Le nouveau cycle d'homologation WLTP entre en vigueur pour tous les véhicules vendus à partir du mois de septembre. En complément, l'Union Européenne a fixé pour les constructeurs des seuils d'émission de CO2 à atteindre. Sauf que ces derniers pourraient déjà avoir "joué" avec WLTP.
En fait, encore une fois, c'est la faute des décideurs qui, soit sont bêtes, soit se sont faits influencés par les constructeurs eux-mêmes. En effet, au lieu de fixer une valeur absolue cible, en gramme de CO2 par kilomètre (ie. 95 g/km), l'Union Européenne demande à chaque constructeur de réduire de 15%, d'ici 2025, les émissions qui seront mesurées en 2021.
Or, Transport & Environment, ONG qui dénonce régulièrement les scandales liés aux cycles d'homologation, estime que les constructeurs ont déjà trouvé comment tourner WLTP en leur faveur. En effet, sachant qu'il faut désormais réduire d'un certain pourcentage leurs émissions, autant avoir les émissions références plus hautes.
Partir artificiellement de plus haut
Ainsi, selon T&E, les constructeurs coupent volontairement les systèmes comme le stop&start, utilisent des batteries légèrement déchargées (*), ou d'autres trucs pour augmenter artificiellement les consommations. La Commission Européenne souligne elle-même que les émissions cibles seront aussi moins basses que prévu. La faute à une hausse des seuils de départ en 2021.
WIlliam Todts, directeur exécutif chez T&E, déclare, désabusé : "Après le dieselgate, les constructeurs ont promis de changer et que les nouveaux tests seraient la solution. Maintenant, il est clair qu'ils utilisent ces nouveaux tests pour saper les normes CO2 déjà laxistes. Ils veulent s'y conformer avec le moins d'effort possible pour pouvoir continuer de vendre des diesel et retarder le passage aux véhicules électriques. C'est un triste rappel que l'industrie automobile veut rester dans le passé et qu'on ne peut pas lui faire confiance".
T&E sous-entend également que les constructeurs s'entendraient entre eux pour que cette hausse des émissions de CO2, provoquée par les tests faussés, soit la même pour tous et qu'un constructeur ne tente pas de doubler les autres. En effet, de nombreux pays ont un système de taxation du CO2. Gonfler les émissions de celui-ci renchérit le prix de vente d'un véhicule. Si tout le monde s'entend sur la "magouille", tous les véhicules voient leur prix grimper plus ou moins de la même manière. Evidemment c'est strictement interdit. Cela s'appelle un cartel et peut être très lourdement réprimandé par l'Union Européenne.
Le soupçon d'une entente globale
"La seule façon que cela puisse fonctionner est que tous les constructeurs travaillent ensemble. La commission doit étendre ses investigations sur un éventuel cartel pour voir s'il y a eu collusion ou non" ajoute Todts.
Cet appel a été partiellement entendu. En effet, Miguel Canete, en charge des actions sur le climat et de l'énergie, ainsi que Elzbieta Bienkowska, en charge de l'Industrie, deux commissaires européens, ont alerté l'Autriche, actuellement présidente de l'UE mais aussi la Commission Européenne. Reste à voir ce que fera la Commission Européenne de cette alerte.
(*) Avoir une batterie chargée à bloc permet de ne pas consommer pour la recharger en roulant. C'est l'une des astuces, légales, utilisées par les constructeurs pour minimiser les consommations calculées lors du cycle d'homologation.
Illustration : KoS, libre de droit