Ford Blanquefort : pas de chocolat, pas de bras ?
par Elisabeth Studer

Ford Blanquefort : pas de chocolat, pas de bras ?

Inquiétudes à se faire pour la région Bordelaise en terme d'économie et d'emploi. Ford a annoncé mardi qu'il allait cesser ses investissements dans son usine de Gironde. 900 emplois sont désormais sur la sellette.

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Certes une telle décision ne constitue pas totalement une surprise, alors que le maintien de l'activité de l'usine de Blanquefort, à proximité de Bordeaux est financé en grande partie depuis des années par des aides publiques maintenant l'emploi. Et ce, dans le cadre d'une convention arrivant bientôt à échéance. Alors …. pas de chocolat, pas de bras ?

Bruno Le Maire monte d'entrée au créneau

Réagissant en suivant dans un communiqué, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a aussitôt exhorté Ford à "garantir la pérennité" du site de production de boîtes de vitesse. L'appelant à travailler de concert avec syndicats, collectivités locales et Etat. Le ministre a par ailleurs indiquer qu'il allait recevoir les représentants des salariés et les élus "dans les prochains jours".

Vers la recherche d'un repreneur

Du coté de Ford, les choses semblent claires et la messe semble dite. En effet, le constructeur déclaré d'ores et déjà que la "solution viable et pérenne" pour Ford Aquitaine Industries (FAI) pourrait passer par "la recherche de tout repreneur potentiel intéressé par le site". Même son de cloche côté Bercy, où est évoquée la possibilité de faire appel à des "partenaires externes".

Dans le Communiqué de presse du Ministère Français il est ainsi indiqué que le ministre a récemment rencontré le président Europe du groupe Ford, M. Steven Armstrong, et "lui a demandé de maintenir une charge de travail suffisante sur le site jusqu'à fin 2019." Selon lui, "cela doit permettre la recherche dans de bonnes conditions de nouvelles activités pour cette usine, au sein du groupe Ford ou en lien avec des partenaires externes."

Mais, pour la CGT, "il n’y a aucune raison économique pour justifier l’abandon et la fermeture. Les pouvoirs publics le savent bien, le gouvernement et l’Etat le savent bien. Encore faut-il dénoncer les choix (…) de Ford qui encaisse des dizaines de millions d’euros sur ces cinq dernières années avec l’engagement de maintenir 1.000 emplois et de finir par partir. C’est inacceptable à tout point de vue" s'exclame le syndicat.

La production d'une nouvelle boîte de transmission en question

Depuis des années, les syndicats de Ford Aquitaine Industries alertent les pouvoirs publics sur leurs craintes liées au devenir du site. Ils accusent le constructeur US de repousser des décisions d'investissements en vue de gagner du temps.

Les représentants du personnel réclamaient notamment jusqu'à présent que soit confié au site de Blanquefort la production d'une nouvelle boîte de transmissions, la 8F-MID. De telles mesures auraient selon eux permis d'assurer la pérennité de l'emploi.

Mais, mardi, les responsables de Ford-Europe en déplacement sur le site ont réduit leurs espoirs à néant. En effet, le constructeur a déclaré, de but en blanc, que la fabrication de la nouvelle transmission 8 vitesses chez Ford Aquitaine Industries "n'était pas économiquement viable". C'est ce qu'on appelle une douche froide.

S'exprimant dans un communiqué, Ford a tenu par ailleurs à rappeler que l'activité industrielle de FAI dépendait de la demande du marché, et que "les projections actuelles de volume de production" s'avéraient "saines jusqu'au cours de 2019".

Quid de l'après mi-2019 ?

Un déclaration loin de satisfaire les salariés, qui s'inquiètent d'ores et déjà de l'après 2019, date à laquelle la boîte de transmission 6F35 produite actuellement à Blanquefort cessera d'être en catalogue.

Jean-Marc Chavant, élu FO au Comité d'entreprise (CE) résume quant à lui le problème : "aujourd'hui, personne n'est capable de dire exactement jusqu'à quand il y a du boulot".

La CFTC, présente également lors de la réunion du Comité d'Entreprise extraordinaire du mardi 27 Février 2017, tient quant à elle à préciser que lors de cette réunion les représentants de Ford ont indiqué que "la transmission automatique 8F-MID ne sera pas affectée à Ford Aquitaine Industries" et qu'il s’agissait "du seul produit Ford qui aurait pu être donné" à l'usine.

