Donald Panoz est le fils d'un immigré italien (Eugenio Panunzio) originaire des Abruzzes. Il naît à Alliance dans l'Ohio le 13 février 1935 et poursuit des études militaires à l'école Greenbrier à Lewisburg, West Virginia (devenue depuis une école d'ostéopathie). Il y rencontre sa future femme Nancy et tous les deux s'établissent à Pittsburgh.
Don Panoz y ouvre deux pharmacies et reprend des études de commerce. Il co-fonde Mylan Pharmaceuticals en 1961. Il quitte la société en 1969 quand son cofondateur Milan Puskar refuse de commercialiser un patch trans-dermique de sa conception (les fameux patchs à la nicotine). Don Panoz part alors en Irlande et fonde son propre laboratoire, Elan corporation. Don Panoz fera fortune avec cette société.
Passionné de sport auto et fin businessman
La partie la plus connue des fans de sport automobile, c'est Panoz Auto Development. Dan, le fils de Don Panoz rachète en 1990 les droits d'un châssis d'un ancien constructeur irlandais, Thompson Motor Company en faillite. Convaincu par son fils, Don investit dans son affaire.
La production est lancée deux ans plus tard à Atlanta en Géorgie. Ce premier modèle, c'est la Panoz Roadster. Similaire dans l'esprit et le style à la Plymouth Prowler, la Panoz Roadster a un châssis en aluminium, dispose d'un V8 de 5 litres, et est un "roadster à l'américaine". Succès d'estime pour le Roadster qui sera produit à 44 exemplaires.
Son successeur, l'AIV Roadster, se vendra 4 fois plus, toujours selon la même philosophie. Entre temps, Don Panoz estime qu'il faut se lancer dans le sport automobile pour faire de la publicité à la petite marque "100% US". Pour cela, Panoz lance l'Esperante GTR-1, version de route de la voiture d'endurance. L'Esperante fera sensation aux 24 heures du Mans.
Il faut dire qu'il y a de quoi. Son look tout d'abord. Très long capot, pour y loger un énorme V8 de 6 litres en position centrale-avant. Le bruit ensuite qui déchire la nuit sarthoise. La voiture devient vite la favorite des fans des bords de piste. La version de route se contente de 305 chevaux issus de son V8 Ford de 4,6 litres quand la version de course possède un V8 de 6 litres et 640 chevaux. La légèreté de la voiture (1 200 kg) et son côté "rustique" en fond un must have pour les fondus de voiture américaine.
Des voitures devenues des mythes des 24H du Mans
La Panoz Esperante ne sera pas la seule création de Don Panoz en sport automobile. On lui doit aussi l'American Le Mans Series, une école de formation de pilote, et différentes participation dans des championnats de sport auto. Côté voiture, il y aura aussi la barquette Panoz LMP-1 Roadster-S et l'Esperante GT-LM. Cette dernière permettra à Panoz de décrocher une victoire en GT2 aux 24 heures du Mans 2006.
Panoz y reviendra en 2012 avec la Deltawing. Une nouvelle fois, Don Panoz bouscule les code de la course et tente le pari de Ben Bowlby. La voiture "triangle" - un immense diffuseur sans aileron - s'engage dans le cadre du "garage 56". L'aventure s'arrêtera après un accrochage avec une Toyota qui l'enverra dans le mur. Don Panoz est visiblement touché et ne feint pas ses émotions. Il pleure dans le paddock. J'en fus l'un des témoins privilégiés, invité par l'écurie pour l'occasion.
Don Panoz fera évoluer la Deltawing pour en faire un coupé. Il se lancera dans une bataille contre l'ancien partenaire, Nissan qui a débauche Bowlby et lancé sa propre version, électrique, de la Deltawing.
L'Avezzano, retour aux sources
Son dernier fait d'arme, c'est l'Avezzano. La voiture porte le nom de la ville d'origine de son père Eugenio Panunzio. La version de course décroche 6 victoires et 10 podiums en 18 courses lors de sa première saison du Pirelli World Challenge catégorie GTS, en 2017. Le constructeurs manque d'un rien la victoire au championnat constructeur derrière Chevrolet. Il y a 10 jours, Panoz a remporté le titre en Sprint/SprintX et va s'attaquer à la GT avec l'Avezzano. Ainsi, Don Panoz a réussi a remettre Panoz sur le devant de la scène du sport automobile.
Avec la disparition de Don Panoz, c'est l'un des plus grands passionnés de sport automobile qui s'en va.
Panoz continue de commercialiser ses voitures homologuées pour la route. Comptez 160 000 dollars pour une Avezzano, ou une Esperante. Faites entièrement à la main, elles valent certainement chaque dollar de leur prix.
Illustration : T. Emme / Leblogauto.com (Don Panoz au milieu, Pascal Couasnon de Michelin Sport à droite)