Organisé par la Fédération Internationale de l’Automobile et Citroën Racing pour la troisième année, le championnat FIA Junior WRC n’a pas échappé à la règle, selon laquelle il constituait un passage quasi obligé pour les espoirs du rallye.Dernier rallye du championnat Junior WRC au Pays de GallesQuand nous avons pris la décision de suivre tout au long de la saison 2016 le jeune Vincent Dubert nous connaissions parfaitement le niveau global de cette catégorie, au sein de laquelle notre jeune ami de 23 ans allait devoir se confronter à des pilotes déjà « rodés » dans ce championnat, tels Veiby second du Junior en 2015, Koci déjà sur le podium en 2014 ou encore, les Tempestini, Crugnola, sans compter un autre redoublant, français celui-là : Terry Folb. On se devait d’ajouter, Al Mutawaa, soucieux de parfaire son expérience avant d’ambitionner de monter en WRC, comme tous les autres d’ailleurs dont d’autres rookies français tels que Fréderic Hauswald ou Romain Martel. Il aura fallu attendre la dernière épreuve au Pays de Galles pour savoir si le pari de la constance et du sérieux dans l’apprentissage de ces rallyes, au format mondial très exigeant, était gagné. Dès la première spéciale de 31 kilomètres, Vincent Dubert et Alexandre Coria sont confrontés à un terrain, boueux, glissant, piégeux à souhait. L’auto réglée un « peu trop dure », s’avère tellement délicate à piloter, qu’il leur faut modifier eux-mêmes les réglages, sur le parcours de liaison puisqu’aucune assistance n’est prévue à la mi-journée. Dans l’affaire, les deux compères récupèrent une pénalité pour retard de pointage au contrôle horaire et, même s’ils n’ont pas retrouvé une auto parfaite, ils vont s’en accommoder. Ils fournissent tous les efforts pour rester dans la course et marquer des points au championnat, les divers aléas de leurs concurrents en cours de saison, leur permettant d’entrevoir un podium 2016. La suite de cette première journée les conforte dans cette attitude de prudence. Vincent et Alexandre se concentrent au maximum sur l’objectif de rester sur la route, même si un tête à queue sans frais les incite à redoubler d’attention sur ce parcours très délicat du Rallye du Pays de Galles. Alerte au feu !Les premières spéciales de la seconde journée leur fournissent l’occasion de s’étalonner un peu mieux par rapport aux Koci ou Tempestini et d’aligner des temps plus que corrects. Hélas, en fin de la spéciale N° 12, quelques alertes de perte de puissance se traduisent à l’arrivée par l’explosion du turbo, entraînant un début d’incendie dans le compartiment moteur, que les commissaires éteignent sans tarder. Vincent et Alexandre sont vraiment sous pression. Ils veulent à tout prix repartir. C’est compliqué. Certaines pièces plombées ont souffert. Peut-on intervenir ? Enfin l’autorisation de poursuivre en rallye 2 est accordée, après avoir encaissé bien entendu, les grosses pénalités afférentes aux spéciales non courues, qui vont avec. Le dimanche donc, la DS 3 N° 66 reprend logiquement place dans la colonne des concurrents au départ des six spéciales, au programme de cette troisième et dernière journée. Comme on peut s’en douter,le début d’incendie a laissé des traces… et des séquelles. En fait, les amis roulent sans bénéficier de toute la puissance de leur auto (ils roulent en mode "route" et ne peuvent enclencher le mode "stage"). Rien à voir avec une vraie voiture de course. La DS 3 en bête blessée roule sans bénéficier de sa cavalerie. On peut facilement imaginer que les deux compères, Vincent et Alexandre croisent les doigts pour franchir la ligne d’arrivée, et qu’ils sont sans doute prêts à pousser la voiture pour y parvenir. Ils n’auront pas à le faire, mais le calvaire sera bien long.
Sur le podium du championnatSpéciale après spéciale, toute leur volonté, tous leurs espoirs sont tournés vers l’ultime mètre de la dernière spéciale, la power stage de 8,93 kilomètres. Ouf ils en voient le bout ! Même si leur temps sur 9 kilomètres sont à plus de trois secondes du premier de leur catégorie, ils touchent au but final du rallye avec en prime les douze points marqués au championnat. Ces points ultimes sont de l’or puisqu’ils signifient que la troisième marche du podium du championnat junior WRC leur est acquise. Vincent finit donc 3ème du J-WRC, premier "rookie" et premier Français. Bravo ! Sans vouloir faire péter des temps à priori, mais persuadé que cette année 2016 devait être avant tout celle d’un apprentissage méthodique du mondial. Vincent Dubert fidèlement soutenu par Alexandre Coria a su méthodiquement engranger beaucoup d’expérience tout au long de la saison. Malgré les aléas mécaniques en Corse et au pays de Galles notamment où l’on pouvait penser que l’équipage avait embarqué un chat noir, les deux jeunes du peloton ont fait preuve de maturité, de sagesse et d’obstination parfois. Ils ont marqué des points à chaque rallye et accompagneront Tempestini et Koci sur le podium de la saison. A peine descendu de voiture ou presque, Vincent Dubert se tourne maintenant vers 2017. Son prochain objectif hivernal consiste déjà à trouver un financement pour rouler à nouveau en championnat Junior WRC, et cette fois le gagner. A 24 ans depuis le 16 octobre, Vincent saura d’ici là capitaliser sur tous les enseignements accumulés au cours de cette saison en vue de poursuivre sa progression vers l’élite des rallyes, dans la catégorie reine. Alain Monnot Photos : Junior-WRC et team |