".
"Rien ne justifie une fermeture sèche", avait-t-il martelé, indiquant qu'il avait alerté le secrétaire au Trésor US Steven Mnuchin et le conseiller économique du président Trump.
Sources : AFP, Reuters, Ford
Crédit Illustration : Syndicat Ford Blanquefort