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WRC - coulisses - Rallye d’Espagne 2017 : Le panache pour Meeke, la gestion pour Ogier
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par Alain Monnot

WRC - coulisses - Rallye d’Espagne 2017 : Le panache pour Meeke, la gestion pour Ogier

d'Espagne 2017 qui s'est déroulé ce weekend.

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Une nouvelle fois, après le Tour de Corse, plongez avec le blog auto dans l'envers du décor d'un rallye WRC avec le rallye d'Espagne 2017 qui s'est déroulé ce weekend.

Pour suivre un rallye de championnat du monde et en percevoir toutes les facettes - techniques, sportives, populaires, environnementales, organisationnelles, logistiques et humaines - il faut bien reconnaître que les choses ne sont pas toujours évidentes à monter.

Quand un constructeur comme Toyota vous invite pour partager avec d’autres journalistes européens deux journées de course avec la possibilité de se rendre en bordure de plusieurs spéciales, de vivre au plus près un temps d’assistance et d’être informés en direct par SMS des temps des diverses spéciales et des classements généraux, vous ne boudez pas votre plaisir et revenez avec plein d’images superbes en tête.

Un tracé superbe mixant terre et asphalte

Plutôt que de vouloir retracer un rallye, dont vous avez peut-être déjà suivi les classements, nous souhaitons brosser un peu un tableau impressionniste de cette très belle épreuve qu’est le rallye de Catalogne, rallye d’Espagne.

L’intitulé même de l’épreuve rejoignait cette année l’actualité politique brûlante, du moment.

On vit même lors de la cérémonie de départ sur le front de mer à Salou, certains concurrents libérés du podium de présentation par deux drapeaux catalans au lieu du double salut normalement prévu par un drapeau catalan et un autre espagnol. Cette spécificité très exacerbée en ce moment se traduisait également par des emblèmes indépendantistes en bordure des parcours des spéciales.

Un rallye particulier

Avant de revenir au cœur déroulement du rallye et de ses 18 spéciales plus la Power Stage, il faut sans doute préciser la particularité essentielle de cette épreuve particulièrement exigeante.

En effet, ici, en Espagne la première étape se dispute sur terre avec six épreuves spéciales alors les deux autres sont courues sur asphalte (12 ES). Pour compliquer l’équation, deux des épreuves terre comportent des portions asphalte.

Il est facile de comprendre que ce rallye à la sauce catalane nécessite une préparation très particulière, à laquelle les équipes ne sont pas forcément préparées car les pneus, les suspensions, les protections, la garde au sol, les différentiels… différent selon le type de surface. Outre le fait, que la séance d’assistance entre le vendredi et le samedi sera particulièrement délicate et tendue, les pilotes quant à eux, devront faire montre de facultés d’adaptation particulières pour maîtriser, quasiment sans transition, deux types de pilotage.

Ce qu'on en dit chez Toyota

Jari-Matti Latvala interrogé avant le départ du rallye sur ces spécificités particulières précisait :

«  Nous sommes en mesure de briller ici. En effet EsakeppaLappi a gagné sur la terre finlandise et JuhoHänninen a terminé 4 ème sur asphalte en Allemagne. Pour ma part, j’aime cette recette espagnole avec 1 jour sur terre et 2 sur asphalte et je nous crois très compétitifs, ici. »

Tommi Mäkinen, le directeur du Team Toyota Gazoo Racing se montrait plus prudent :

« Je plonge dans l’inconnu en Espagne. Jamais de ma carrière je n’ai connu un tel rallye. Je ne sais pas bien à quoi s’attendre, mais, J.M Latvala connait ces défis sur le bout des doigts. Comme nous progressons, j’espère qu’ici nous pourrons encore avancer. »

Rappelons que Toyota ne s’est (ré)engagée en WRC que depuis cette année et que, si la conception et le développement de la Yaris se fait en Allemagne, les 6 pilotes et co-pilotes et le directeur sont tous finlandais. Leur sens de la glisse est évident et les qualités de la Yaris sont déjà pas mal exploitées avec cette victoire en Suède de Latvala et d’E Lappi, à domicile, en Finlande.

Au plus près des trajectoires sur terre et des assistances

Le décor étant planté, nous avons la chance de pouvoir nous poser (en hélicoptère) en bordure de trois des six spéciales sur terre et juger -quand la poussière ne nous recouvrait pas totalement- des performances éblouissantes réalisées par les virtuoses, d’où émergeaient le plus souvent un très incisif Mikkelsen ( Hyundai), un rusé Ogier (M-SportFord) et un efficace Meeke (Citroën).

La plus belle figure effectuée sous nos yeux fut sans doute celle exécutée sous le verdict de l’objectif par un Hänninen un peu trop généreux sans doute, qui frisa la correctionnelle du mur de pierres sèches, de quelques millimètres (cf. galerie ci-après).

