Après le scandale Takata ayant conduit au dépôt de bilan de l'équipementier japonais, les airbags de nouveau pointés du doigt, après de graves accidents ayant entraîné des morts. Désormais ce sont directement les constructeurs - Hyundai et Kia – qui sont dans la tourmente aux Etats-Unis. Les tensions entre Etats-Unis et Corée du Sud – qui semblent certes un tantinet s'apaiser ces derniers jours - pourraient quelque peu complexifier le débat.
Accidents mortels suite à l'absence de déclenchement
L'agence de sécurité routière américaine (NHTSA) a en effet ouvert une enquête à la suite d'une série de décès lors d'accidents survenus aux véhicules de ces deux groupes. Evénements au cours desquels les airbags ne se sont pas déclenchés après un choc frontal. Six accidents matériels sévères ont été observés. Ils ont causé la mort de quatre personnes et fait six blessés.
Dans des documents publiés sur son site Web samedi, la NHTSA indique que le dossier concerne les Hyundai Sonata 2011 et les Kia Forte 2012 et 2013.
La NHTSA précise par ailleurs qu'une "défaillance de l'unité de commande des airbags peut empêcher les coussins gonflables frontaux de se déployer en cas de collision".
Identifier ampleur et origine du problème : une priorité
Fin février, Hyundai a rédigé un rapport le conduisant à rappeler des véhicules sans toutefois pouvoir "identifié de remède". L'enquête de l'Office of defects investigation (ODI), ouverte vendredi dernier, va évaluer pour sa part l'ampleur du rappel de véhicules.
La NHTSA indique d'ores et déjà que le problème a été attribué à des courts-circuits dans des ordinateurs de contrôle d'airbag fabriqués par le fournisseur de pièces ZF-TRW. L'agence de sécurité routière américaine devra désormais plus largement contrôler si Kia et d'autres constructeurs utilisent le même dispositif de commande des airbags, et examiner les facteurs à l'origine du problème. Quelque 425.000 véhicules pourraient être concernés par cette défaillance.
ZF-TRW a déclaré pour sa part dans un communiqué que les accords de de confidentialité lui interdisaient de nommer d'autres éventuels constructeurs qui lui auraient acheté des ordinateurs de contrôle d'airbag. La société a néanmoins ajouté qu'elle travaillait de concert avec ses clients industriels et soutenait l'enquête de la NHTSA.
L'Agence a noté quant à elle qu'un rappel de 2016 impliquant plus de 1,4 million de voitures et de SUV Fiat Chrysler avait été réalisé suite à un problème similaire causant le déploiement d'airbags. Les documents de l'Agence montrent que ces véhicules étaient équipés d'ordinateurs fabriqués par ZF-TRW.
Pour rappel, d'origine allemande, ZF est l'un des plus importants groupes technologiques au monde dans le domaine des transmissions et liaisons au sol ainsi que des systèmes de sécurité active et passive. En mai 2015, ZF a fusionné avec la société américaine TRW et fait désormais partie des 3 plus grands équipementiers automobiles au monde.
Un contexte rare et inhabituel selon Hyundai
Le 27 février, Hyundai a rappelé près de 155 000 Sonata en raison de défaillances d'airbags, que l'entreprise a imputées aux courts-circuits. Kia n'a pas encore émis de rappel à l'heure actuelle.
Selon le porte-parole de Hyundai, Jim Trainor, le problème est survenu lors de contextes rares et « très inhabituels ». Il s'agit de collisions frontales à grande vitesse, aux choc décalés par rapport au centre des véhicules. Il a par ailleurs ajouté que les concessionnaires envisagent à l'heure actuelle de prêter des véhicules aux propriétaires jusqu'à résolution du problème. "Nous ferons certainement tout notre possible pour aider nos clients", a déclaré Trainor.
Hyundai indique parallèlement dans un communiqué que le circuit de contrôle de l'airbag avait été endommagé lors de trois accidents et qu'un quatrième accident était en cours d'investigation.
Selon la NHTSA, Hyundai a enquêté et a découvert que le problème était lié à une «surcharge électrique» dans les ordinateurs. Hyundai n'a pas encore de solution au problème, mais a indiqué qu'un rappel concernant les Sonata débute le 20 avril prochain. A noter que le problème peut également empêcher les ceintures de se bloquer lors d'un choc.
Kia ne confirme pas le problème
Dans une déclaration publiée samedi, Kia a indiqué ne pas vouloir confirmer les non-déclenchements d'airbags de ses modèles Kia Forte 2002-2013 liés potentiellement au fonctionnement défectueux d'une puce informatique. La compagnie a néanmoins déclaré qu'elle travaillerait avec les enquêteurs de la NHTSA. "Kia agira rapidement pour effectuer un rappel de sécurité, si elle détermine qu'un rappel serait approprié", a-t-elle ainsi indiqué.
Reste qu'une plainte de consommateur citée dans les documents d'enquête de la NHTSA indique que Kia a été informée d'un accident près d'Oakland dans lequel des airbags ne se sont pas déployés et qu'un passager a été tué.
Takata, Hyundai et Kia : des dysfonctionnements différents
A noter toutefois que les problèmes relevés sur Hyundai et Kia ne sont pas du même ordre que ceux rencontrés sur les airbags Takata. Rappelons en effet que sous certaines conditions et après l’exposition à l’humidité, la capsule de gonflage des airbags Takata – utilisant du nitrate d’ammonium – avaient explosé, projetant des morceaux de métal dans l’habitacle. S'agissant du nouveau problème, c'est l'absence de déclenchement du système d'airbags qui est mis en cause.