Non content d'être bientôt le président des Etats-Unis, Donald Trump semble désormais vouloir influer sur la politique industrielle du Japon. Après s'être attaqué en début de semaine à GM, le milliardaire a menacé jeudi Toyota de ses foudres douanières si le constructeur persistait à vouloir construire une usine à Baja, au Mexique, pour fabriquer des voitures destinées au marché américain.
"PAS QUESTION! Construisez des usines aux Etats-Unis ou payez d'importantes taxes à la frontière", a tweeté Donald Trump, dans son style caractéristique. La volonté par Toyota de construire une nouvelle usine d'assemblage au Mexique pour y fabriquer des modèles Corolla déplaît fortement au nouvel homme fort des Etats-Unis.
Mais au-delà de ses propos menaçants, le futur président (et/ou ses ses conseillers) n'a semble-t-il pas tout à fait fouillé le dossier à fond puisque quelques recherches sur internet nous confirment ce que précise non sans humour la presse canadienne. A savoir que si en avril 2015 Toyota a annoncé officiellement son intention d’investir 1 milliard de dollars dans une nouvelle usine mexicaine capable de produire 200 000 Corolla par année, le site qui doit ouvrir ses portes en 2019, est cependant en construction dans l’État de Guanajuato, et non dans celui de Baja. Mieux encore la firme japonaise a posé la première pierre de son usine de Apaseo el Grande en novembre 2016. Un événement annoncé lors d'une conférence de presse par Mike Bafan, président de Toyota Motor Manufacturing de Guanajuato et Baja. Ce qui n'avait pas échappé au site mexicain de Forbes. La presse canadienne précise encore que si Toyota a bel et bien une usine dans l’État de Baja, le constructeur y construit des pick-up Tacoma.
Il sera donc difficile pour Toyota d'annuler ce projet d'expansion au Mexique, et ce, contrairement à Ford qui vient d'annoncer avoir changé son fusil d'épaule avant que la décision d'établir un nouveau site sur le territoire mexicain ne soit entérinée.
Anticipant d'éventuelles menaces de Trump, le PDG de Toyota, Akio Toyoda, avait déclaré plus tôt dans la journée, lors d’une rencontre réunissant des professionnels du secteur à Tokyo, qu’il n’envisageait pas de réduire sa production au Mexique. « Nous étudierons nos options quand nous verrons quelle politique le nouveau président choisira », s'est-il contenté de répondre à une question sur le sujet. Le président de Honda, Takahiro Hachigo, avait alors exprimé la même opinion. « Nous produisons des voitures au Mexique pour des marchés comprenant l'Amérique du Nord et l'Europe, et nous n'avons pas de plan dans l'immédiat pour changer cela », a-t-il déclaré.
Le Mexique se trouve donc particulièrement ciblé, Trump ayant particulièrement du mal à digérer les investissements de Ford et GM dans le pays. Si l'on pouvait un tantinet admettre que la délocalisation des constructeurs US puisse heurter le futur président, son ingérence dans la politique économique et industrielle du Japon semble quant à elle quelque peu outrancière.
En avril 2015, Toyota a officiellement annoncé son intention de déménager la production de la nouvelle Corolla du Canada – et non pas des Etats-Unis – vers le Mexique. La presse canadienne avait alors rapporté que deux mille emplois seraient créés sur le nouveau site lorsque la production aura atteint sa pleine capacité. Toyota avait parallèlement indiqué qu'il allait continuer à investir dans son usine de Cambridge, en Ontario. Le transfert annoncé fait partie d’un vaste plan mondial de transition des activités de production du groupe nippon.
« Cette redéfinition stratégique de la façon dont nous construisons nos produits et de leur lieu de production ouvrira de nouvelles perspectives à notre société, à nos partenaires commerciaux et aux membres des équipes de toute la région » avait alors ajouté Toyota dans un communiqué.
Sources : AFP, CNW, Presse canadienne
Crédit Photo : Toyota