Ron Dennis viré de McLaren
Ron Dennis est une figure emblématique de McLaren, autant que son fondateur, Bruce McLaren. Après avoir pris le contrôle de l'écurie, le voilà poussé vers la sortie par ses anciens soutiens.
Ron Dennis est une figure emblématique de McLaren, autant que son fondateur, Bruce McLaren. Après avoir pris le contrôle de l'écurie, le voilà poussé vers la sortie par ses anciens soutiens.
"Je suis déçu que les représentants de TAG et Mumtalakat, les autres principaux actionnaires de McLaren, aient poussé pour me mettre en repos forcé malgré les fortes mises en garde du reste du management sur les conséquences potentielles sur le business. Leurs raisons sont totalement fallacieuses, mon style de management est tel qu'il a toujours été et est celui qui a permis à McLaren de devenir un groupe automobile et technologique qui a remporté 20 championnats en Formule 1 et qui génère 850 millions de livres annuellement" commence un Ron Dennis visiblement remonté.
Le voilà mis en retrait (en "jachère") jusqu'à l'expiration de son mandat actuel, en janvier 2017. Remerciant tous les talents qu'il a croisés au fil de sa vie chez MaLaren, Dennis poursuit : "En définitive, il m'est devenu évident, à travers ce procédé, que ni TAG, ni Mumtalakat ne partagent ma vision pour McLaren et son réel potentiel de croissance. Mais ma principale inquiétude est pour l'entreprise que j'ai bâtie et ses 3 500 employés". Ron Dennis ne s'avoue tout de même pas totalement vaincu puisqu'il conserve ses 25% dans le groupe et un certain pouvoir de nuisance.
"Je continuerais d'utiliser mon actionnariat important dans les deux sociétés et mes sièges dans chacun des Conseils d'Administration pour protéger les intérêts et les valeurs de McLaren et aider à façonner son avenir".
Pour Ron Dennis, cela ressemble un peu à un tardif pied de nez de l'histoire. En effet, Dennis, mécanicien formé sur le tas, a rapidement grimpé les échelons dans différentes écuries anglaises dont par exemple Brabham (juste avant son rachat par Bernie Ecclestone) dans des formules intermédiaires. Mais, le but de Dennis c'est la Formule 1. Pour y arriver, il fonde "Project Four" qui aligne des voitures en Formule 3 et remporte deux fois le championnat anglais. Il côtoie les pilotes de Formule 1 (dont Lauda qu'il embauchera plus tard) et a le soutien du cigarettier Marlboro. La marque soutient également l'écurie de F1 McLaren.
Le premier tour de force de Dennis c'est d'avoir convaincu Marlboro de lâcher le patron de McLaren, Teddy Mayer, et de présider au mariage de McLaren et de Project Four en 1980. Il en reste des traces dans les noms des monoplaces de F1 qui commencent par MP4 depuis lors. Une fois au contrôle de la nouvelle écurie 'McLaren International', Ron Dennis la révolutionnera avec la première monoplace en composites et un management dur mais efficace. Dennis sait s'entourrer. Pour relancer l'écurie il prend John Barnard, inventeur de nombreuses avancées technologiques. Il sort Lauda de sa "retraite" en 1982. Puis, il donne, plus tard, carte blanche à un certain Adrian Newey qu'il nomme au poste de Directeur Technique.
Sous son ère, l'écurie décroche 7 de ses 8 titres constructeurs et 10 de ses 12 titres pilotes en Formule 1. C'est également l'une des pages mythiques de la F1 avec les McLaren blanches et rouges qui dominent plus de 10 ans la discipline, avec 7 titres pilotes.
Son deuxième tour de force, c'est sa vision d'un groupe automobile complet. En 1990 nait McLaren Cars (devenu McLaren Automotive depuis) et le premier essai est transformé avec la McLaren F1 qui sort en 1993 et va conquérir les 24 Heures du Mans en 1995. Là encore, Dennis sait s'entourer avec Gordon Murray à la baguette.
Mais, l'activité de constructeur automobile se met en sommeil, pour mieux développer la partie technologies, dérivée étroitement de la compétition. Une fois cette activité bien installée avec par exemple la Mercedes SLR, l'automobile de route est relancée avec la MP4-12C en 2011, la 650S, la P1, etc. Côté écurie de F1 en revanche, c'est une période plus difficile. En 2007, bientôt 10 ans, McLaren recrute Fernando Alonso, aligné au côté de Lewis Hamilton. Les flèches d'argent de l'époque sont les voitures à battre mais, une guerre larvée entre les deux pilotes pourrit l'ambiance. Pire, McLaren est accusée d'espionnage (le Stepneygate) et se voit exclue du championnat.
Entaché par cette affaire, et voulant officiellement se consacré au développement de la partie automobile et technologie, Ron Dennis fait un pas en arrière forcé de la F1 et laisse son bras droit, Martin Whitmarsh à la manoeuvre. Au même moment, Mercedes, le motoriste qui a redonné des couleurs à l'écurie, et qui détient 40% de celle-ci, décide de se lancer en solo faute de pouvoir racheter l'écurie, obligeant McLaren à racheter les parts de son motoriste.
Ron Dennis reste dans l'ombre et tire les ficelles pour faire venir des investisseurs qui injectent des centaines de millions. L'actionnariat se diversifie avec par exemple le fond souverain du Bahreïn, Mumtalakat qui prend le contrôle de McLaren Technology Groupe (la holding) tout en laissant Dennis à la barre. Après le rachat des parts de Mercedes (40%), l'actionnariat est 25% pour Dennis, 25% pour TAG/Ojjeh et 50% pour Mumtalakat.
Visiblement méfiant et mécontent de l'actionnariat (Mumtalakat est très proche du Saoudien Ojjeh), Dennis décide de racheter les parts de Mumtalakat en 2014. Mais Dennis a échoué à réunir suffisamment de fonds pour racheter les 50% de Mumtalakat (environ 2 milliards d'euros !). Ayant raté son "putsch", le voilà poussé, à 69 ans vers une cage dorée.
Mais le natif de Woking n'a sans doute pas dit son dernier mot. "Je compte lancer un nouveau fonds d'investissement technologique, une fois que mes engagements contractuels avec McLaren seront terminés. Il capitalisera sur mon expertise, mes ressources financières ainsi que sur des investissements externes pour poursuivre les nombreuses opportunités commerciales que j'ai rencontré ces dernières années, mais que je n'avais pu saisir, trop engagé que j'étais dans mon business actuel" termine Ron Dennis.
Ron Dennis va-t-il fonder une nouvelle marque automobile ? Ou aider une marque en difficulté à se relancer (Lotus par exemple) ? Voire, rebondir dans une écurie de F1 ? Certains le voyaient en successeur de son vieux complice Bernie Ecclestone. Voilà une belle opportunité de prendre les rênes de la Formule 1 tout juste rachetée par Liberty Media. Honda, que Dennis a convaincu de revenir en F1, n'a pour le moment pas réagi à l'annonce.
Source : McLaren Technology Group, Ron Dennis, Illustration : MTG
Ron Dennis est une figure emblématique de McLaren, autant que son fondateur, Bruce McLaren. Après avoir pris le contrôle de l'écurie, le voilà poussé vers la sortie par ses anciens soutiens.
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