24 Heures du Mans 2016 : Toyota domine et Porsche gagne !
par Alain Monnot

24 Heures du Mans 2016 : Toyota domine et Porsche gagne !

Depuis quelques années les compétitions d'endurance ont tellement évolué qu'elles s'apparentent à des courses de vitesse, ce que l'on pourrait comprendre pour les épreuves de 6 heures, mais ici au Mans , ce fut bien un mano a mano entre Porsche et Toyota, lancé après que la voiture de sécurité se soit effacée jusqu'au baisser du drapeau à damier avec un rebondissement à 3 minutes de la fin. Le plus fabuleux dans ce cru manceau 2016 réside dans le fait d'une opposition tout aussi farouche dans toutes les catégories de course: LMP1, LMP, GTE Pro et GTE Am.

Zapping Le Blogauto Essai Jeep Avenger de 156 chevaux

Safety-car pour le début de course

Nous ne reprendrons pas par le menu tous les épisodes de cette course débutée sous les trombes d'eau lors de la libération du chapelet de voitures, par un Brad Pitt stoïque et souriant sous l'averse, entouré du Président de l'ACO et Todt de la FIA. Très rapidement des tendances se dessinaient. Pour la gagne, Audi n'apparaisait vraiment pas dans le jeu, alors que Porsche entendait marquer son territoire, et que Toyota entendait bien ne rien lâcher.

En LMP2, les châssis ORECA damaient le pion aux Ligier qui rendaient même la main face aux Gibson. On voyait poindre les contours de la lutte finale entre le G-Drive Racing et Signatech-Alpine. En GTE Pro, le retour en fanfare de Ford ébranlait Ferrari opposant cependant une sérieuse résistance, tout comme les Porsche en GTE Am.

Une fois ce décor général bien installé, il fallait observer avec minutie les évolutions des classements au fur et à mesure des ravitaillements pour comprendre la stratégie mise en œuvre et, éventuellement les contre-mesures déclenchées, pour mieux contrer un adversaire trop menaçant. Cette course aura été aura été d'un bout à l'autre palpitante et à tous les étages l'indécision a régné en maitresse absolue.

Suspense pour la victoire dans toutes les catégories

Pour la victoire, il aura fallu attendre et encore attendre comme si les dés ne se décidaient pas à rouler du côté de Porsche ou de Toyota. Audi était écarté du tapis vert du casino à cause d'ennuis multiples obligeant les N° 7 et N° 8 à fréquenter le stand plus que de raison (turbo, électricité...).

Pendant des heures les changements de leader se sont succédés ( plus de 30 fois durant la course) et nous avons observé les parfois trois voitures de tête se tenant dans un mouchoir de poche - moins de 3 secondes! Porsche avait laissé des plumes très tôt avec des problèmes de surchauffe moteur sur la N°1, laissant sa sœur guerroyer contre les deux Toyota N°5 et N°6.

Prise en tenaille entre les deux nipponnes ambitieuses et désireuses de pouvoir revendiquer "ma TS050 est fantastique", la Porsche comptait sur ses ressources avérées l'an dernier pour repousser les assauts incessants menés par des triplettes de pilotes hyper motivées et efficaces. (Davidson-Buemi-Nakajima sur la N°5 et Sarrazin- Conway-Kobayashi sur la N°6).

Toyota n'abattait pas tous ses atouts d'un coup et appliquait en tout point un plan mainte fois expliqué par Pascal Vasselon, le directeur technique. Avec tous les paramètres techniques sous contrôle, il suffisait (pourrait-on dire) que les pilotes ne se fassent pas piéger par le trafic. Kobayashi exécuta bien une amorce de figure libre, sans gravité, puisque la voiture n'était déjà plus dans le même tour que les deux combattants de première ligne.

A ce propos, si nous avons bien suivi les divers épisodes d'une passe d'armes assez homérique, nous pouvons écrire que chez Toyota, on ravitaillait tous les 14 tours alors que chez Porsche il fallait s'arrêter au bout de 13 tours. Toyota une fois la piste asséchée samedi soir opta systématiquement pour des triples relais avec les pneumatiques, alors que Porsche l'ayant fait durant un bon moment, s'en tint à deux relais en milieu de matinée dimanche. Cette information était de nature à faire dire dans le clan japonais que chez Porsche "ils n'étaient pas aussi bien que cela".

