PSA : cheval de Troie électrique chinois grâce au CO2 ?
Quand Carlos Tavares utilise le péril jaune pour tenter de diminuer l'ampleur des contraintes écologiques pesant sur les constructeurs de l'Union européenne.
Quand Carlos Tavares utilise le péril jaune pour tenter de diminuer l'ampleur des contraintes écologiques pesant sur les constructeurs de l'Union européenne.
Selon le président du groupe PSA, les amendes qui seront infligées par l’Union européenne aux constructeurs qui n’atteindront pas leurs objectifs de réduction des émissions de CO2 pourraient affaiblir financièrement un grand constructeur européen, pouvant même conduire à le mettre « sur les genoux ». Une fragilité qui pourrait être exploitée par un acquéreur chinois. Celui-ci pourrait profiter de l'aubaine - la valeur boursière dudit constructeur devenant alors alléchante - pour pouvoir s’introduire au sein d'un groupe automobile européen avec sa propre technologie de véhicules électriques.
« L’impact est tout à fait évident. Cela va créer un cheval de Troie chinois en Europe », a averti Carlos Tavares. Rappelons à cet égard que PSA est lui-même détenu à 12,2% par le chinois Dongfeng Motor.
Des propos énoncés tant comme patron de PSA que comme président de l'ACEA, groupe de pression de l'industrie automobile européenne, lors d'un événement organisé par le magazine automobile français Le Journal de l'Auto.
Car Carlos Tavares ne mâche pas ses mots, pointant du doigt les décideurs politiques, leur reprochant de ne pas avoir anticipé l'impact négatif qui pourrait être induit par les objectifs de l'UE en matière de CO2 à l'horizon 2020. De là à leur imputer une responsabilité si une telle situation se produisait d'ici quelques mois …. il n'y a qu'un pas. Reste effectivement que le patron de PSA a raison de s'alarmer, la pratique du « Cheval de Troie » étant très usitée quoiqu'on en dise …. avec pour net avantage d'être plus discrète … et donc plus insidieuse. A noter également, que le vaillant chevalier chinois pourrait même être vu comme un sauveur dans le cas d'une éventuelle reprise ou association financière avec un constructeur en difficultés.
Ces commentaires pour le moins francs – note même Automotive News - s'expriment dans un contexte de tensions commerciales croissantes entre la Chine et les États-Unis et de préoccupations plus générales face au protectionnisme croissant dans le monde entier.
Ils soulignent également les inquiétudes concernant l'influence étrangère sur constructeurs, emplois et technologie en Europe. Lesquelles ont fortement augmenté depuis que le chinois Geely a raflé 10 % de l'allemand Daimler en février dernier.
"Si un constructeur automobile européen ratait ses objectifs (CO2) et était mis à genoux par des amendes, il ne pourrait pas être acquis par un autre grand constructeur européen uniquement en raison des règles antitrust", a tenu à rappeler Tavares, sans toutefois cibler l'un ou l'autre des groupes automobiles européens.
Un contexte juridique qui offrirait l'opportunité à un investisseur étranger d'introduire le type de technologie « imposée par les autorités européennes, ce qui signifie des véhicules électriques", a poursuivi le patron de PSA. Ajoutant, en guise de démonstration : « et qui est le leader de l'électrification ? Ce sont les Chinois".
Rappelons que PSA a accéléré le développement de nouveaux véhicules chez Opel et Vauxhall après avoir découvert - suite à l'acquisition de General Motors l'année dernière - ce que Tavares décrit comme « des problèmes cachés d'émissions de CO2 ».
Grâce à cet investissement supplémentaire, le groupe maintient qu'il est désormais en bonne voie d'atteindre les objectifs de CO2 de 95 grammes par kilomètre de 2020 à 2021. Le non respect de ces nouvelles contraintes est assorti de potentielles amendes de centaines de millions d'euros pour non-conformité. La moyenne actuelle pour les véhicules neuves imposée par l'UE est de 130 g / km.
Carlos Tavares a demandé que les sanctions de l'UE soient suspendues jusqu'à ce que les gouvernements lancent des réseaux de recharge de voitures électriques adéquats, déclarant le mois dernier qu'il prévoyait de soulever la proposition lors d'une réunion de l'ACEA basée à Bruxelles le 7 mars. Néanmoins, une porte-parole de ce groupe de pression a indiqué qu'aucune approche de la Commission européenne n'a avait eu lieu à cette occasion pour rouvrir toute discussion sur les objectifs de 2020.
A noter enfin, que PSA et d'autres constructeurs européens sont confrontés à la baisse des ventes de modèles diesel, économes en carburant, rendant plus difficile l'atteinte des objectifs de CO2 …. et accentuant la menace d'avoir à payer de lourdes amendes.
Quand Carlos Tavares utilise le péril jaune pour tenter de diminuer l'ampleur des contraintes écologiques pesant sur les constructeurs de l'Union européenne.
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