VW : nouveau bilan après plus de deux mois de scandale
par Elisabeth Studer

VW : nouveau bilan après plus de deux mois de scandale

Les choses ne s'arrangent guère pour VW s'est par ailleurs engagé à céder certains de ses actifs.

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Les choses ne s'arrangent guère pour Volkswagen. Alors que le Parlement européen s'oriente vers la création d'une commission d'enquête sur l'affaire des logiciels truqués, c'est au tour des salariés d'être financièrement impactés par le scandale qui contraint désormais le groupe à devoir recourir à un prêt-relai auprès des banques. En cas de difficultés pour le rembourser, VW s'est par ailleurs engagé à céder certains de ses actifs.

Le scandale lui-même pourrait prendre une nouvelle ampleur alors que selon la presse allemande, un logiciel de gestion de la récupération d'énergie cinétique dans la batterie pourrait désormais être pointé du doigt.

  • Vers une extension du périmètre du scandale ?

La presse allemande a ainsi révélé le 26 novembre dernier que VW est confronté à un autre problème de logiciel affectant désormais la consommation de carburant de certains véhicules. "Volkswagen a de nouveaux problèmes de logiciels, qui ont une influence directe sur la consommation" des véhicules, et donc leurs émissions, écrit ainsi le quotidien allemand Die Welt. Ajoutant : "dans le cas présent, il s'agit d'un logiciel qui gère la récupération d'énergie cinétique dans la batterie". Un porte-parole du constructeur a confirmé le problème, tout en précisant que le dysfonctionnement ne concernait pas "tous les véhicules de telle ou telle série, mais seulement certains véhicules".

  •  Vers la création d'une commission d'enquête au niveau européen

Mercredi dernier à Bruxelles, cinq groupes politiques ont ainsi soutenu la création d'une commission d'enquête. A noter toutefois que le premier groupe politique du Parlement, le Parti populaire européen (PPE), favorable à une simple commission temporaire aux pouvoirs moins étendus, s'est prononcé contre. La décision formelle de soumettre à l'assemblée plénière la création de cette commission doit être prise d'ici une à deux semaines. Les cinq groupes favorables représentent à eux seuls 407 députés sur 751, soit plus de la moitié.

En cas d'approbation - ce qui s'avère donc fort probable - le mandat de cette future commission d'enquête constituée pour une année devra toutefois être défini. Selon les textes, elle devra être chargée d'examiner "les allégations d'infraction au droit de l'Union ou de mauvaise administration dans l'application de celui-ci". Le groupe des Verts, à l'origine de cette initiative, souhaite pour sa part que l'enquête porte notamment sur la connaissance que la Commission et les Etats-membres aient pu avoir du trucage avant l'éclatement du scandale en septembre 2015.

  •  VW prêt à céder certains actifs pour rembourser un prêt-relai 

Après avoir trouvé un accord avec ses banques sur les modalités d'un prêt relais de 20 milliards d'euros, lequel est destiné à l'aider à supporter le coût du scandale des logiciels truqués, Volkswagen s’est dit prêt à vendre certains actifs dans le cas où il serait confronté à quelques difficultés pou rembourser son emprunt.

Le constructeur avait préalablement laissé entendre  qu'il comptait re-financer son prêt en émettant des obligations. Mais désormais, Volkswagen a déclaré aux treize établissements financiers qui ont accepté de lui ouvrir une ligne de crédit qu'il serait disposé à des cessions s'il ne trouvait aucun autre moyen de rembourser ce prêt à un an. Le groupe s'est ainsi engagé à vendre ou introduire en Bourse certains actifs d'une valeur globale dépassant nettement 20 milliards d'euros s'il ne parvenait pas à trouver d'autres sources de financement.

Huit banques apporteront 1,825 milliard chacune : il s'agit de Citi, Unicredit, Barclays, Bank of Tokyo-Mitsubishi, BNP Paribas, HSBC, Mizuho et Société générale. Les cinq prêteront quant à elles 1,08 milliard chacune : il s'agit de Goldman Sachs, Bank of America, Santander, BBVA et Crédit Agricole.

