Les États-Unis ont été de loin le plus gros marché d'exportation pour la Chine pendant de nombreuses années. Pour cette raison, la guerre commerciale que le président américain Donald Trump mène contre la Chine pourrait bien - au premier abord - saper la croissance de l'économie chinoise. Mais, selon le journal, l'industrie automobile chinoise a peu à perdre et beaucoup plus à gagner de la croisade menée par Trump … mais aussi de la riposte du gouvernement chinois qu'elle a engendrée. Chose que l'administration Trump n'avait probablement pas prévu ou du moins anticipé.
La Chine « riposte » en ouvrant la porte aux constructeurs étrangers
Face aux menaces et aux tarifs douaniers souhaités par le Président américain, Pékin a annoncé en mai dernier des plans visant à éliminer toutes les restrictions sur les constructeurs étrangers opérant en Chine d'ici 2022, y compris le plafond de 50 % concernant la propriété étrangère des coentreprises manufacturières dans le pays.
Au final, le mouvement de déréglementation, destiné initialement à désamorcer les tensions sur le commerce bilatéral entre la Chine et les États-Unis, devrait permettre aux constructeurs automobiles étrangers de prendre le contrôle d'entités locales et de mieux protéger leur technologie et leur propriété intellectuelle. Il a fait son chemin au sein des constructeurs automobiles mondiaux, et tout particulièrement des groupes allemands.
BMW développe sa production chinoise
BMW vient de signer début juillet un accord avec son partenaire local Brilliance Automotive Group pour augmenter la capacité de production annuelle de sa coentreprise dans la ville de Shenyang à 520 000 unités en 2019. Cela fera de la coentreprise la plus grande base de production de BMW au monde, dépassant son usine d'assemblage US de Spartanburg.
Le constructeur allemand prévoit également de débuter la production chinoise de la BMW iX3 100% électrique en 2020 dans le cadre de la joint-venture, pour une commercialisation destinée aux marchés chinois et étrangers.
Volkswagen : implantations chinoises dans l'électrique
Le groupe Volkswagen a également convenu il y a quelques jours de créer un centre de R & D dans le cadre de son partenariat avec Jianghuai Automobile pour aider au développement de véhicules électriques pour la marque Seat en Chine.
En outre, VW a signé un accord avec un partenaire d'une autre coentreprise, China FAW Group, pour développer conjointement une infrastructure de recharge de batteries et des services connexes pour les véhicules électriques ainsi que des services de véhicules intelligents et de véhicules connectés.
Le géant allemand de l'automobile prévoit de déployer au cours des sept à huit prochaines années 40 véhicules électriques produits localement en Chine sous différentes marques, à travers ses joint-ventures avec JAC, FAW et SAIC Motor Corp.
VW s'est également engagé à investir quelque 15 milliards d'euros (117 milliards de yuans) dans la mobilité électrique, la conduite autonome, la numérisation et les nouveaux services de mobilité, avec ses trois partenaires chinois.
Effet Trump : investissements en Chine au lieu des Etats-Unis
En ciblant la Chine et son excédent commercial avec les États-Unis, Trump espère protéger les emplois américains et contraindre à davantage d'investissements sur le territoire US . Mais cela s'est avéré être un vœu pieux, même avec les constructeurs automobiles américains … comme Tesla.
Il est vrai que la Chine est le deuxième plus grand marché de Tesla après les États-Unis. En 2017, Tesla a tiré 17% de ses revenus annuels du marché chinois.
Rappelons que le 6 juillet dernier, l'administration Trump a imposé des droits de douane de 25% sur 34 milliards de dollars de marchandises chinoises. Le même jour, Pékin a riposté en imposant un niveau égal de droits sur les importations américaines. Les véhicules produits aux États-Unis sont depuis soumis à 40% de droits de douane à la frontière chinoise.
Pour éviter que le lourd tarif ne compromette les ventes, le PDG de Tesla, Elon Musk, a décidé de construire des véhicules en Chine plus tôt que prévu. Mardi dernier, il s'est rendu à Shanghai pour signer un accord avec le gouvernement de la ville afin d'établir une usine d'assemblage dans la banlieue de Shanghai.
L'usine, dont la production devrait débuter en 2020, devrait produire au final jusqu'à un demi-million de véhicules électriques par an. Ce sera la première usine d'assemblage de Tesla à l'extérieur des États-Unis.
Les constructeurs US poussés à s'implanter à Chine
Contre vents et marées, Trump se montre encore prêt à intensifier la guerre commerciale avec la Chine. Cette semaine, les États-Unis ont publié une liste de 200 milliards de dollars de marchandises chinoises qui seront assujetties à un tarif additionnel de 10 % plus tard d'ici la fin de l'année.
Certes, les tarifs prohibitifs souhaités par Trump à l'encontre des produits chinois ont réduit à néant les plans de certains constructeurs automobiles chinois, notamment Great Wall et Guangzhou de faire leur entrée aux États-Unis.
Mais comme parallèlement le Président américain a incité Pékin à assouplir les règles de propriété étrangère et à augmenter les tarifs sur les véhicules fabriqués aux États-Unis, les marques automobiles mondiales, y compris certaines marques américaines, suivront probablement les pas de BMW, VW et Tesla et développeront leurs implantations locales, estiment les analystes. Qui sera alors le vrai gagnant : la Chine ou les Etats-Unis ? That's the big question !
Tout cela signifie que le différend commercial que les États-Unis ont déclenché sous l'administration Trump continuera de fonctionner en faveur de l'ensemble de l'industrie automobile chinoise, sinon de l'économie chinoise estime pour sa part Automotive News.
Sources : Automotive News
Photo : Tesla