ACCT : des diesel vraiment propres ?
Rendre les moteurs diesel plus propres, voire beaucoup plus propres, c'est la promesse de l'ACCT d'une équipe de recherche de l'Université de Loughborough (Leicestershire) en Angleterre.
Rendre les moteurs diesel plus propres, voire beaucoup plus propres, c'est la promesse de l'ACCT d'une équipe de recherche de l'Université de Loughborough (Leicestershire) en Angleterre.
La technologie développée est basée sur l'AdBlue (solution d'urée). L'urée associé à un catalyseur SCR (*) est actuellement le système dépolluant le plus efficace pour un diesel. Mais, il n'élimine pas la totalité des oxydes d'azote (NOx - ou oxyde de nitrogène). En effet, l'efficacité est plus près de 60%.
La nouvelle technologie permettrait de transformer jusqu'à 98% des NOx produits par un moteur diesel. "Ammonia Creation and Conversion Technology" ou ACCT. Tel est le petit nom de la découverte de l'équipe de chercheurs.
La technologie SCR injecte de l'AdBlue avant le catalyseur. Cette solution à 32,5% d'urée (formule CO(NH2)2 ) - le reste étant de l'eau pure (H2O) - se décompose en ammoniac (NH3). Cet ammoniac réagit alors avec l'oxyde d'azote (NO) selon la formule :
4 NO + 4 NH3 + O2 → 4 N2 + 6 H2O.
En clair, cela ne rejette théoriquement que de l'eau et de l'azote. Sauf qu'il faut déjà transformer l'urée en ammoniac et qu'il faut une température d'au moins 250°C. Avec l'ACCT, l'urée est transformée en ammoniac gazeux à basse température et est injecté avant le catalyseur. En plus, le système de l'Université utilise l'énergie "perdue" des gaz d'échappement.
En fonctionnant à une température plus basse (60°C seulement !), l'ACCT permet de dépolluer les diesel utiliser surtout sur des trajets à froid, et qui n'ont pas le temps de vraiment monter en température.
"Malheureusement beaucoup de véhicules font des trajets courts, comme les bus ou les véhicules de construction, et de nombreux moteurs n'atteignent jamais la température requise pour que le catalyseur SCR fonctionne efficacement. Le résultat est que trop de NOx est émis en environnement urbain, spécialement dans les grandes villes" déclare le Professeur Graham Hargrave, expert en optimisation des moteurs à explosion.
C'est lui qui a développé la technologie ACCT avec le Docteur Jonathan Wilson. Publié il y a bientôt un an, l'équipe de recherche est toujours en manque d'un partenaire, ou de budget, pour transformer l'essai du prototype et envisager l'industrialisation. Selon Hargrave, cela pourrait prendre moins de deux années si les financements sont là.
Sachant que c'est l'ammoniac qui est utile pour réduire les NOx, pourquoi partir d'AdBlue ? En fait, l'ammoniac est un produit dangereux. Tant son transport que son stockage nécessitent des conditions strictes. Nocif, l'ammoniac est même inflammable au-delà d'une certaine concentration.
L'AdBlue lui, est stable et non dangereux. Une autre solution pour avoir une "réserve" stable et non nocive d'ammoniac est l'AdAmmine. L'AdAmmine, c'est de l'ammoniac piégé dans des cristaux de chlorure de strontium (SrCl2). Légèrement chauffé (60° environ), le piège s'entrouvre et l'ammoniac s'échappe, en forme gazeuse. Il est ensuite envoyé dans les gaz d'échappement, comme pour le système SCR avec AdBlue.
Comme quoi le moteur diesel n'a peut-être pas dit son dernier mot comme le disait récemment Mattias Müller. Enfin, si on arrive à vraiment enlever l'autre fléau, à savoir les particules fines qui passent encore au travers des mailles du filet.
(*) Selective Catalytic Reduction
Illustration : Loughborough University
Rendre les moteurs diesel plus propres, voire beaucoup plus propres, c'est la promesse de l'ACCT d'une équipe de recherche de l'Université de Loughborough (Leicestershire) en Angleterre.
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