Volkswagen : le point à J+40
Déjà le scandale des moteurs truqués de Volkswagen a éclaté. L'occasion pour le blog auto de faire un nouveau point sur ses différents aspects et impacts.
Déjà le scandale des moteurs truqués de Volkswagen a éclaté. L'occasion pour le blog auto de faire un nouveau point sur ses différents aspects et impacts.
Déjà plus d'un mois que le scandale des moteurs truqués de Volkswagen a éclaté. L'occasion pour le blog auto de faire un nouveau point sur ses différents aspects et impacts.
Alors que Volkswagen avait concédé il y a quelques jours avoir lancé des investigations sur son nouveau moteur diesel de type EA288 en vue de déterminer s'il était oui ou non concerné par le scandale, c'est au final un grand ouf de soulagement pour le constructeur. Après enquête, le groupe allemand a confirmé que le logiciel falsificateur n'avait pas été installé sur les moteurs EA288 mais uniquement sur les blocs EA189, ceux par qui le scandale est arrivé.
Volkswagen précise par ailleurs que les modèles EA288 répondant à la norme Euro6 ne sont pas touchés, une manière de souligner que les modèles récemment vendus ne sont pas impactés. Au final, seuls les moteurs diesel de 1,2l, 1,6l et 2,0l initialement identifiés demeurent concernés par la fraude.
En vue de redorer son blason, et tenter de trouver une solution palliative aux titanesques mesures de rappel qu'il se doit désormais d'organiser, Volkswagen préparerait une offre commerciale à destination des propriétaires en Allemagne qui accepteraient d'acheter une voiture neuve en vue remplacer leur véhicule équipé du logiciel falsificateur à l'origine du scandale. Le groupe s'attend à ce que le coût du scandale, qui l'obligera à rappeler 8,5 millions de véhicules en Europe, dépasse les 30 milliards d'euros, rapporte le mensuel allemand Manager Magazin.
L'objectif prioritaire pour le constructeur est donc à la fois de réduire les coûts et de stabiliser les ventes, chose que permettraient des incitations à l'achat pour les propriétaires de VW, tout en soulageant la pression sur les concessionnaires VW, en contact direct avec la clientèle.
L'offre commerciale pourrait être ciblée sur les propriétaires de véhicules équipés de moteurs diesel de 1,6 litre, sur lesquels la réparation sera la plus coûteuse. L'offre ne serait dans un premier temps valable qu'en Allemagne, pays où circulent près de 2,4 millions de voitures équipées du logiciel incriminé, mais le programme pourrait s'étendre à la Suisse. «Une prime de ce genre ne remplace pas l'amélioration du véhicule concerné, qui doit de toutes façons avoir lieu» comme s'y sont engagés constructeur et importateur, a toutefois tenu à préciser Livio Piatti, porte-parole de Volkswagen en Suisse.
Le constructeur est appelé à remettre aux normes antipollution quelque 8,5 millions de voitures d’ici à la fin de l’année 2016, un calendrier qui s'annonce d'ores et déjà difficile – voire très difficile - à respecter. Si une partie des véhicules pourront faire l'objet que d'une simple mise à jour logicielle (laquelle limiterait cependant les performances des moteurs), d’autres devront faire l’objet d’une véritable transformation mécanique, à travers l’installation d’un système de traitement spécifique des particules polluantes.
Une procédure qui se veut complexe et coûteuse. « S’il faut faire de la place ou refabriquer des pièces, on le fera. Cela ne coûtera rien au client, bien entendu », disait Matthias Müller au début du mois. Evoquant à cette occasion, l'éventuelle création d’ateliers temporaires dans tous les marchés concernés. Pour un montant qui pourrait au final s'établir à un niveau bien supérieur à celui de la mise en œuvre de « prime à la casse ».
Selon Manager Magazin, Volkswagen va geler les promotions au niveau managerial l'an prochain dans sa division VW et réutiliser le plus possible de pièces de sa Golf pour le prochain modèle, des mesures qui devraient permettre d'économiser plusieurs centaines de millions d'euros. Le groupe a d'ores et déjà suspendu plus de 10 cadres de haut rang, dont certains de ses meilleurs ingénieurs, dans le cadre d'une enquête interne.
Deux sources proches du dossier ont par ailleurs indiqué que Hanno Jelden, responsable de l'électronique moteur chez Volkswagen, était également frappé par une mesure de suspension. Le journal Bild am Sonntag affirme qu'il est l'une des personnalités au centre de l'enquête ouverte par la justice allemande sur la fraude.
Par contre, Audi compte continuer à embaucher, malgré le scandale qui frappe sa maison mère, a toutefois indiqué un porte-parole de la filiale du groupe Volkswagen. Il semble que le groupe se dirige vers la décision de faire absorber les conséquences de l'affaire sur Volkswagen principalement et d'épargner tant que faire se peut Audi et Porsche.
Volkswagen a annoncé lundi avoir embauché Thomas Sedran, un ancien dirigeant d'Opel en vue de superviser sa stratégie. Ce dernier prendra ses fonctions au sein du groupe de Wolfsburg à compter du 1er novembre. Après avoir assuré par intérim la présidence du directoire d'Opel en 2012-2013, il présidait jusqu'en juin dernier, les marques Chevrolet et Cadillac de GM en Europe.
