Le groupe Volkswagen vient d'annuler tous ses contrats avec son fournisseur bosniaque Prevent. En 2016, ce dernier avait paralysé de nombreuses usines allemandes en arrêtant la livraison de composants. Un conflit relatif aux termes du contrat opposant les deux parties.
En retour à cette annonce, l'équipementier a affirmé que l'action de VW était illégale, le constructeur ne lui donnant en guise de préavis qu'un délai de un jour. Il a par ailleurs ajouté qu'il envisageait une action en justice. Selon lui, l'action entreprise par Volkswagen a entraîné des pertes d'emplois et une réduction drastique des heures travaillées pour ses employés. L'annulation de tous les contrats avec VW contredit les «principes commerciaux de bonne foi», a déclaré le fournisseur dans un communiqué.
Prevent a indiqué que les contrats à long terme conclus avec Volkswagen ont été annulés sans préavis le 21 Mars dernier, le constructeur refusant d'accepter des pièces du fournisseur à partir du 22 Mars. Une situation d'autant moins acceptable pour Prevent qu'il a récemment réalisé des investissements substantiels en vue de produire les composants demandés par VW.
Le fournisseur a été contraint de licencier 90 personnes chez Prevent Foamtec à Stendal, en Allemagne. Environ 700 employés d'autres entreprises du groupe Prevent situées sur le territoire allemand seront bientôt confrontés à des réductions de temps de travail ou à des licenciements. "Dans la mesure du possible, les employés sont en cours de transfert vers d'autres usines au sein du groupe", a déclaré Prevent.
VW affirme avoir pris des mesures appropriées
VW affirme pour sa part avoir pris des "mesures appropriées", ajoutant qu'il souhaitait à tout moment maintenir des relations basées sur une coopération prévisible et fiable avec ses fournisseurs.
« Les relations d'affaires sont régulièrement examinées dans le but de minimiser les effets négatifs des interruptions de production potentielles "dans l'intérêt de nos clients, employés, concessionnaires et autres fournisseurs", a ajouté Volkswagen.
Prevent pointe du doigt la politique d'achat de VW
Prevent a déclaré que la politique d'achat désastreuse de VW affectait des centaines de fournisseurs et surtout leurs employés. "VW répète un modèle de comportement qui a conduit au différend de 2016", a-t-il tenu à rappeler.
Pour rappel, Prevent Group, une société basée à Sarajevo, est contrôlée par Nijaz Hastor, l'un des hommes les plus riches de Bosnie. Lorsqu'en 2016 Nijaz Hastor a stoppé sa production en 2016, six usines VW ont dû se résoudre çà faire de même, suite à une pénurie d'équipements.
En 2016, Hastor avait arrêté la production de housses de siège et de boîtes de transmission pour VW, en dépit de la volonté du constructeur, forçant VW à interrompre la production dans six de ses 10 usines allemandes construisant des Golfs, Passats, moteurs, transmissions et châssis.
Les arrêts de travail avaient alors ralenti près de 28 000 salariés VW et un nombre indéfini d'employés d'autres usines fournisseurs.
D‘importantes conséquences financières ?
Déjà en 2016, le groupe Prevent accusait VW d’avoir dénoncé des contrats sans explication ni indemnité. Le journal Motortrend avait alors indiqué que l'équipementier exigeait que VW rembourse les frais engagés par ses filiales pour ajuster leurs usines afin de se préparer à effectuer les opérations annulées à la suite par Volkswagen. Sans compter sur les éventuelles indemnités de désistement ou frais d’annulation de contrats.
Selon Bloomberg, l’accord initialement prévu entre VW et son fournisseur se chiffrait à 500 millions d’euros et devait débuter en 2017. Au final, CarTrim et ES Automobilguss, les deux filiales de Prevent directement impactées par le conflit estimaient alors leur manque à gagner à plusieurs dizaines de millions d’euros et réclamaient des indemnités en conséquence. Selon le Süddeutsche Zeitung, les fournisseurs réclamaient alors un total de 58 millions d’euros à Volkswagen.
Selon Prevent , VW cherchait à répercuter sur ses fournisseurs les pertes occasionnées par le scandale du dieselgate en leur infligeant des conditions draconiennes. Le fabricant de pièces aurait été forcé de prendre position pour assurer sa survie.