PSA saisirait-il "l'opportunité" du "fiasco" financier d'Autolib .... pour prendre ni plus ni moins sa place et le coiffer ainsi au poteau ? C'est en tout cas ce que laisse entendre le constructeur dans les colonnes du journal Les Echos.
Autolib, une solution non rentable qui a du plomb dans l'aile
Le système d'autopartage Autolib s'avère au final être un procédé non rentable. Selon le journal, il pourrait bientôt être concurrencé voire remplacé par des offres moins lourdes et moins complexes.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, envisage en effet de rompre prématurément le contrat Autolib établi avec Bolloré, pour se tourner vers des solutions d'autopartage sans station - free-floating - une solution plus simple que le scénario actuel. L'élue réunira lundi prochain les acteurs du secteur pour en discuter.
PSA intéressé pour remplacer Autolib à Paris
S'exprimant dans les colonnes des Echos, PSA a indiqué que Paris était « le genre de ville » qui l'intéressait. Pour le groupe, une rupture anticipée du contrat liant la Mairie de Paris avec Autolib constituerait donc une réelle opportunité. Et tant pis, si PSA est lui-même partenaire du groupe Bolloré depuis 2015.
Brigitte Courtehoux, la directrice des nouvelles mobilités du constructeur estime ainsi que le "free-floating peut être viable à Paris", considérant qu'il existe une forte densité de clients potentiels dans la capitale.
Un scénario tellement « viable » …. que PSA est d'ores et déjà en contact avec la Mairie de Paris. Mieux encore, Brigitte Courtehoux affirme que le constructeur pourrait être rapidement opérationnel dans le cas où une mise en exploitation rapide serait souhaitée.
Selon elle, compte-tenu de la superficie de la capitale, plus de 1.000 voitures en libre-service devraient être mis à disposition pour que chaque client puisse avoir un véhicule disponible à quelques centaines de mètres de sa position.
A l'heure actuelle, PSA serait plutôt favorable à un périmètre intra-muros, mais le constructeur semble être disposé à proposer un plus large rayon d'action si un tel besoin se faisait sentir.
PSA d'ores et déjà présent dans l'autopartage à Madrid et Lisbonne
Le constructeur n'est pas novice en la matière. Il exploite d'ores et déjà des services d'autopartage (emov) à Madrid et Lisbonne. Il dispose ainsi de 600 Citroën C-Zero électriques à Madrid et de 150 véhicules de ce type à Lisbonne.
En septembre 2016, PSA a lancé sa marque de nouvelles mobilités Free2Move. Lancée en décembre 2016, l’entreprise Emov est née quant à elle d’une coentreprise entre la société espagnole Eysa et Free2Move.
Selon le constructeur, emov comptait en avril 2017 déjà 100 000 utilisateurs à Madrid. "Environ 1 000 nouveaux clients s’inscrivent chaque jour depuis le lancement pour utiliser un véhicule en auto-partage emov", annonçait fièrement à cette date PSA dans un communiqué. Selon la directrice des nouvelles mobilités de PSA, après un an et demi de service, plus de 180.000 de clients ont d'ores et déjà signé avec le groupe pour de tels services.
L'autopartage à Paris : une question de rentabilité avant tout
Reste tout de même que quelque soit la solution retenue – Autolib ou autre - elle se doit d'être rentable. L'aspect financier demeure toujours le nerf de la guerre …
Certes, tient à préciser Brigitte Courtehoux, le « free-floating » est un système souple. Sans être tributaire de stations, le périmètre est ainsi facilement extensible en fonction de la demande, selon elle. Mais au final la rentabilité demeure primordiale.
Or, pour fonctionner, le dispositif nécessite d'acheter ou de louer des véhicules, de payer des assurances, de régler des frais de stationnement, de recruter des agents mobiles pour recharger les batteries, de nettoyer et entretenir les véhicules, voire même de les réparer... Autant de charges impliquant au final d'importants investissements.
Les frais de stationnement : enjeu crucial de la négociation
Se calquant à ce qui se fait en Espagne, pays où les pouvoirs publics ne subventionnent pas le service de PSA et de ses partenaires locaux, le groupe français ne cherche donc pas à obtenir une incitation financière à partir de fonds publics.
Son cheval de bataille : les frais de stationnement. Un point important selon lui. Il estime en effet que les clients doivent pouvoir se garer facilement pour ne pas être globalement déçus par les services offerts. PSA tient à rappeler à cet égard qu'à Madrid et Lisbonne, le stationnement est gratuit pour les véhicules électriques. Ces derniers peuvent ainsi être garés gratuitement sur des emplacements initialement payants.
Le constructeur se dit toutefois prêt à payer un forfait annuel pour sa flotte, scénario d'ores et déjà mis en œuvre dans d'autres villes européennes.
Concurrence assez large dans le domaine
Reste que PSA n'est pas le seul constructeur à être attiré par le gâteau. Renault participera également à la réunion prévue lundi et n'a pas dit son dernier mot. La marque au losange a d'ores et déjà lancé un service de même type que celui de PSA, à Madrid.
BMW et Daimler semblent toutefois être les constructeurs les plus avancés dans l'autopartage. Domaine dans lequel ils ont d'ailleurs décidé de fusionner leurs activités. BMW indique par ailleurs ailleurs discuter de « free-floating » avec toutes les grandes villes européennes, dont Paris.
Sources : Les Echos, PSA
Crédit Illustration : emov