En préambule à son lancement, il y eut d'abord le concept SVX (pour Subaru Vehicle X) exposé au salon de Tokyo en 1989. Concept préfigurant d'ailleurs à 95% les lignes définitives du futur coupé de la marque aux pléiades.
A commencer par la partie supérieure, intégralement composée de parties vitrées à l'exception du toit. De par ses lignes, la SVX (ou Alcyone SVX au Japon) rompt totalement avec le dessin tout en arètes de son ascendante XT, se voulant ainsi plus désirable. Pour mettre toutes les chances de son côté, le constructeur a eu recours aux talents du styliste italien Giorgetto Giugiaro, officiant alors pour Ital Design.
Style audacieux et équipement princier
Pour tout dire, la seule chose que la voiture de production ne reprendra pas du concept, c'est le bandeau translucide intégrant les phares à l'avant, celui-ci étant finalement coupé d'un semblant de calandre en son milieu. Au contraire de son homologue arrière, repris quant à lui tel quel et débordant généreusement sur les ailes. Mais l'aspect esthétique le plus intéressant du coupé reste ses vitres latérales s'ouvrant à moitié, à la manière d'une Lamborghini Countach ou d'une De Lorean DMC 12. Leurs montants peuvent d'ailleurs poser problème, car selon la position de conduite adoptée, ils se trouvent dans le champ de vision des occupants, et ce même si Subaru précisait bien qu'ils étaient étudiés de façon à ne pas gêner les conducteurs dans 99% des cas...
Intérieurement, la SVX est richement équipée, avec notamment des sièges en cuir réglables électriquement. Toutefois, l'habitacle pâtit d'une planche de bord sans grande originalité, que les placages en faux bois ne parviennent pas à égayer. Pour autant, l'ensemble reste agréable, et son équipement pléthorique allié à l'originalité de ses traits fait mouche auprès du public et de la presse. Un magazine parlera d'ailleurs de la SVX comme d'un "savant mélange entre l'ingénierie de Porsche et le raffinement de Jaguar".
Plus GT que réellement sportive
Mécaniquement, Subaru reste fidèle à sa philosophie du moteur à plat, et la SVX se voit équipée d'un 6 cylindres Boxer atmosphérique (H6) de 3,3 litres de cylindrée pour 230 chevaux. Doté de quatre arbres à cames, 24 soupapes et bien sûr d'une injection intégralement électronique, ce moteur promet cependant plus sur le papier qu'il n'en donne en réalité, la faute à un poids élevé de 1 600 kilogrammes mais aussi et surtout à une boîte de vitesses automatique à quatre rapports qui annihile toute velléité sportive.
Question performances, le coupé SVX abat les 1 000 mètres départ arrêté en 29,7 secondes et atteint la barre des 100 km/h en un peu plus de huit secondes, des temps bien éloignés de ceux de ses rivales européennes (Porsche 968 ou Audi S2), mais similaires à ceux de ses cousines japonaises (Toyota Supra, Nissan 300 ZX ou Mitsubishi GTO, de puissance équivalente). Mais avec une vitesse de pointe de 248 km/h (ensuite bridée à 232 km/h à compter de 1994) et une mécanique onctueuse, elle est de toute façon plus destinée à l'autobahn ou aux highways qu'à l'attaque sur piste ou sur petites routes.
Elle ne fait finalement pas le (shooting) break...
La tradition Subaru se retrouve également au niveau de la transmission, qui est bien évidemment intégrale, avec la puissance qui se répartit électroniquement entre les essieux avant et arrière en fonction des conditions d'adhérence, grâce au système 4WDmatic. Ainsi, dans des conditions très particulières, jusqu'à 95% de la puissance peut être transmise au seul train avant. En sus, il reste possible de contrôler manuellement la répartition de la puissance, à la manière de ce qui sera ensuite proposée sur l'Impreza WRX STI via le système DCCD. A noter qu'une version traction fut brièvement proposée entre 1994 et 1995 au Japon, avant que Subaru ne la retire du catalogue devant son insuccès.
Pour l'anecdote, le constructeur envisagea un temps une déclinaison shooting brake, matérialisée par le concept Amadeus présenté au salon de Tokyo en 1992. Mû par une version évoluée du flat 6 développant 250 chevaux, il disposait également d'une transmission automatique (à cinq rapports cette fois) et d'un système de braquage agissant également sur les roues arrières. Une version à quatre portes était également dans les cartons, mais l'Amadeus ne dépassa jamais le stade de prototype de salon.
De par ses prestations, la Subaru SVX se destinait plutôt au marché nord-américain, friand de ce type de coupé luxueux et puissant. C'est d'ailleurs là-bas qu'elle fit l'essentiel de ses ventes, ainsi que sur le marché japonais. Sur le vieux continent en revanche, la SVX ne sera écoulée qu'à 2 500 exemplaires faute d'une image de marque suffisante et d'un prix élevé. En France, il semble que seulement 60 unités aient trouvé preneur, alors autant dire qu'avant d'en croiser une, il va falloir se lever tôt... Très tôt...
Illustrations : Subaru