Les concepts-cars français : Citroën Activa (1988)
Nous continuons notre saga de l'hiver à la rencontre des concepts-cars français avec la Citroën Activa de 1988.
Nous continuons notre saga de l'hiver à la rencontre des concepts-cars français avec la Citroën Activa de 1988.
Nous continuons notre saga de l'hiver à la rencontre des concepts-cars français avec la Citroën Activa de 1988.
Pour ce nouvel opus de la saga, nous introduisons la rubrique "l'avis du designer". Rémy Constantin, Consultant en Design Stratégique et fondateur de R² Design nous éclairera sur le design si particulier de l'Activa.
L'année 1988 est une année charnière pour les trois constructeurs français. Chacun propose un concept-car au Salon de Paris. Et chacun de ces concepts-cars sera une des pierres angulaires de ces marques pour les années 90. Tant en technique qu'en style.
Ici, nous nous intéressons à la Citroën Activa, première du nom. Le deuxième opus Activa de 1990 sera évoqué dans un article ultérieur.
Le concept Activa de 1988 est une berline 4 portes a ouverture antagoniste, sans pied milieu. Mais outre un design particulier, le concept Citroën Activa est un démonstrateur technologique pour la marque aux Chevrons.
En effet, Citroën présente au travers de l'Activa différentes technologies pour les liaisons au sol. Améliorer la tenue de route, la maniabilité, éliminer un maximum de roulis, etc. Bref, tout ce qui a fait la réputation de Citroën avec la Traction, la DS, la SM et même la CX. Cette dernière vit ses derniers mois de production et va bientôt se faire remplacer (prématurément malheureusement) par la XM.
Le concept Activa est donc le futur de la grande berline chez Citroën, tout comme le concept Megane explore le futur des grandes berlines chez Renault.
Techniquement, les ingénieurs de chez Citroën ont cumulé les solutions innovantes. La suspension hydropneumatique est modernisée et est désormais contrôlée électroniquement. Chaque suspension est paramétrée en temps réel pour répondre aux contraintes exercées sur la voiture.
C'est le fameux effet "virage à plat" qui donnera un certain avantage au grandes berlines Citroën pendant plusieurs années. On retrouvera le Système Citroën de Contrôle Actif du Roulis (SC-CAR) sous l'appellation "hydractive" dans la future Citroën XM, puis..."activa" dans la Xantia. La vidéo en fin d'article, si kitsch soit-elle, démontre bien toutes les avancées.
En plus de virer à plat et d'éviter l'effet de plongée au freinage ou sur des bosses, la Citroën Activa se baisse ou se rehausse en fonction de la vitesse. A l'arrêt, position haute, cela permet un accès à l'habitacle plus aisé. A haute vitesse, position basse, cela améliore le Cx du concept-car. Et ce, en plus de son design étudié pour.
Mais, le concept Activa possède en plus 4 roues directrices ! Le coup de génie de Citroën est d'avoir retiré les habituelles crémaillères et barre de direction. Ici, chaque roue est indépendante et la direction est assurée par la pression hydraulique. La centrale hydraulique sert donc à la fois pour le freinage, la suspension, mais aussi la direction.
Ainsi débarrassées des contraintes mécaniques habituelles, les roues peuvent pivoter de façon importante. A basse vitesse, les roues pivotent en sens inverse et le concept-car Activa tourne sur place. 9 m de diamètre seulement ! Cela permet aussi d'enrouler les virages serrés. A haute vitesse, les roues pivotent dans le même sens. Cela stabilise la voiture et limite la force centrifuge.
Cette Citroën Activa est donc "drive by wire". Finies les liaisons mécaniques. Et Citroën a fait un réglage plutôt direct des capteurs puisque l'angle maximum du volant est de 60° de chaque côté du point milieu. Le concept Citroën Activa peut même avancer "en crabe". Pratique pour se garer plus facilement.
