Le projet finlandais SOLETAIR vient de produire ses 200 premiers litres de carburant synthétiques. Et ce, à partir du soleil, d'eau et du CO2 de l'atmosphère. Le début d'une révolution ?
Sur le papier, le projet SOLETAIR est "simple". En effet, c'est de la chimie relativement basique qui consiste à prendre du dihydrogène H2 et de le combiner à du CO2 pour obtenir des hydrocarbures CxHy ainsi que du dioxygène O2. Là où cela se complique c'est que le VTT Technical Research Centre of Finland (VTT) qui pilote le projet, souhaite réaliser cela de façon la plus durable et renouvelable possible. Et le tout, bien sûr, sur le même site.
Lancé en 2016, le projet a connu une accélération début juin avec l'inauguration (par Jamie Hynemanin de Mythbuster NDLA)de l'usine prototype. Elle est composée d'un container dénommé Mobile Synthesis Unit (MOBSU). Totalement transportable par la route, le MOBSU comprend la production du H2 à partir d'eau, la capture du CO2 de l'air, et la combinaison des deux. Modulaire, plusieurs MOBSU peuvent être accolés les uns aux autres et d'autres éléments complémentaires peuvent s'ajouter.
De l'air, du soleil et de l'eau
Pour produire le H2, VTT utilise une station photovoltaïque de 1500 m2 de panneaux (*). Cette dernière fournit aussi l'électricité nécessaire à l'équipement de captation et de séparation du CO2 de l'air, ainsi que la (haute) température pour l'équipement qui réalise la synthèse des hydrocarbures (300°C). Une première étape sort des produits qui sont utilisés dans une réaction dite de Fischer-Tropsch (produits FT). Là, ce sont 800°C qui sont nécessaires.
Dès la première étape, on obtient du méthane qui peut être déjà utilisé pour le chauffage domestique, les véhicules, etc. Mais, à la sortie, la micro-raffinerie est capable de sortir du gaz, du diesel, de l'essence ainsi que des produits "pétrochimiques" dits intermédiaires. Ainsi, on peut produire des aromatiques, des plastiques plus ou moins complexes, etc.
La station de production vient de produire ses 200 premiers litres de carburant. Ce fut "lent" car VTT a fait plusieurs réglages et plusieurs expérimentations. Aussi, en marche nominale, le centre de recherche estime pouvoir produire 80 l d'essence par jour. L'expérimentation devrait se poursuivre jusque mi-2018 et VTT a déjà des pistes d'amélioration comme la récupération de la chaleur de certaines réactions, l'amélioration plus fin des réactions, etc.
SOLETAIR = 700 kg de CO2 par heure
Chaque heure, 100 kg de produits FT sont fabriqués. Pour cela, l'usine consomme 3167 kWh d'électricité, 565 kg d'eau mais surtout 352 Nm3 de CO2. 1 Normal m3 de CO2 représente 1,9772 kg de CO2. Donc, on a 696 kg de CO2 qui sont ôtés de l'air par heure. Evidemment, ce CO2 sera rejeté dans l'air partiellement avec le carburant produit.
SOLETAIR devrait être utilisé par différentes recherches universitaires ou d'entreprise et valider la prochaine phase qui devrait être une commercialisation. Le projet dispose d'un budget de 1 million d'euros financés par un organisme finnois et différentes sociétés. Les carburants, huiles et plastiques de synthèse sont une piste sérieuse pour suppléer les réserves fossiles. Reste à voir à quel prix. En effet, des métaux précieux comme le platine et autres sont mis en jeu.
(*) la Finlande s'est lancée dans d'ambitieux chantiers de création de centrales solaires. Le froid aide à une meilleure production des panneaux photovoltaïques et le temps globalement clair du pays assure un bon rendement.
Source et illustration : SOLETAIR