Si l'on se penche également sur l'évolution des classements en catégorie LMP2 on constate que trois concurrents ont rapidement émergé du lot: Thiriet by TDS, Signatech Alpine et G Drive. La N° 46 de Thiriet étant sortie de la piste, les deux autres ont poursuivi une explication sans merci. Toute la science de la course et l'immense expérience de Philippe Sinault a prévalu pour contrôler la situation. Opération délicate en raison de la perte de l'autre Alpine échappant au contrôle de Nelson Panciatici, suite à problème mécanique restant à expliquer et nécessitant pourtant un arrêt supplémentaire pour de vérification sécuritaire sur la N°36.

Dans le stand de la Morgan N° 84 on n'avait pas attendu pour se congratuler. Frédéric Sausset sortait de son ultime relais sous les embrassades et même avec une larme au coin de l'œil pour Christophe Tinseau le coéquipier, l'ami, le coach. Tous les deux laissaient le soin à Bouvet de boucler la dernière heure de ce défi technologique et humain exceptionnel.

Lors de cette même dernière heure de course interminable à cause de la fatigue mais aussi de l'enjeu énorme d'une victoire au Mans. Toni Vilander devait regretter sa petite incartade dans les graviers avec la Ferrari N°82 de Risi Competizione, qui avait permis à la Ford n°68 de reprendre la tête après plus de 19 heures de rivalité intense. C'était sans compter sur la farouche détermination de Fisichella à ne pas accepter cette fatalité ce qui donnait lieu à des prises de risques importantes tant de Muller ( Ford N° 68) que l'ex-pilote de F1.

A une demi-heure de la fin de course, alors qu'un très nombreux public était revenu se masser dans les tribunes face aux stands, une sorte de tension extrême habitait tout autant la salle de presse que les stands des potentiels vainqueurs que le sortilège du Mans pourrait encore priver des lauriers autant désirés.

Devoir surveiller simultanément quatre classements n'est pas chose courante. Laissons au lecteur le soin de décrypter le tableau de classement mais ceux qui n'ont pas suivi cette fin de course en direct auront du mal à se rendre compte ce que peut représenter un tel suspense où dans les quatre catégories le couronnement tient à une poignée de secondes.

Un renversement de situation incroyable

A dix minutes de la fin la Porsche N° 2 tuait un peu le final d'une dramaturgie bien montée en s'arrêtant pour un ultime pit-stop plus diplomatique que nécessaire, et semblait donner ainsi un tout petit plus d'air à la Toyota N° 5, qui n'en demandait pas tant. Un geste élégant de la part de l'équipe allemande pour permettre au vainqueur de profiter de son arrivée.

Alors que l'on allait aborder le dernier tour de course, comme dans tous ces grands moments que nous procurent les 24 heures les écrans de télévision nous dévoilaient les visages des responsables japonais et du staff esquissant un sourire. Puis, subitement, alors que tout le monde guettait les voitures de tête, la Toyota no5 se mettait à ralentir. On pensait un moment qu'il s'agissait d'une façon de se caler sur la pendule. Mais il était trop tôt, et les visages se tendaient dans le stand Toyota, alors que les yeux s'écarquillaient dans ceux du stand Porsche. Et l'impensable se produisait. Lors du passage sous la pendule, à l'entame du dernier tour, la Toyota de tête venait mourir sur la piste en face de la grande tribune et la voix désespérée de Kazuki Nakajima retentissait dans la radio : "No power !". Les restes de sourire dans l'équipe japonaise tournaient à l'expression d'horreur puis aux larmes, alors qu'explosait la joie et les embrassades à l'intérieur du stand Porsche. Dumas-Jani-Lieb venaient de gagner cette 84ème édition, et la légende du Mans venait d'écrire une nouvelle page de son incroyable saga. La Toyota no5 agonisante repartait pour un tour au ralenti, sur un filet d'électricité, trop long pour lui permettre d'être classée et cela permettait à la voiture soeur, la no6, de prendre la seconde place du podium et à l'Audi no8 de continuer in extremis la tradition des voitures d'Ingolstadt sur le podium du Mans.

