Vous n'aviez pas aimé apprendre que la vitesse sur les routes secondaires serait bientôt limitée à 80 km/h, … vous allez peut-être encore plus détester le sujet … lorsque le coût de l'opération vous sera dévoilé.
Car décidément, le projet revêt de nombreux aspects financiers … au delà de la sécurité routière. Car si certains ne sont pas loin de penser qu'une telle limitation pourrait servir avant tout les intérêts de l'Etat, en augmentant les probabilités de dépassement de la vitesse autorisée … et donc le nombre d'infractions ... et d'amendes, le changement impose des modifications sur le terrain …. qu'il va falloir financer.
Limitation de vitesse à 80 km/h, attention de ne pas tomber dans le panneau ... financier
Pour rappel, dès le 1er juillet 2018, la vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires à double sens, non dotées de structure de séparation entre les deux voies, passera de 90 à 80 km/h, sur l'ensemble du territoire français.
Si l'on en croit Édouard Philippe, l'État devrait assumer la dépense sans faire appel aux départements. Lesquels gèrent néanmoins près de 380 000 km de tronçons routiers concernés par la mesure.
Un des problèmes majeurs : assurer le remplacement de plus de 20 000 panneaux de signalisation à travers la France. Car il est évident que le passage du 90 au 80 ne se fera pas d'un coût de stylo magique. Et là, une nouvelle bataille risque de s'engager. Avec pour thème du débat oh combien crucial dès qu'on aborde l'aspect financier d'un projet du secteur public : "qui paie ? qui a le budget ? " Car il ne suffit pas de disposer de la somme, il faut encore que cela soit inscrit au budget ! Vaste sujet … d'autant plus quand les budgets 2018 sont établis … et figés depuis fort longtemps.
Officiellement, le coût global de l'opération serait compris dans une fourchette comprise entre 5 et 10 millions d'euros. Un montant aussi important qu'imprécis. Cerise sur le gâteau, l'estimation s'est fondée dans ses calculs quasiment uniquement sur la nécessité de remplacer les panneaux de signalisation.
La ministre des Transports, Élisabeth Borne, a quant à elle indiqué récemment sur RTL que le remplacement des panneaux aurait un coût compris entre 2 et 3 millions d'euros et qu'il serait pris en charge par l'Etat.
Au delà des panneaux, une adaptation coûteuse
Lequel Etat n'en est pas moins d'ores et déjà conscient que d'autres éléments financiers vont devoir être pris en compte … sans toutefois pouvoir les chiffrer de manière précise. Sans compter les questions « subsidiaires » de type : qui va payer les mises à jour de toutes les formations au Code de la Route ? Les auto-écoles ou l'Etat, responsable de la décision ?
Au delà des panneaux de signalisations, des « détails » pour le moins pratiques pourraient au final avoir leur importance. Comme l'adaptation de la signalisation au sol … le tracé des lignes continues devant logiquement s'adapter à la réduction de la vitesse autorisée.
Au final, le budget nécessaire a toutes les « chances » d'avoisiner le haut de la fourchette, à savoir : 10 millions d'euros. Un chiffre d'autant plus dur à avaler que le rapport d'expérimentation récemment dévoilé n'a permis de dégager aucune certitude sur la baisse significative de tués sur les routes qu'une telle restriction serait susceptible d'engendrer.
Rappelons que l'abaissement de 10 km/h de la vitesse maximale autorisée a pour objectif officiel de sauver entre 350 et 400 vies de plus par année. Les effets de la mesure seront évalués en juillet 2020.
Illustration : Sécurité Routière