Un été au Japon — Toyota Corona (1964-1970)
La Corona est le modèle qui va lancer Toyota à l’international après quelques tentatives peu fructueuses.
La Corona est le modèle qui va lancer Toyota à l’international après quelques tentatives peu fructueuses.
Esthétiquement banale et techniquement très conventionnelle, la Toyota Corona n’a rien pour elle, mais là n’est pas son objectif. Cette troisième génération a pour mission de réussir là où sa devancière a échoué : conquérir les États-Unis. Toyota y est présent depuis 1957, mais les ventes ne décollent pas. Devant l’insuccès commercial de la deuxième génération, le responsable de Toyota Motor Sales USA Inc, Shoji Hattori, va décider de lancer une grande étude de marché qui va notamment passer par des entretiens avec les concessionnaires et les automobilistes américains. Grâce au travail des ingénieurs et designers japonais, les résultats de l’étude vont aboutir à la Corona.
Dessinée en interne avec le renfort de Battista Farina, la Corona n’a pas l'élégance d’une Mazda Luce et son unique fait d’armes est un faciès incliné baptisé « Arrowline ». Pas un premier prix de beauté, mais la Corona n’en a cure. Elle a dans son chapeau un lapin auquel personne n’avait pensé et qui va en faire un atout commercial redoutable. La Corona multiplie les variantes et va être offerte en berline 4 portes, coupé 2 portes, break commercial 3 portes, break 5 portes, break commercial 5 portes, 2 variantes de pick-up et même une inédite version 5 portes avec hayon. Seul un cabriolet manque à l’appel.
Préparant l’arrivée de la future Corolla, Toyota accroît les dimensions de cette troisième génération de Corona. Elle gagne 12 cm en longueur pour atteindre 4,11 m et 6 cm en largeur à 1,55 m. Elle s’abaisse de 2 cm tandis que son empattement augmente seulement de 2 cm. C’est suffisant pour offrir une habitabilité décente dans un habitacle auquel Toyota a apporté un grand soin : planche de bord simple, mais bien construite avec insert en faux bois, moquettes plus épaisses que la moyenne et équipement moderne avec la possibilité d’ajouter en option l’air conditionné et de choisir parmi plusieurs autoradios.
Techniquement, la Corona est très conventionnelle pour le marché, mais pas pour Toyota puisque cette troisième génération va adopter une carrosserie monocoque. Sous le capot, elle étrenne un tout nouveau quatre cylindres en ligne de 1 490 cm3 qui développe une puissance de 74 ch à 5 000 tr/min et un couple de 116 Nm à 2 600 tr/min. C’est suffisant pour emmener la Corona à 140 km/h. Pour prouver sa robustesse, Toyota va faire rouler la Corona à son lancement pendant 100 000 km sur la Meishin Expressway, première autoroute japonaise entre Osaka et Kyoto inaugurée un an plus tôt.
Lancée sur le marché japonais en septembre 1964, la Corona est disponible dès son lancement en berline 4 portes, break commercial 3 portes, break 5 portes, break commercial 5 portes et pick-up. Cette pléthore de variantes va permettre à la Corona de démarrer une carrière commerciale tonitruante. Dans la guerre qui l’oppose à la Nissan Bluebird, la Toyota va prendre la tête en janvier 1965 et devenir ainsi la voiture japonaise la plus vendue pendant longtemps.
En avril 1965, Toyota remplace les tambours par des disques à l’avant. Le constructeur ajoute au catalogue une nouvelle motorisation sportive de 1 587 cm3 baptisée 1600 S. Ses deux carburateurs et ses 90 ch permettent à la Corona d’atteindre désormais une vitesse maximale de 160 km/h. Cette motorisation sied à la nouvelle variante coupé que Toyota dévoile en juillet de la même année. Ce coupé hard-top se différencie par une présentation un peu plus sportive et cossue. À ses côtés, Toyota dévoile également la carrosserie 5 portes à hayon qui ne rencontrera qu’un succès d’estime.
En juin 1967, la Corona reçoit ses premières retouches dictées par les nouvelles réglementations de sécurité aux États-Unis. La face avant est légèrement retouchée pour accommoder la nouvelle position du pare-chocs avant. L’année 1967, c’est aussi le lancement du coupé 1600 GT. Positionné comme le petit frère de la 2000 GT, son moteur issu de la 1600 S est passé entre les mains des ingénieurs de Yamaha. Ces derniers ont monté sur le 1 587 cm3 un double arbre à cames en tête similaire à celui de la 2000 GT. Accrue de 20 ch, la puissance atteint 110 ch à 5 800 tr/min tandis que le couple affiche 128 Nm à 4 200 tr/min. C’est suffisant pour que la Corona accroche les 175 km/h. Produite pendant 13 mois, son prix proche du million de yens va cependant en limiter sa diffusion.
En septembre 1968, Toyota simplifie la gamme de la Corona qui ne profite plus que d’une seule motorisation, le 1,5 litre et ne conserve que deux carrosseries, 4 portes et break, sans oublier les versions commerciales.
Ses prestations honnêtes proposées à un prix très compétitif font de la Corona un succès commercial sans précédent pour Toyota tant au Japon qu’à l’étranger. Ainsi 8 734 Corona sont exportées en 1964, 23 096 en 1965 et 60 864 en 1966. Le succès de la Corona sur le marché américain y est pour beaucoup.
Vendue 1 700 dollars aux États-Unis, elle va trouver plus de 6 000 clients les six premiers mois de sa commercialisation en 1965, 16 000 en 1966, 33 000 en 1967 et 67 000 en 1968. Grâce à la Corona, Toyota va devenir le deuxième importateur sur le marché américain derrière Volkswagen avec 180 600 ventes. Avec la Corona, Toyota a trouvé la formule pour réussir aux États-Unis. Écouter les desiderata des clients et les traduire une voiture fiable, pas chère et aux prestations honnêtes.
Source photo : Toyota
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