Alpine réussit en LMP2 une très belle performance, qui pourra accompagner lancement de la nouvelle voiture de route. Les Bleus remportent la catégorie LMP2 de belle manière, au terme d'une bataille âpre dans une catégorie où les prétendants à la victoire furent nombreux. Ils devancent l'Oreca-Nissan G-Drive numéro 26 et la BR01-Nissan du SMP Racing numéro 37.

Ford n'a pas eu la vie facile face à la Ferrari Risi Competizione qui a défendu avec panache les couleurs de Maranello après que les deux voitures officielles AF Corse aient abandonné, mais Bourdais et ses coéquipiers Hand et Muller sur leur N° 68 raflent la mise pour un retour d'anthologie en GT. La numéro 68 devance la Ferrari 82 et la Ford GT soeur numéro 69. Ford et Ferrari sont décidément indissociables au Mans. Mission accomplie pour Ford, malgré la polémique sur la balance de performance qui a fait rage pendant la semaine.

Ferrari peut se consoler avec un doublé en GTE Am avec les N°62 et 83. La concurrence a fait un peu illusion mais la dernière partie de course a montré la main mise des 458 Italia sur la catégorie.

En guise de conclusion nous reprendrons ce propos de Pascal Vasselon "on ne peut pas décider de gagner Le Mans" et adresserons un immense coup de chapeau à toute son équipe, décidément maudite dans la Sarthe.