Pour la première fois depuis quinze ans, Volkswagen connaît une perte d'exploitation, laquelle s'élève à 3,48 milliards d'euros. Une situation qui pourrait contraindre VW à se séparer de plusieurs marques. D'après les premiers éléments, les activités du groupe MAN non liées au poids lourds figureraient en tête de liste. Ces activités représentent sur les neuf premiers mois de l'année plus d'un quart du chiffre d'affaires de MAN (9,98 milliards d'euros) et la totalité de son bénéfice d'exploitation (101 millions). Ce qui permettrait d'apporter un sacré bol d'air au groupe allemand. Leur cession pourrait valoir quatre à cinq milliards d'euros au total. Alors qu'une introduction en bourse d'Audi ou de Porsche serait quant à elle écartée, une augmentation de capital par émission de droits de souscription figurerait également parmi les options envisagées.

Comme nous le suggérions dans un précédent article, Volkswagen pourrait également envisager de se désengager des marques de luxe Bentley et Lamborghini ou de la marque de motos Ducati. Même si selon certains membres de l'entreprise : "ces filiales ne feront pas vraiment bouger le curseur". Selon des sources proches du dossier, "aucun actif spécifique" n'aurait été toutefois évoqué. En tout état de cause, il est fort à parier que VW attende de connaître le montant total des pénalités dont il devra s'acquitter ainsi que le cout global des rappels avant de vendre de tels actifs.

Certains analystes évaluent désormais la facture du scandale à plus de 40 milliards d'euros, tandis que depuis le 18 septembre dernier, l'action Volkswagen a perdu pour sa part près d'un tiers de sa valeur tandis que le taux de rendement de ses obligations s'est envolé. Selon des sources proches du dossier, VW espère désormais que les rendements de ses obligations reviendront à leur niveau d'avant le scandale d'ici au printemps 2016, ce qui, le cas échéant lui permettrait de rembourser le prêt relais selon un processus normal, sans devoir céder d'actifs. Au final, le prêt et les émissions obligataires devraient coûter environ 150 millions d'euros en intérêts et en commissions. Rappelons que lors de l'annonce de ses résultats du troisième trimestre, le groupe avait déclaré qu'il avait effectué une première provision de 6,7 milliards d'euros en vue de couvrir les coûts liés au scandale, ajoutant alors que d'autres sommes pourraient être mises de côté.

  • Les salariés devront se serrer la ceinture en 2016

Le président du comité d'entreprise de VW, Bernd Osterloh, vient quant à lui de déclarer que Volkswagen ne paiera aucune prime à ses employés en 2016. Selon lui, les dirigeants du groupe doivent renoncer eux aussi à leur rémunération variable : "les bonus, soit c'est pour tout le monde, soit ce n'est pour personne", a-t-il martelé devant près de 20 000 salariés du groupe, en présence du nouveau directeur financier, Frank Witter.

Rappelons qu'en mars dernier, VW avait versé en mars une prime de performance de 5900 EUR bruts au titre de l'année 2014 à chacun de ses quelques 200 000 salariés allemands. Les neuf membres du directoire s'étaient quant à eux partagé une rémunération globale de plus de 65 millions d'euros, dont 54 millions de bonus.

  • Usines allemandes fermées pendant plus deux de semaines

Compte-tenu de la baisse des ventes, les usines allemandes seront quant à elles fermées durant deux semaines et demie autour des fêtes de fin d'année. Sur les sites de production de Wolfsburg, Emden , Zwickau et Dresde , "la production s'arrêtera le jeudi 17 décembre et reprendra le lundi 11 janvier 2016", à l'exception des lignes de montage de la Tiguan, a ainsi annoncé un porte-parole du groupe.

Sources : AFP, Reuters, VW, Automotive News Europe

Crédit Photo : VW

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