Les différentes assistances quasiment toutes organisées de manière identiques et dans des temps très encadrés, s’employaient à reconfigurer les autos et à panser les plaies le vendredi soir, quand cela était possible, car pour Latvala, les mécaniciens n’identifiant pas précisément la fuite de lubrifiant, il était décidé l’abandon de la N°10.

Là aussi, dans l’enceinte du parc d’attractions Ferrari Port Aventura, le public était venu nombreux pour admirer les prouesses des mécaniciens, qui vous changent suspensions, freins, pneus dans un ballet parfaitement orchestré, alors que les pilotes débriefent avec les ingénieurs, dans l’espoir de repartir avec le meilleur set-up.

Retour sur l’asphalte

Mais, comme demain est un autre jour, K. Meeke s’emploie à démontrer qu’il faut compter avec lui et, après l’ES7 de 24, 400 km sur asphalte qu’il gagne devant Sordo et Hänninen, l’anglais déclarait :

«  Ce matin, nous les avons tous pris de court. Ensuite, il fallait éviter de commettre une erreur stupide. Après la journée sur terre d'hier, je savais que nous devions les rattraper vite. Sur asphalte, les écarts sont extrêmement serrés et il est dur de faire la différence.Mes sensations étaient bonnes. »

Lui qui n’avait pas effectué d’essais récents sur asphalte pensait que les réglages étaient peut-être un peu trop tendres. Il allait continuer de prouver qu’avec le staff technique Citroën ils avaient bien trouvé la bonne configuration, le talent du pilote faisant le reste. Ayant gardé la tête du classement général le samedi, en gérant intelligemment les tentatives de remontée de Tänak ou Ogier (Ford-M Sport), Meeke enchaînait  les 5 meilleurs temps des 5 épreuves spéciales du dimanche, s’adjugeant une très belle victoire en Espagne, lui garantissant peut-être un avenir au sein du team aux chevrons.

Pour notre part, nous avons souhaité bien évidemment assister -à partir de spots bien placés- au passage des concurrents prioritaires, n’attendant pas les WRC2 afin de changer de points d’observation, ce qui en voiture nécessite une grande préparation des itinéraires. Ce travail avait été réalisé par les personnels de la structure European Sport Communication (sous la direction de Bernard Occeli ex-co pilote champion du monde) avec beaucoup de professionnalisme pour le Toyota Gazoo Racing.

Un public fervent, mais, qui prend des risques

Au cours de nos incursions en bordure des spéciales N° 9 et 10, nous avons été particulièrement frappés par la ferveur d’un public très nombreux en direction de Dani Sordo sur la Hyundai N°6. Les encouragements ne manquaient pas non plus en direction de Thierry Neuville, victime d’un bris de suspension en heurtant une pierre.

Chez Hyundai, malgré ces marques de soutien fort démonstratives, la manche espagnole n’aura pas été favorable puisque Sordo, tout comme Mikkelssen ont cassé leur direction au même endroit sur la même pierre dans l’ES N°12.

Lors des passages de divers pilotes dans des enfilades de virages plus ou moins serrés, nécessitant des relances, nous avons été un peu surpris de constater que S. Ogier semblait s’être fait une raison de ne pas avoir assez de performance pour aller chercher des temps canons. Alors, il gérait de manière assez conservatrice tout son potentiel de pilotage, en vue de décrocher un cinquième titre de champion du monde. Un bon coup de collier dans les ES 11, 12 et 13, et c’est le sort des autres, qui scellait une seconde place très prometteuse  et un futur couronnement à venir. D’autant plus d’ailleurs, que Neuville, porté par toute une colonie belge venue avec armes et bagages (drones compris), semble maintenant écarté de ce "mirage", après le choc ouvrant le train avant et fusillant la direction.

En forme de bilan

Si l’on se projette un peu plus loin que cette avant dernière manche du championnat du monde, force est de constater que la structure privée M Sport dirigée par Malcom Wilson et soutenue par Ford, est en train de donner une leçon de réalisme aux trois « usines » Citroën, Hyundai et Toyota. Il est patent que l’engagement total de Ford est souhaité. Mais, pourquoi « y aller » alors que les voitures alignées sont en capacité de remporter le championnat du monde et que, bien des pilotes privés s’engagent sur des autos de la marque avec des résultats plus qu’honorables ainsi, M. Ostberg 5 ème ici.

Finalement, T. Mäkinen avait raison d’être prudent avant le départ. Hänninen seul survivant de l’équipe aura alterné du bon et des coups de "moins bien" mais au pied du podium, il semblait satisfait en déclarant :

« C’est très proche de mon meilleur pilotage de ma carrière. C’est bon de voir que je peux me battre avec les gars. Cela  été un grand plaisir. »

La Power stage finale a permis à Dani Sordo de faire vibrer la foule et à conforter -malgré la déroute espagnole- Michel Nandan (le responsable technique) dans les espoirs mis dans la conception et l’exploitation des Hyundai, puisque le pilote espagnol remporta la dernière spéciale de 14,500 km avec 3’’5 d’avance sur un brillant second : le vainqueur du rallye, Kriss Meeke et Sébastien Ogier son second.