Crédit photographique: Gilles Vitry

PosStateCatTeamCarTLapsGapBest lap
12RunP1Porsche TeamPorsche 919 HybridM3843:21.756
26RunP1Toyota Gazoo RacingToyota TS050 - HybridM3813 Laps3:21.445
38RunP1Audi Sport Team JoestAudi R18M37212 Laps3:22.206
47RunP1Audi Sport Team JoestAudi R18M36717 Laps3:23.043
536RunP2Signatech AlpineAlpine A460 - NissanD35727 Laps3:37.195
626RunP2G-Drive RacingOreca 05 - NissanD3572:40.6403:36.558
737RunP2SMP RacingBR01 - NissanD35331 Laps3:40.065
842RunP2Strakka RacingGibson 015S - NissanD35133 Laps3:38.795
933RunP2EURASIA MOTORSPORTOreca 05 - NissanD34836 Laps3:38.605
1041RunP2Greaves MotorsportLIGIER JS P2 - NissanD34852.6183:41.806
1127RunP2SMP RacingBR01 - NissanD34737 Laps3:39.445
1223RunP2Panis Barthez CompetitionLIGIER JS P2 - NissanM3471:50.3253:39.629
131RunP1Porsche TeamPorsche 919 HybridM34638 Laps3:21.816
1449RunP2MICHAEL SHANK RACINGLIGIER JS P2 - HONDAD34539 Laps3:37.339
1543RunP2RGR Sport by MorandLIGIER JS P2 - NissanD34440 Laps3:38.734
1630RunP2Extreme Speed MotorsportsLIGIER JS P2 - NissanD34143 Laps3:42.146
1725RunP2Algarve Pro RacingLIGIER JS P2 - NissanD34101/09/173:40.450
1868RunProFORD CHIP GANASSI TEAM USAFord GTM34044 Laps3:51.840
1982RunProRISI COMPETIZIONEFerrari 488 GTEM3401:00.2003:52.269
2069RunProFORD CHIP GANASSI TEAM USAFord GTM3401:24.7943:51.514
2166RunProFord Chip Ganassi Team UKFord GTM33945 Laps3:51.582
2240RunP2Krohn RacingLIGIER JS P2 - NissanM33846 Laps3:39.988
2395RunProAston Martin RacingAston Martin VANTAGED3381:43.1073:53.293
2497RunProAston Martin RacingAston Martin VANTAGED33747 Laps3:53.809
2563RunProCorvette Racing - GMChevrolet Corvette C7.RM33648 Laps3:53.398
2662RunAmScuderia CorsaFerrari 458 ItaliaM33153 Laps3:56.671
2783RunAmAF CorseFerrari F458 ItaliaM3312:54.8973:56.639
2888RunAmAbu Dhabi-Proton RacingPorsche 911 RSRM33054 Laps3:57.989
2912RunP1Rebellion RacingRebellion R-One - AERD33027.3813:26.838
3061RunAmClearwater RacingFerrari 458 ItaliaM32955 Laps3:57.339
3177RunProDempsey - Proton RacingPorsche 911 RSR (2016)M3291:01.9943:54.377
3222RunP2SO24 ! BY LOMBARD RACINGLIGIER JS P2 - JuddD32856 Laps3:43.769
3386RunAmGulf RacingPorsche 911 RSRM3282:06.4723:58.004
3448RunP2Murphy PrototypesOreca 03R - NissanD32361 Laps3:41.582
3560RunAmFormula RacingFerrari 458 ItaliaM31965 Laps3:57.218
3699RunAmAston Martin RacingAston Martin V8 VantageD31866 Laps3:58.503
3750RunAmLarbre CompetitionChevrolet Corvette C7-Z06M31668 Laps3:57.739
3884RunCDNTSRT41 By OAK RacingMorgan LMP2 - NISSANM31569 Laps3:46.131
3957RunAmTeam AAIChevrolet Corvette C7-Z06M30678 Laps3:57.939
4067RunProFord Chip Ganassi Team UKFord GTM3062:48.7533:52.453
4178RunAmKCMGPorsche 911 RSRM30084 Laps3:58.417
4231RunP2Extreme Speed MotorsportsLIGIER JS P2 - NissanD29787 Laps3:39.156
4334RunP2RACE PERFORMANCEOreca 03R - JuddD29714.7743:43.647
4455RunAmAF CorseFerrari 458 ItaliaM28995 Laps3:56.634
455RunP1Toyota Gazoo RacingToyota TS050 - HybridM3840.0003:22.495
4628RunP2Pegasus RacingMorgan - NissanM29292 Laps3:41.670
4798RunAmAston Martin RacingAston Martin V8 VantageD281103 Laps3:57.718
4838PitP2G-Drive RacingGibson Gibson 015S - NissanD222162 Laps3:40.274
4913RunP1Rebellion RacingRebellion R-One - AERD200184 Laps3:26.957
5044RetP2ManorOreca 05 - NissanD283101 Laps3:36.259
5146RetP2Thiriet By Tds RacingOreca 05 - NissanD241143 Laps3:37.957
5235RetP2Baxi DC Racing AlpineAlpine A460 - NissanD234150 Laps3:37.444
5364RetProCorvette Racing - GMChevrolet Corvette C7.RM219165 Laps3:54.359
544RetP1Bykolles Racing TeamCLM P1/01 - AERD206178 Laps3:36.288
5551RetProAF CorseFerrari 488 GTEM179205 Laps3:52.541
5671RetProAF CorseFerrari 488 GTEM143241 Laps3:53.434
5792RetProPorsche MotorsportPorsche 911 RSR (2016)M140244 Laps3:53.500
5891RetProPorsche MotorsportPorsche 911 RSR (2016)M135249 Laps3:53.754
5947RetP2KCMGOreca 05 - NissanD116268 Laps3:39.650
6089RetAmProton CompetitionPorsche 911 RSRM50334 Laps4:01.419

Vous cherchez un véhicule d'occasion ?

Retrouvez des milliers d’annonces sélectionnées pour vous aider à trouver le bon véhicule d’occasion.
Podcast Men Life
 

Pour résumer

Depuis quelques années les compétitions d'endurance ont tellement évolué qu'elles s'apparentent à des courses de vitesse, ce que l'on pourrait comprendre pour les épreuves de 6 heures, mais ici au Mans , ce fut bien un mano a mano entre Porsche et Toyota, lancé après que la voiture de sécurité se soit effacée jusqu'au baisser du drapeau à damier avec un rebondissement à 3 minutes de la fin. Le plus fabuleux dans ce cru manceau 2016 réside dans le fait d'une opposition tout aussi farouche dans toutes les catégories de course: LMP1, LMP, GTE Pro et GTE Am.

Alain Monnot
Rédacteur
Alain Monnot

La quotidienne

Retrouvez tous les soirs une sélection d'articles dans votre boite mail.