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par La rédaction

Un été au Japon — Mazda Luce (1966-1972)

Pour se lancer à la conquête du marché japonais, Mazda va s’appuyer sur le principe de la pyramide en dévoilant tous les deux ans un nouveau modèle montant en gamme. Après la R360 de 1960, la Carol de 1962 et la Familia en 1964, Mazda lance la Luce qui affirme ses ambitions à l’international.

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Alors que Honda, Nissan et Toyota s’appuient sur leurs studios de design interne pour dessiner les futurs modèles, certains constructeurs japonais font appel à des compétences extérieures, en l’occurrence italiennes, pour se construire une image de marque encore balbutiante. Mazda va ainsi s’offrir en avril 1962 les services de Bertone qui va faire travailler un designer du nom de Giorgetto Giugiaro. Le talent du jeune designer va donner naissance à une berline 4 portes à la silhouette élégante qui se démarque par une ligne de caisse très basse, des montants de pare-brise et de custodes très fins ainsi qu’une grande surface vitrée. Pour un premier essai, c’est une réussite. Pour célébrer cette large surface vitrée, Mazda va baptiser sa berline Luce pour lumière en italien.

La Mazda Luce, une voiture bien née sous presque toutes les coutures

Avec sa longueur de 4,37 m, sa largeur de 1,63 m et sa hauteur de 1,41 m, la Mazda Luce se positionne entre le segment des Toyota Corona et des Nissan Cedric. Homologuée pour six personnes, la Mazda Luce est équipée de deux banquettes. Les passagers profitent d’un habitacle goût du jour avec notamment une planche de bord rembourrée qui marrie plastiques noirs et faux bois. Face à lui, le conducteur jouit d’une instrumentation qui se limite à l’essentiel avec tachymètre et divers indicateurs. La seule réelle faute de goût concerne le volant à deux branches que l’on remplacerait vite par un trois branches Nardi même si à sa sortie la Mazda Luce n’est guère disposée à la performance.

Lors de sa présentation, la Mazda Luce est propulsée par un 4 cylindres de 1 490 cm3. De conception moderne avec la présence d’un arbre à cames en tête et armé d’un carburateur double-corps Stromberg, il délivre une puissance respectable de 78 ch à 5 500 tr/min et un couple de 115 Nm à 2 500 tr/min. Des valeurs correctes pour son gabarit, mais le moteur doit composer avec une Luce plutôt lourde avec ses 1 030 kg dès la version de base. Accouplé à une boîte manuelle à 4 rapports tous synchronisés, il emmène la berline d’Hiroshima à 150 km/h. En option, il est possible d’avoir une boîte automatique à trois rapports. Le manque de caractère et de performances pourra cependant être pardonné eu égard aux tarifs compétitifs.

Lancée le 20 août 1966 sur le marché japonais, la Mazda Luce est disponible en deux versions, Standard et Deluxe. La première vendue 695 000 yens en offre déjà pour son argent quand on la compare à la concurrence puisqu’une Subaru 1000 SS plus courte de 50 cm est 75 000 yens moins chers. Mieux équipée, la Deluxe ajoute des accoudoirs centraux sur les deux banquettes qui gagnent aussi une sellerie de meilleure qualité, une radio avec antenne électrique, une montre montée sur la planche de bord et quatre couleurs supplémentaires au catalogue pour quelques dizaines de milliers de yens de plus.

La première évolution de la Mazda Luce est l’apparition d’un break en avril 1967. Comme la berline, il arbore une ligne élégante et en conserve la large surface vitrée. Il est ainsi avec la Simca 1550 un des plus beaux breaks des années soixante.

La deuxième évolution est le lancement de 1500 SS en juin. Cette version aux prétentions sportives voit le 1,5 litre gagner un deuxième carburateur double corps Stromberg et un taux de compression augmenté de 8,2 : 1 à 9,0 : 1. La puissance sautille de 8 ch à 86 ch au même régime tandis que le couple passe de 115 Nm à 118 Nm, mais à un régime plus élevé de 500 tr/min. Face à cette débauche, Mazda dote la Luce de disques à l’avant qui approche maintenant les 160 km/h. Elle ne laisse toutefois personne dupe quant a ses prétentions sportives. Elle convainc plus par sa présentation. Extérieurement, elle se distingue par une grille de calandre noire, des badges SS et des phares antibrouillards. À l’intérieur, les modifications sont plus notables puisque la banquette avant est remplacée par deux sièges séparés qui permettent de faire de la place pour un levier de vitesse. L’instrumentation gagne un compte-tours et le volant est désormais à trois branches.

La Mazda Luce a enfin le moteur qu'elle mérite

L’année 1968 voit l’arrivée des ceintures de sécurité à l’avant en septembre. Mais la véritable nouveauté est le lancement d’un nouveau poumon digne des prétentions de la Mazda Luce en décembre. Mazda apprend vite et reprend donc la 1500 SS dans laquelle il installe un moteur 1,8 litre extrapolé du 1,5 litre. L’augmentation de la cylindrée est obtenue par l’augmentation de la course de 78 à 94 mm. Ce moteur plus gros va accidentellement ajouter une petite bosse et une prise d’air au capot permettant ainsi de différencier facilement les 1800 des 1500. La puissance bondit cette fois-ci à 104 ch toujours au régime de 5 500 tr/min et le couple passe de 118 Nm à 152 Nm. Les performances progressent et la Luce atteint désormais une vitesse de pointe de 165 km/h. Cette nouvelle motorisation ne va pourtant pas sauver la carrière commerciale de la première génération de Mazda Luce.

Malgré les efforts de Mazda, la Luce n’a jamais trouvé sa clientèle sur le marché japonais. Destinée à lancer le constructeur sur les marchés étrangers, son exportation tardive aux États-Unis en 1970 va limiter ses ventes à 4 700 unités. Il faut dire que la première année Mazda est implanté uniquement dans les états d’Oregon et de Washington. Fort heureusement, l’Australie et la Nouvelle-Zélande lui réservent un meilleur accueil et apprécient ses prestations pour un prix extrêmement compétitif. En Europe, son tarif sera moins compétitif et le Mazda Luce affrontera la concurrence européenne en ne comptant que sur ses qualités, excellentes au demeurant si l’on en croit la presse de l’époque. Ce n’est pas suffisant pour la sortir de l’anonymat. À sa sortie du catalogue en 1972, malgré une carrière commerciale en demi-teinte, la Luce a prouvé que Mazda pouvait produire une berline digne de la concurrence et ce moins de dix ans après avoir décidé de se lancer dans l’automobile.

Source photo : Mazda

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Pour se lancer à la conquête du marché japonais, Mazda va s’appuyer sur le principe de la pyramide en dévoilant tous les deux ans un nouveau modèle montant en gamme. Après la R360 de 1960, la Carol de 1962 et la Familia en 1964, Mazda lance la Luce qui affirme ses ambitions à l’international.

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