Le concept-car Citroën Activa dispose également de freins anti-blocage et anti-patinage. Ce n'est pas un système Bosch car ce dernier est en conflit avec PSA. Bosch préfère fournir les constructeurs allemands, livrant Peugeot au compte-goutte. PSA commande donc à Bendix un nouveau système. Ce dernier sera monté sur la XM mais aussi sur la Peugeot 405 Mi 16 !
Côté moteur, c'est une fois de plus le "bon vieux" V6 essence PRV (Peugeot Renault Volvo) dans sa configuration 3 litres 24 soupapes et 200 chevaux. Si c'est encore un V6, les routières concurrentes outre Rhin ont souvent plus de puissance, et même des V8.
Le moteur se retrouvera aussi sous le capot de la Citroën XM. Cette dernière emprunte beaucoup au concept-car Activa même dans le design.
La Citroën Activa a été intégralement dessinée en interne par Dan Abramson sous la direction d'Art Blakeslee, prenant le contre-pied des précédents concept-cars (souvent créés en collaboration avec de prestigieux designers transalpins). L'Activa dégage une grande impression de fluidité, avec des volumes souples proches du bio design très en vigueur à l'époque, tempéré cependant par une nervure courant sur les flancs et l'arrière. La partie arrière très élaborée intègre un becquet aérodynamique de manière très subtile. Le toit flottant, la ligne de caisse horizontale, la nervure latérale, les feux en bandeau, les bas de caisse anthracite et l'absence d'éléments saillants (poignées, rétroviseurs) renforcent l'impression de vitesse, tandis que les vitrages fumés renvoient aux jeux graphiques chers à Bertone, à l'origine de plusieurs concept-cars Citroën par le passé, notamment le Zabrus de 1986. Les jantes au dessin technologique évoquent l'ItalDesign Machimoto de 1986 dessiné par Giugiaro. Hormis l'acte de foi technologique porté par ce concept-car, le style de l'Activa a également pour but de préparer le grand public aux proportions et aux détails de style de la XM. Le long porte-à-faux avant, l'absence de calandre, l'arrière court et le bandeau de feux fumés à l'arête centrale marquée sont autant d'éléments qui se retrouveront dans le dessin de la future grande routière de la gamme. Un intérieur citroënesqueComme la plupart des concept-cars de l'époque, la cinématique des ouvrants est théâtrale, avec des portières antagonistes sans pied milieu dont l'ouverture est commandée à distance par un "plip". Dans la plus pure tradition Citroën, l'intérieur à tendance futuriste défriche des solutions ergonomiques telles que l'affichage tête haute, l'instrumentation digitale et l'écran télémétrique piloté par trackball. Le volant rectangulaire monobranche demeure fidèle aux standards de la marque, tandis que la console centrale débarrassée du levier de vitesse et de clé de contact participent à la sensation d'espace. Le motif en forme de chevrons se retrouve partout dans l'habitacle : dans la forme en V de la coiffe de tableau de bord, dans les motifs de la console centrale, dans le dessin des appuie-têtes arrière, ou dans celui de la console arrière qui intègre des spots de lecture. Un concept-car assumé et visuellement fort, surtout associé aux autres porte-étendards français du Mondial de l'Automobile de 1988 ! Rémy Constantin, Consultant en Design Stratégique |
Le concept Activa donnera lieu à un deuxième, quasi-immédiatement après (1990). Malheureusement, la direction de Citroën se montrera frileuse et enterrera le concept malgré un deuxième itération très proche de la série.
Il ne subsistera de ce deuxième concept que la suspension Citroën. Mais ça, c'est un autre épisode de notre saga de l'hiver en compagnie des concepts-cars français.
En bonus, une vidéo explicative avec une interview de Régis Ducorroy, tout juste nommé directeur du commerce France d'Automobiles Citroën.
Illustration : Citroën
Nous continuons notre saga de l'hiver à la rencontre des concepts-cars français avec la Citroën Activa de 1988.
Retrouvez tous les soirs une sélection d'articles dans votre boite mail.