Le constructeur ayant été été très clair sur ses objectifs : "il n'y a pas d'autre produit Ford qui pourrait être affecté" au site de Blanquefort.

Or, le syndicat insiste sur le fait que Ford réalise des milliards de bénéfices et "que la multinationale a un plan produits ambitieux qui pourrait ou aurait pu offrir des opportunités pour Ford Aquitaine Industries."

Aides de l'Etat

Pour rappel, Ford est implanté à Blanquefort depuis 1972. Jusqu'à 4.000 personnes ont été employées sur le site.

Reste que les volumes de production n'ont cessé d'y régresser ces dernières années. Après cession et reprise du site, l'accord-cadre de 2013 aura permis d'obtenir un engagement de Ford à maintenir 1.000 emplois, en échange d'aides (collectivités locales, Etat, formation), pour un total d'environ 27 millions d'euros. Mais, toute bonne chose a une fin : cet accord s'achève fin mai 2018. D'où l'urgence de la situation … et l'ampleur de l'inquiétude des salariés.

D'ailleurs le président de Bordeaux Métropole, Alain Juppé, n'y va pas par quatre chemins. Pour lui, le désengagement de Ford à Blanquefort est "une coïncidence facile à comprendre". Rappelant que Ford avait signé une convention en échange d'aides publiques de l'ordre de 15 millions d'euros. Et ajoutant que cette convention arrive à échéance dans quelques semaines.

Plus d'aides, plus d'emploi ? Pas de chocolat, pas de bras ?

Selon la CGT, cette nouvelle "n’est ni un scoop ni une surprise tant Ford depuis des années n’a cessé de montrer sa mauvaise volonté pour trouver les moyens de pérenniser l’activité. Il ne s’agit pas d’un problème de compétitivité, pas d’un problème d’absence de projet industriel."

Il considère même que "Ford a tout ce qu’il faut pour produire à Bordeaux." Il estime également qu"'il n’y a plus de crise de l’automobile", jugeant au contraire que "les profits sont à un très haut niveau". Au final, il serait "complètement rationnel" selon lui "de maintenir en vie la seule usine de transmissions automatiques de Ford en Europe plutôt que de produire des transmissions pour le marché Européen en Amérique."

Alors, l'annonce d'un arrêt des investissements : au final, comme une sorte de chantage de Ford pour obtenir de nouvelles aides de l'Etat ? Où quand Ford demande à être en quelque sorte rémunéré pour produire … en échange d'emplois locaux ? C'est en quelque sorte le sens des propos énoncés par Alain Juppé, lequel fait une allusion à peine voilée à l'usage d'une telle stratégie de la part du constructeur. Mais l'enjeu est de taille : près de 900 personnes pourraient se retrouver sur le carreau ...

Les élus locaux expriment leur déception

Alain Juppé a quant à lui évoqué "un coup dur". Pour lui la déception est d'autant plus grande qu'on avait laissé entendre aux élus locaux et aux salariés que la décision pourrait être positive suite aux "gros progrès de productivité" opérés sur le site au cours des années passées.

Le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine ne cache pas non plus ses regrets face à une telle situation, alors qu'engagements avaient été pris ces derniers mois en vue de proposer "des solutions de diversification dans le domaine du véhicule électrique auxquelles l'usine Ford aurait pu prendre toute sa part."

Le président de Bordeaux métropole demande par ailleurs très instamment au ministre de l’Economie Bruno Le Maire une réunion des différentes parties "pour voir les décisions à prendre et la façon de suivre ce dossier." Voulant battre le fer tant qu'il est chaud, il insiste ainsi à ce qu'un rendez-vous soit fixé d’ici la fin de la semaine. "Il s’agit d’assurer la reconversion de ce site pour maintenir son activité industrielle, et la pérennité du millier d’emplois. Nous sommes tout à fait mobilisés pour que Ford assume ses responsabilités" a-t-il ajouté.

Crédit Illustration : CGT FAI

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Pour résumer

Inquiétudes à se faire pour la région Bordelaise en terme d'économie et d'emploi. Ford a annoncé mardi qu'il allait cesser ses investissements dans son usine de Gironde. 900 emplois sont désormais sur la sellette.

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