La Chine cherche à accroître le niveau de standardisation de son industrie de véhicules électriques. Elle vient ainsi d'annoncer travailler à une amélioration des normes dans le domaine. Objectifs : promouvoir le secteur afin de lutter contre la pollution et donner au pays les moyens nécessaires à l'établissement d'un géant de l'automobile. Tout en lui permettant de réduire sa dépendance aux importations de pétrole, en hausse constante.
Les efforts dans ce domaine cette année porteront sur la recharge, la conception des batteries et leur consommation, a tenu à préciser le ministère de l’Industrie. Ajoutant que le pays s’efforcerait également de promouvoir à l’étranger ses propres normes et critères de référence pour les véhicules électriques et les modèles hybrides rechargeables. La Chine souhaite tirer partie « des économies d'échelle pour devenir un leader mondial en matière de standardisation », ajoute par ailleurs le ministère.
La standardisation : aussi un enjeu national pour éviter la lutte interne
La Chine a d'ores et déjà défini plus de 100 références technologiques concernant les véhicules électriques. Mais le manque de standardisation a été identifié comme l'un des défis majeurs du secteur. Certaines autorités locales ont même fixé des normes différentes pour empêcher les entreprises d'autres régions d'accéder à leurs marchés. Le réel enjeu de l'annonce faite par le ministère ?
Car, le marché de la voiture électrique est devenu également un enjeu national en Chine. Le sujet a même figuré au tout premier rang des thèmes abordés lors la réunion annuelle du Congrès national du peuple, le Parlement chinois.
Plus encore, le 20 mars dernier, à Pékin, des délégués ont demandé à l’Etat la révision du système régional de subventions à la construction de véhicules électriques. Selon eux, la méthodologie employée est de nature à fausser la concurrence entre les producteurs chinois, favorisant au contraire des champions régionaux. Une lutte interne qui pourrait constituer au final un véritable frein aux gains de compétitivité que pourraient obtenir sur le marché mondial, les meilleurs constructeurs nationaux.
Un manque de standardisation nuisible à l'objectif écologique
Des délégués au parlement chinois ont également déclaré ce mois-ci que l'absence de standardisation avait également complexifié la création d'usines de recyclage automatisées sûres et rentables. Précisons à cet égard que la Chine devra faire face à environ 170.000 tonnes de batteries usées de véhicules électriques en 2018. Les véhicules électriques pour réduire la pollution, vraiment ?
Batteries : un secteur d'activité de toute première importance
Fin février, Pékin a annoncé de nouvelles règles provisoires liées au recyclage des batteries. Celles-ci imposent notamment aux constructeurs automobiles d'assurer la collecte et le traitement via la mise en place de centres dédiés à la collecte et au recyclage des batteries. Dans un premier temps, d'ici à ce que ces centres soient construits, des mesures temporaires imposent aux constructeurs d'assurer leur collecte et leur acheminent jusqu'à des centres spécialisés.
Si le gouvernement ne fixe pas encore d'échéance, plusieurs programmes pilotes devraient être mis en place dans des zones géographiques « clés » pour le développement des véhicules électriques. Les autorités chinoises souhaitent également simplifier le processus de recyclage en encourageant les fabricants à adopter des batteries standardisées. Objectif difficile à mettre en œuvre … Les fabricants devront également dispenser aux constructeurs des formations techniques sur la façon de stocker et de démanteler les vieilles batteries.
Mais l'activité de recyclage de batteries devrait permettre parallèlement à la Chine d'être moins dépendante des ressources minières, le lithium recyclé pouvant être facilement réintégré sur des batteries neuves.
Selon les chiffres du centre chinois sur la recherche automobile, les batteries hors d'usage pourraient représenter 120 000 à 200 000 tonnes d'ici à 2020 et 350 000 tonnes d'ici à 2025. Une véritable aubaine, la nouvelle activité économique pourrait en effet être valorisée à quelque 642 millions d'euros dès 2018.
La Chine, un pays moteur sur les véhicules électriques
Pour rappel, La Chine a fixé des quotas stricts pour les voitures dites à énergie nouvelle (NEV, l’appellation officielle en Chine pour les voitures électriques ou hybrides rechargeables). Ces véhicules devront en effet représenter au moins un cinquième des ventes dans le pays d'ici 2025. Un objectif ambitieux qui met sous pression les constructeurs automobiles, alors que l'Empire du Milieu représente le plus important marché automobile mondial.
En 2017, la Chine a produit 794 000 de ces VNE, parmi eux 777 000 exemplaires ont été vendus. Ce qui représente une fabuleuse progression de 53% en valeur glissante annuelle.
et fait du pays le premier producteur et le premier marché mondial de cette catégorie de véhicules. L'objectif de Pékin est de faire en sorte que leurs ventes annuelles avoisinent deux millions d'unités d'ici 2020.
En 2016, déjà, la production avait augmenté de 50% tandis que le parc de véhicules de ce type en service avait atteint 1,8 millions d’unités – plus de la moitié du parc mondial. Reste que ces données agrègent à la fois véhicules utilitaires, publics et voitures particulières. Ces dernières, seules, ne représentent encore que 1% des voitures vendues.