La course avait tourné à un duel fratricide entre les deux Toyota TS050 Hybrid. La victoire de Alonso/Buemi/Nakajima a été annulée après les vérifications et c'est Rebellion qui rafle la mise.
Qualifications
La Toyota #7 avait signé la pole, devant la #8 et les deux voitures du SMP Racing, puis les Rebellion. La Dragon Speed (BR Engineering BR1) et la ByKolles (Enso CLM P1/01) fermant la marche des LMP1, 2 secondes derrière. A noter que Bruno Senna a subi un gros accident lors des essais libres (cheville fracturée) et que Rebellion a du reconstruire la #1.
En LMP2, ce sont les deux prototypes du Jackie Chan Racing (Oreca 07) qui prennent la première ligne de la catégorie, devant l'Alpine de Signatech (Alpine A470). Du côté du GTE Pro, Ford chipe d'un souffle la pole à Aston Martin. En GTE Am, c'est Porsche, via le Team Project 1 (première pole en WEC) et le Dempsey-Proton Racing.
Course
Au départ (lancé comme à chaque fois), c'est la foire d'empoigne. Depuis des années on assiste à des départs chaotiques et très disputés comme si le mot endurance n'avait plus son sens à ce moment précis. Ici, ce sont les Rebellion qui en font les frais, ainsi qu'une Ford GT, et quelques autres. Sarrazin sur SMP (BR1) sera jugé responsable du chaos en tête de peloton. Drive Through pour le Français et voilà 3 prétendants à la victoire bien embêtés. Sur 24 heures, ce n'est pas trop gênant, sur 6 c'est plus problématique.
Devant, les Toyota sont comme à la parade. Elles creusent rapidement un écart énorme de près d'une minute en même pas 30 minutes de course ! La SMP #11 (avec Aleshin, Petrov et Button) n'ira pas plus loin que 43 minutes après que son moteur a rendu l'âme. Comme quoi, avoir un AER ne garantit pas de voir l'arrivée (cf. Ginetta vs. Mecachrome).
Dragon Speed et ByKolles connaîtront des pépins un peu plus tard. Mais, ils n'étaient pas vraiment dans le rythme. La ByKolles étant à plus de 5 tours après 1 heure, et la Dragon Speed à 2 tours. Au final, en LMP1, c'est Toyota #7 contre Toyota #8 et Rebellion #1 contre Rebellion #3.
Arrivée
Il a fallu attendre la dernière heure pour voir la Toyota #8 prendre l'ascendant sur la #7. Sinon, elles se sont tenues à quelques secondes l'une de l'autre toute la course. Et plutôt "loin" des Rebellion.
La #8 de Alonso, Buemi, Nakajima l'emporte sur la #7 de Conway, Kobayashi et Lopez. La Rebellion #3 de Beche, Laurent et Menezes complète le podium. La #1 est 4ème devant la #17 du SMP avec Sarrazin et Orudzhev qui ne finit qu'à 27 secondes derrière malgré le drive through.
En LMP2, c'est un doublé du Jackie Chan Racing avec la #38 devant la #37. Les deux voitures ont terminé roue dans roue. L'Alpine Signatech complète le podium de la catégorie, 2 tours derrière.
En GTE Pro, c'est finalement la Ferrari 488 GTE Evo #51 d'AF Corse qui l'emporte devant la Ford GT #67 de Priaulx et Tincknell. La Porsche #91 finit 3ème devant la #92, l'Aston Martin #97 et la BMW #81. Joli panaché des 5 constructeurs ! Merci (ou pas) la BoP. En GTE Am, le Dempsey-Proton Racing l'emporte devant TF Sport et Team Project 1.
Déclassement
Rebondissement dans la nuit anglaise. Après les vérifications techniques, les deux Toyota #7 et #8 ont été déclassées. Les patins situés sous les voitures ont été jugés trop flexibles par rapport au règlement. Chez Toyota, on suppose que les vibreurs ont endommagé des attaches servant à la rigidité. Dura lex, sed lex ! Alonso/Buemi/Nakajima perde le bénéfice de la victoire et ne feront pas le grand chelem cette super saison.
C'est la première victoire d'une écurie privée depuis la création du WEC en 2012 ! Avant, il y a eu la victoire de l'Oreca-Matmut avec une Peugeot 908 HDI privée aux 12 Heures de Sebring 2011. Mais, c'était alors l'ILMC, International Le Mans Cup
Rebellion récupère la victoire sur tapis vert et fait même un doublé. SMP Racing prend la troisième place sur le podium. A noter que la #91 est aussi déclassée en GTE Pro, laissant la #92 prendre le podium.
Ironie de l'histoire, en 2016, Audi avait vu sa R18 #7 être déclassée à Silverstone. Non pas pour une trop grande flexibilité, mais pour une hauteur de patin non conforme. Lotterer, Tréluyer et Fässler avaient perdu sur tapis vert. Cette fois-ci, Lotterer récupère une seconde place grâce à cela. Souvent pointés du doigt, les vibreurs de Silverstone (cette année il y en avait de nouveaux) ont encore frappé.
[Mise à jour 22/08/2018 : Toyota ne faisant pas appel de sa disqualification, le résultat est entériné.]
[pdf-embedder url="https://www.leblogauto.com/wp-content/uploads/2018/08/05_Classification_Race_Hour-6.pdf" title="05_Classification_Race_Hour 6"]
Classements
Résultat de ce déclassement technique ? Resserrement en tête du classement pilote. Le trio Alonso, Buemi et Nakajima compte 65 points, contre désormais 63 pour Beche, Laurent et Menezes. Au niveau constructeurs, Toyota compte 66 points contre 63 à Rebellion. Certains ironiseront en disant que cela donne un peu de suspense (artificiel) à cette saison qui voit l'épouvantail Toyota dominer la discipline.
Position | Pilote | Total points |
1 | Fernando ALONSO | 65 |
1 | Kazuki NAKAJIMA | 65 |
1 | Sébastien BUEMI | 65 |
2 | Gustavo MENEZES | 63 |
2 | Mathias BECHE | 63 |
2 | Thomas LAURENT | 63 |
3 | Jose Maria LOPEZ | 46 |
3 | Kamui KOBAYASHI | 46 |
3 | Mike CONWAY | 46 |
En LMP2, Signatech Alpine conserve la main avec 72 points contre 68 et 61 pour le Jackie Chan Racing. En GTE Pro, Porsche conserve le large bénéfice des 2e et 4e places à Spa et du doublé au Mans. 117 points pour Porsche contre 90 à Ford et 71 à Ferrari. BMW peine pour sa première saison en WEC GTE avec 2 abandons. 27 points pour la firme à l'hélice.
Prochain rendez-vous de la super saison 2018-2019, les 6 heures de Fuji le 14 octobre 2018. A moitié à domicile (le prototype étant développé en Allemagne), Toyota n'aura pas droit à l'erreur.
Illustration : Autowebbb - Eric Fabre