Bosch Rodez : mouvement salarial pour un avenir via l'essence
Les salariés la fin annoncée de ce type de motorisation.
Les salariés la fin annoncée de ce type de motorisation.
Les salariés de l'usine Bosch de Rodez sont inquiets pour l'avenir de leur site et ils souhaitent le faire savoir. Tout en tentant de trouver une solution face au déclin de l'activité de leur usine, directement impactée par le scandale du dieselgate et de la fin annoncée de ce type de motorisation.
Ils ont ainsi organisé le 19 mars dernier des débrayages et des barrages filtrants pour réclamer auprès du groupe des investissements dans l'essence. L'objectif étant de trouver de nouveaux débouchés pour le site, alors que Bosch ne semble pas avoir anticipé la situation de manière optimum, dirons-nous poliment. Rappelons à cet égard que les site de Rodez est spécialisé dans les pièces pour bougies et systèmes d'injection de véhicules diesel.
« On laisse rentrer et sortir tous les véhicules, sauf ceux de la direction », explique Yannick Anglarès, délégué de la CGT. Les employés de l’usine son également appelés à « débrayer » toutes les deux heures. « Tous les ateliers, de tous les secteurs, cessent temporairement le travail à tour de rôle ».
Fin janvier, la direction du groupe allemand a proposé d'investir 14 millions d'euros sur le site de Rodez, en vue de moderniser une seule des deux lignes de production d'injecteurs. Signifiant ainsi ni plus ni moins l'arrêt de la seconde ligne.
Mais ajoute un délégué syndical de Bosch Rodez, Yannick Anglares, les syndicats se sont rendus comptes que Bosch allait investir parallèlement 500 millions d'euros sur l'essence. Ils demandent désormais qu'une partie de ces investissements vienne à Rodez.
Le mouvement initié cette semaine, décrété en intersyndicale CFE/CGC, CFDT, SUD et CGT, fait suite aux rendez-vous u 14 mars dernier, avec le directeur de Bosch France, Heiko Carrié, et le ministre de l’Économie et des finances, Bruno Le Maire.
« Nous avons remis, ce jour-là, un courrier à Heiko Carrié pour que la Bosch investisse dans l’essence sur le site de Rodez. Il nous a répondu qu’il porterait le message en Allemagne, mais qu’il ne l’appuierait pas », a indiqué pour sa part Cédric Belledent, pour le syndicat Sud.
« On sait pourtant que l’essence est un produit d’avenir. Les constructeurs se dirigent tous vers des voitures hybrides essence/électrique », rappelle quant à lui Lionel Issalys, de la CFE-CGC. Or, ajoute-t-il « on sait aussi que Bosch sera en sous-capacité sur cette branche d’ici 2020. Elle a d’ailleurs prévu d’investir 500 millions d’euros dans les futures lignes de fabrication des injecteurs pour moteur essence. On veut simplement faire partie de l’équation, d’autant qu’on est la première usine impactée par les difficultés du diesel, et l’une des seules à n’avoir qu’une seule production ».
A noter également que l'équipementier automobile - et fabricant d'électroménager - a enregistré un bilan record l'année dernière. "Nous sommes satisfaits" après une année 2017 marquée par une nouvelle progression des recettes et du bénéfice, a ainsi déclaré tout en retenue, fin janvier, le patron de l'entreprise, Volkmar Denner.
Il n'en demeure pas moins que le plus grand équipementier automobile au niveau mondial, concurrent de Continental et de Faurecia, a vu son chiffre d'affaires progresser de 6,7 % à 78 milliards d'euros en 2017, un record. Sans les effets de change défavorables engendrant un manque à gagner de 1,2 milliard d'euros, ses recettes auraient même progressé de 8,3 %.
Le bénéfice opérationnel Ebit hors éléments exceptionnels a également atteint un niveau inégalé, de 5,3 milliards d'euros, pour une marge opérationnelle ajustée de 6,8 %, en nette progression sur un an.
Toutes les divisions ont progressé, en particulier l'automobile, laquelle génère à elle seule plus de la moitié de ses recettes. L'entreprise familiale - non cotée - aura notamment profité de la forte demande pour ses systèmes d'injection pour moteurs, d'assistance à la conduite et d'info-divertissement. Ce qui aura permis de largement compenser l'effondrement des ventes des moteurs diesel.
Malgré ces performances, Bosch s'est montré très prudent pour l'exercice en cours, invoquant des risques géopolitiques accrus. Tels que les négociations sur le Brexit, la situation en Turquie ou encore les tensions dans le monde arabe. La politique extérieure américaine (avec notamment les nouveaux tarifs sur acier et aluminium) et les tensions avec la Corée du Nord ne sont pas là non plus pour rassurer.
Le directeur financier a ainsi émis des prévisions très "réservées", alors que Bosch table sur un ralentissement de la croissance mondiale en 2018.
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