Une information qui risque de faire du remue ménage. Alors que l'encre n'arrête pas de couler depuis le décès d'une femme, survenu après un choc avec un véhicule autonome testé par Uber, Aptiv - le fournisseur du radar et de la caméra équipant la voiture de série - affirme désormais que Uber avait désactivé durant les essais le système anti-collision de la Volvo XC90. Une fonctionnalité fournie de série.
Systèmes Volvo et Uber : deux choses bien distinctes
"Nous ne voulons pas qu'il y ait confusion ou que les gens pensent qu'il s'agit d'un dysfonctionnement de la technologie que nous fournissons à Volvo, parce que ce n'est pas le cas", a tenu à préciser Zach Peterson, un porte-parole d'Aptiv, dans le cadre d'une démarche on ne peut plus claire. Anticipant ainsi rumeurs voire même accusations qui pourraient être proférées à son encontre.
Histoire d'enfoncer le clou et de marquer les esprits, le porte-parole d'Aptiv a ajouté que le système avancé d'assistance au conducteur équipant de manière standard le Volvo XC90 "n'a rien à voir" avec le système de conduite autonome du véhicule d'essai Uber. C'est dit …
Aptiv souhaite ainsi défendre sa technologie, ne souhaitant nullement être une victime collatérale – certes financière et non pas humaine - de l'accident survenu via le véhicule d'essais de Uber, lequel a pu recourir à la pratique – courante - de désactivation des autres technologies alors qu'il développe et teste son propre système de conduite autonome. Rappelons que Aptiv est un société spin-off de Delphi, qui a vu le jour lorsque la société mère a renommé son entreprise de conduite automatisée.
Mobileye affirme que son système aurait permis d'éviter l'accident
La société israélienne Mobileye, racheté en 2017 par le géant américain de l'électronique Intel, qui fabrique des puces et des capteurs utilisés dans les systèmes anti-collision et qui est un fournisseur d'Aptiv, a déclaré lundi avoir testé son propre logiciel après le crash, en visionnant une vidéo de l'accident.
Précisons que le radar et le système de caméra d'Aptiv, qui utilisent des puces et des capteurs Mobileye, alimentent le système d'assistance à la conduite du Volvo XC90. Lequel intègre des fonctionnalités anti-collisions, d'aides au maintien dans les voies et d'autres éléments de sécurité.
Mobileye a déclaré que dans le cadre de ses tests réalisés en interne, son système était capable de détecter la personne - malheureusement décédée - une seconde avant l'impact, et ce, même en dépit de la mauvaise qualité de la vidéo obtenue en seconde main par rapport à ce qu'aurait permis un enregistrement établi à partir d'une connexion directe aux caméras embarquées du véhicule.
"La vidéo publiée par la police semble démontrer que même l'élément le plus élémentaire d'un système de véhicule autonome - à savoir la capacité de détecter et de classer les objets [ NDLR : système de conception informatique permettant de collecter les données et de les intégrer dans une base en les regroupant de manière pertinente et fonctionnelle ] s'avère être une tâche ardue, a déclaré quant à lui le PDG de Mobileye, Amnon Shashua. Ajoutant : "c'est cette même technologie qui est nécessaire en tant qu'élément fondamental des véhicules autonomes du futur, avant de s'attaquer à des défis encore plus difficiles." Renvoyant ainsi la balle aux concepteurs du système …. l'expertise informatique devant être un préambule à tout développement ultérieur. Ne rendons pas la charrue autonome avant d'avoir conceptualisé de manière très précise le fonctionnement du tractage opéré par les bœufs.
Rappelons qu'à l'heure actuelle, Uber a refusé de commenter. Du coté de Volvo, un porte-parole a déclaré que le constructeur ne pouvait pas spéculer sur la cause de l'incident et attendait un rapport d'enquête complet.
C'est en novembre 2017 que Uber a acquis 24 000 crossovers Volvo sur lesquels il prévoyait d'installer ses propres capteurs et logiciels pour permettre la conduite sans pilote.
Sources : Bloomberg, Automotive News