Des ingénieurs moteurs ont quitté le navire VW
Volkswagen vient ainsi d'avertir qu'une pénurie d'ingénieurs entravait ses efforts visant au respect par ses véhicules des nouvelles règles antipollution.
Dégât collatéral du scandale des moteurs truqués : la tricherie des émissions révélée en septembre 2015 a incité des experts moteurs à quitter l'entreprise. Laissant le constructeur à court d'ingénieurs dotés d'une expérience désormais nécessaire pour pouvoir travailler sur des modèles conformes à des tests d'émissions plus strictes. Un constat que le PDG Herbert Diess a été contraint d'afficher au grand jour mercredi.
"L'expertise dans le domaine de développement de moteurs a été perdue ", a ainsi déploré le patron de VW. Ajoutant qu'il était désormais beaucoup plus difficile d'obtenir des moteurs certifiés pour la route suite à la mise en œuvre de la nouvelle procédure de tests WLTP, qui entrera en vigueur dans l'Union européenne à partir de septembre prochain.
Retards de livraison à prévoir
La semaine dernière, Volkswagen a demandé à Markus Duesmann, expert en développement de moteurs chez BMW, de rejoindre VW en vue de résoudre le problème, avertissant d'ores et déjà que les retards dans l'obtention de la certification routière entraîneraient des goulets d'étranglement entre août et octobre.
"Cela a un impact sur l'utilisation de la capacité dans nos usines, il y aura donc des jours de fermeture sur nos sites pendant cette période", a ainsi déclaré M. Diess. Prévenant d'ores et déjà que le respect des objectifs de livraison sera difficile à atteindre, même si le constructeur est très proche de la cible. Reste l'étape incontournable des tests d'émissions …
Des risques majeurs
Pour le patron de VW, une chose est claire : le constructeur sera confronté à une "tache titanesque" durant la seconde moitié de l'année 2018. Il lui sera particulièrement difficile d'atteindre ses objectifs de marge opérationnelle.
Dans une conférence de presse organisée mercredi pour commenter les résultats du deuxième trimestre, Diess a déclaré que le passage à la procédure d'essai WLTP engendrait les risques les plus importants en terme de volume et de profits pour Volkswagen.
Reste que l'introduction des règles WLTP a été accélérée à la suite de la tricherie de Volkswagen sur se véhicules diesel. Herbert Diess a tenu à préciser que les régulateurs examinaient désormais de manière beaucoup plus détaillée les véhicules et testaient les niveaux de pollution des voitures de manière beaucoup plus complète. Examinant notamment le type de pneus équipant le véhicule, ainsi que la mise en marche de la climatisation.
En juin dernier, VW a d'ores et déjà prévenu que la production de 250 000 véhicules serait retardée suite à la mise en œuvre du WLTP. Le mois dernier, le constructeur a déclaré qu'il louerait des places de stationnement pour stocker des véhicules ne pouvant être vendus en l'absence d'homologation.
La résolution des goulets d'étranglement causés par les règles WLTP pourrait coûter plus de 1 milliard d'euros à Volkswagen, a déclaré mercredi le directeur financier Frank Witter.
Sources ; Reuters, VW, Automotive News