Salaire de Carlos Ghosn, Emmanuel Macron menace de légiférer
la validation du salaire du PDG par le Conseil d'Administration.
la validation du salaire du PDG par le Conseil d'Administration.
La guerre entre l'Etat actionnaire (par la voix de son Ministre de l'Economie Emmanuel Macron) et le PDG du groupe Renault Carlos Ghosn a débuté il y a un peu plus d'un an autour des droits de vote doubles (loi Florange). La voilà qui reprend de plus belle après la validation du salaire du PDG par le Conseil d'Administration.
Lors de l'Assemblée Générale, les actionnaires avaient voté à 54% (dont 26% de l'Etat) contre le maintien de la rémunération de Carlos Ghosn malgré les bonnes performances du groupe. Peine perdue puisque ce vote n'était que consultatif et que le Comité des Rémunération puis le Conseil d'Administration avait avalisé le maintien de la rémunération du PDG à plus de 7 millions d'euros tout compris. Aujourd'hui, lors des questions au Gouvernement à l'Assemblée Nationale, le Ministre a menacé.
Suite à ce vote de l'assemblée générale de Renault, il y a un dysfonctionnement en matière de gouvernance. Et donc ce que nous demandons très clairement, c'est d'une part que M. Ghosn prenne ses responsabilités dès à présent, pour que sur sa rémunération de 2016, les conséquences soient tirées de ce vote. C'est que le conseil d'administration de Renault se réunisse à nouveau pour tirer les conséquences de ce vote de l'AG.Lors du dernier conseil, seuls les représentants des salariés et de l'Etat se sont prononcés contre. Nous devons en tirer les conséquences dans les prochaines semaines sans quoi nous serions conduits, en effet, à légiférer.
La menace, si elle peut faire sourire Carlos Ghosn, est en fait un coup de billard à plusieurs bandes. En effet, la menace de légiférer est clairement destinée au "patron des patrons" Pierre Gattaz pour que ce dernier mette la pression sur le Conseil d'Administration de Renault et sur Ghosn pour qu'ils reviennent sur leur décision. "Je suis un peu choqué que l'on ait entériné aussi vite des conditions de rémunération" avait déclaré P. Gattaz après le vote du Conseil d'Administration. Le MEDEF possède en effet un "code de bonne conduite" Afep-Medef (qui n'est en rien contraignant) mis en place fin 2013 pour calmer les velléités gouvernementales de (déjà) légiférer sur les rémunérations des patrons des entreprises.
Le Haut Comité de Gouvernement d’Entreprise (HCGE), chargé du suivi de l’application du code, n'a pas encore réagi officiellement mais il devrait désapprouver la validation par le Conseil d'Administration malgré le vote contre des actionnaires. De son côté, le groupe Renault indiquait le jour de l'Assemblée Générale que le Comité des Rémunération regarderait "les évolutions utiles de la structure de rémunération pour les années 2016 et suivantes".
Mise à jour 04/05/2016 : A noter que selon plusieurs spécialistes, la menace serait assez vaine car l'Etat ne peut se mêler des rémunérations des sociétés privées au titre de la liberté d'entreprendre. Une directive européenne pourrait être votée concernant un encadrement volontaire des rémunération mais ce dernier ne saurait être contraignant.
Source : Assemblée Nationale via BFM-TV, Renault, illustration : Ministère/Renault (modifiée par lba)
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