Meeke sur courant alternatif

Après une saison compliquée, ponctuée d’une seule victoire et cinq abandons, K. Meeke redresse donc fièrement la tête en Espagne en déclarant :

«  Peu importe le nombre de fois où vous tombez, ce qui compte, c'est combien de fois vous vous relevez. Et j'ai eu à le faire quelquefois dans ma carrière, croyez-moi !  Nous avons toujours su que cette voiture était formidable sur asphalte. Ce résultat le montre et donne à toute l'équipe énormément de confiance  ».

Ogier très pragmatique concluait le week-end ainsi :

«  Nous avons fait du très bon travail ce week-end, même si ça n'a pas toujours été facile. Après un vendredi incroyable (il ouvrait sur la terre), nous avons eu plus de difficultés sur asphalte samedi matin, avant de trouver un bon rythme. Nous avons pris de bons points (18 points pour la seconde place) et même, un bonus dans la Power Stage [3 points au troisième).C'est parfait.  »

Un WRC trop cher pour les jeunes pilotes ?

Le championnat du monde des rallyes a atteint des sommets en termes d’organisation et de performances. Ne faut-il pas craindre que les jeunes pousses aient trop de difficultés à accéder à cette catégorie reine ? En Espagne J. Rossel n’était pas au départ, faute de finances. T.Folb, E. Camili et P. Loubet roulaient sur des Ford Fiesta avec une quatrième place en RC2 pour ce dernier. Nous fûmes témoins du problème moteur de Y. Bonato, classé très loin en WRC2. Combien parmi tous ces français talentueux trouveront assez de finances pour accéder un jour au WRC ?

Aussi, en tant qu’observateur attentif il m’a semblé sur cette épreuve que l’estonien O.Tanak constituait un véritable espoir pour le renouvellement des générations. E. Lappi peut réussir de très belles choses. Mais, l’émulation finno-finlandaise au sein du team Toyota, est-elle la meilleure façon de le faire progresser, encore ?

Michèle Mouton : la sécurité du public à coeur

Nous ne pourrons pas terminer ce reportage sans revenir sur les questions de sécurité des parcours et des accès réservés au public. La FIA résolue à se montrer irréprochable sur cette question, met en oeuvre -sous la responsabilité de Michèle Mouton-, toute une batterie de moyens pour baliser, interdire, orienter, sécuriser les zones accessibles au public. De nombreux commissaires sont disposés et avant les voitures ouvreuses N°00 et N°0, d’autres véhicules avec haut-parleurs incitent les spectateurs à respecter les consignes et les balisages. Par hélicoptère, la surveillance s’exerce également. Et pourtant, nous avons vu un spectateur braver consignes et interdits pour se percher dans un arbre en toute bordure de trajectoire. Des comparses étaient au pied de l’arbre, faute de pouvoir y grimper. Heureusement malgré toute la passion d’un public friand de rallye, nous n’avons pas eu à déplorer l’annulation d’épreuves spéciales, comme au dernier Monte-Carlo.

Ce rallye de Catalogne-Rallye d’Espagne aura sans doute contribué fortement à sceller l’attribution des titres pilotes et constructeurs. 60 points restent à distribuer au pays de Galles et en Australie. Ogier et M sport sauront, nous n’en doutons, pas jouer les "gagne-petits" pour être sacrés.

Alain Monnot : texte et photos

Classement du rallye d'Espagne 2017 :

POS#PILOTETEMPSDIFF PRÉC.DIFF 1ER
1.7K. MEEKE3:01:21.1
2.1S. OGIER3:01:49.1+28.0+28.0
3.2O. TÄNAK3:01:54.1+5.0+33.0
4.11J. HÄNNINEN3:02:15.2+21.1+54.1
5.14M. OSTBERG3:03:47.3+1:32.1+2:26.2
6.8S. LEFEBVRE3:04:04.1+16.8+2:43.0
7.3E. EVANS3:05:58.5+1:54.4+4:37.4
8.32T. SUNINEN3:09:43.8+3:45.3+8:22.7
9.31J. KOPECKY3:10:15.6+31.8+8:54.5
10.83O. VEIBY3:10:25.9+10.3+9:04.8

Classement général pilote :

PosPiloteTotal
1.Sébastien OGIER198
2.Ott TÄNAK161
3.Thierry NEUVILLE160
4.Jari-Matti LATVALA123
5.Dani SORDO94
6.Elfyn EVANS93
7.Juho HÄNNINEN71
8.Craig BREEN64
9.Kris Meeke60
10.Hayden PADDON55

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d'Espagne 2017 qui s'est déroulé ce weekend.

Alain Monnot
Rédacteur
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