Il y a fort à parier que le constructeur a dû réfléchir à deux fois avant de trouver le bon timing pour annoncer ces deux sombres nouvelles … qui ne présagent rien de très bon pour le groupe. Lequel vient de perdre l'homme fort qui lui avait permis de se relever.
Résultats nettement inférieurs aux attentes
FCA affiche des résultats inférieurs aux attentes au T2. Le groupe vient ainsi de revoir à la baisse une partie de ses objectifs pour 2018 après avoir enregistré une chute de son bénéfice net de 35% au deuxième trimestre. Tout de même !
La réaction des marchés ne s'est pas fait attendre. Le cours du titre FCA chutait de 11 % mercredi à la Bourse de Milan. En début d'après-midi, il dégringolait déjà de 10,53% à 14,83 euros.
Des résultats pourtant attendus comme records
S'il semblait probable que l'action soit chahutée par la sortie de route de Marchionne, il n'en demeure pas moins que certains analystes prédisaient encore ce matin des résultats on ne peut plus performants. On ne pourra pas les qualifier de visionnaires....
Le quotidien économique Il Sole 24 Ore s'attendait ainsi à des résultats "records : un trimestre jamais vus dans l'histoire du groupe en terme de solidité financière, patrimoniale et de profitabilité". Jamais vu peut-être …. mais pas dans le sens que l'on voudrait ….
Or, c'est un puissant défi qui attend le nouveau patron de l'entreprise : FCA doit en effet réduire à zéro sa dette nette industrielle. Pour rappel, fin 2014, elle s'élevait à 7,7 milliards d'euros. Une coquette somme !
Sergio Marchionne, considéré comme l'homme qui a sauvé tant Fiat que Chrysler de la faillite, avait eu pour priorité de redresser les finances du groupe, notamment en effaçant sa dette. En l'espace de 14 ans, il était parvenu à multiplier par 11 la valeur de Fiat, notamment grâce aux scissions - réussies - de la filiale de tracteurs CNH Industrial puis de Ferrari.
Une autre scission, celle de l'équipementier Magneti Marelli, est prévue cette année et devrait également générer de la valeur.
Des résultats opérationnels durs à atteindre
En 2005, Sergio Marchionne avait pu obtenir de General Motors en 2005 le versement de 2 milliards de dollars à Fiat pour que le constructeur italien n'exerce pas son option de vendre sa division automobile à GM. Le constructeur US s'acquittant au final de cette coquette somme pour ne pas être contraint de reprendre le secteur automobile en difficulté de Fiat, réglant ainsi un différend qui menaçait de devenir une bataille judiciaire. Le prix de la rupture à payer pour rompre une alliance datant de 2000 qui battait déjà de l'aile. Performance en terme de négociations, obtenue un an à peine après l'arrivée de Marchionne en tant qu’administrateur délégué de Fiat. Ce qui lui avait valu une solide réputation de patron dur en affaires.
Mais quid des résultats opérationnels ? Un autre défi de FCA semble-t-il plus difficile à relever ces derniers mois qu'une bataille juridico-financière digne des plus grands bras de fers.
Certes, la rentabilité du groupe en Europe s'améliore, mais la progression s'avère plus lente qu'espérée. Autre élément perturbateur : FCA n'a pas encore véritablement percé en Chine. Alfa Romeo n'a pour sa part toujours pas dégagé de bénéfices à l'heure actuelle.
Plan 2022 : vaste défi
Le plan dévoilé en juin par Sergio Marchionne prévoit quant à lui d'augmenter la production de SUV et d'investir dans les véhicules électriques et hybrides. Objectif : doubler le bénéfice d'exploitation d'ici 2022.
Si les objectifs de Jeep sont pour le moins ambitieux, l'entité constituant une véritable vache à lait pour FCA, les éléments concernant Ferrari demeurent plus flous. Rappelons, qu'initialement, Sergio Marchionne devait diriger la marque sportive jusqu'en 2021.
FCA ne se risque pas à donner un objectif en matière de volume à l’ensemble du groupe. Face à la croissance annoncée, et continue, de Jeep, la part des marques Fiat, Chrysler et Dodge passera de 35 à 20% du chiffre d’affaire entre 2017 et 2022. Mais ces marques ne font l’objet d’aucune communication spécifique quant à leurs objectifs ou leur développement…
A l'heure actuelle, le groupe vise parallèlement une disponibilité nette de cash aux alentours de 20 milliards d’euros en 2022. La marge (EBIT) devant ainsi passer de 6,6% en 2017 à plus de 13% en 2022. FCA table même sur un free cash flow de 7,5 à 10 milliards pour cette dernière année du plan (1,5 en 2017). Le tout se fera par une optimisation des coûts, dont une réduction du nombre de plateformes de 16 à 12.
A suivre, assurément ....
Sources : AFP, Il Sole 24 Ore, Reuters
Illustration : FCA