Mi-octobre, VW a annoncé que l'ancienne directrice de la conformité et des affaires réglementaires de son concurrent Daimler occuperait à compter du 1er janvier un poste similaire nouvellement créé au sein du directoire de Volkswagen.
Alors que Volkswagen a annoncé des provisions de 6,5 milliards d'euros pour couvrir les frais liés au scandale, les analystes s'attendent à un résultat avant intérêts et impôts en perte de près de 3,5 milliards d'euros au troisième trimestre. La semaine dernière, Matthias Müller a déclaré que le groupe pourrait devoir provisionner davantage que les 6,5 milliards d'euros initialement prévus pour couvrir les coûts de la fraude dans le cas où le scandale aurait un impact négatif sur les ventes de voitures.
"Les 6,5 milliards ont trait au rappel", a-t-il ainsi indiqué à la presse à Wolfsburg. "Je ne puis que spéculer sur des provisions supplémentaires. S'il devait y avoir un changement dans les volumes de ventes, nous réagirions rapidement."
Matthias Müller, le nouveau président du directoire de Volkswagen, sera de la délégation de chefs d'entreprise qui accompagneront la chancelière allemande Angela Merkel à l'occasion de son prochain voyage en Chine. Le calendrier est serré puisque le départ est prévu mercredi 28 octobre, jour de la publication des comptes du troisième trimestre de Volkswagen, conduisant le groupe à avancer sa conférence sur les résultats. Le nouveau patron de VW rencontrera en Chine les dirigeants de ses partenaires FAW Car et SAIC Motor qui on le sait ont fait connaître une certaine inquiétude à propos des conséquences financières de l'affaire sur les joint-ventures chinoises.
Opel vient de rejeter les allégations de l’association écologiste allemande DUH (Deutsche Umwelthilfe), selon lesquelles le Zafira doté d’un moteur diesel de 1,6 litre ne satisfait pas aux normes Euro-6 pour les émissions d’oxydes d’azote et utilise un système spécifique pour les tests d'émissions.
Ce démenti fait suite aux déclarations de cette association de défense de l'environnement selon lesquelles les émissions de l'Opel Zafira 1.6 CDTi étaient "dans certaines situations" jusqu'à 17 fois supérieures aux limites en vigueur dans l'Union. Des affirmations tout de même basées sur des tests qu'elle a réalisés elle-même ou fait réaliser par l'Université des sciences appliquées de Berne, en Suisse, laquelle a confirmé les conclusions de l'étude. DUH indique en particulier que les résultats des tests sont différents selon que la voiture est testée sur un banc à un ou deux rouleaux sans explication plausible.
Opel a déclaré avoir demandé mais en vain à la DUH la possibilité de consulter les résultats des tests avant leur publication. Dans une lettre à l'association en date du 21 octobre, le constructeur explique que ses propres tests ont conclu à des niveaux d'émissions compatibles avec les normes européennes. "Les conclusions de la DUH impliquent un subtil soupçon de manipulation de notre part", a dit un porte-parole d'Opel. "Nous démentons fermement cette accusation."
La DUH a précisé pour sa part que le laboratoire de l'Université de Berne était utilisé principalement pour réaliser des tests pour le compte des autorités suisses, ajoutant vouloir étudier d'autres modèles diesel de fabrication allemande ou étrangère censés respecter les normes Euro 6.
Fin septembre, Daimler avait démenti «le plus fermement possible» des soupçons de manipulations des moteurs de certaines de ses voitures, dont avait fait part une ONG allemande après les révélations sur des tricheries chez Volkswagen. «Nous rejetons le plus fermement possible l'accusation de manipulation de nos véhicules pour les tests d'émission» de gaz polluants, avait affirmé le constructeur dans un communiqué. «Daimler n'a jamais eu recours à un logiciel truqueur», poursuit le groupe, et «cela vaut pour tous les moteurs diesel et Otto». «Nos moteurs respectent toutes les lois et toutes les exigences réglementaires», ajoutait le communiqué. Daimler n'a «aucune connaissance de mesures qui auraient montré (qu'il) ne respectait pas les règles», poursuivait-il.
La veille, la DUH avait affirmé détenir «des indices détaillés de manipulations des émissions» chez plusieurs constructeurs, à savoir, outre Volkswagen et Audi, Daimler, BMW et Opel.
Également mis en cause par un magazine automobile, BMW avait réagi, réfutant de manière énergique toute malversation.
« La France regrette les retards observés dans les efforts faits pour rapprocher les tests d’émissions de gaz polluants en laboratoire de ceux réalisés en condition de conduite réelle », a déclaré la ministre de l’Environnement à l’issue d’une réunion lundi à Luxembourg. Le comité technique sur les véhicules à moteur doit se prononcer mercredi 28 octobre à Bruxelles sur la proposition de la Commission européenne concernant ces tests en condition réelle. Laquelle a pour objectif que les constructeurs automobiles réduisent leurs émissions d’oxydes d’azote (NOx) à un maximum de 80 mg/km, un seuil similaire à celui qui prévaut pour les tests en laboratoire. L'ACEA a on s'en souvient publié un communiqué plutôt frais sur la mise en place rapide de ces tests il y a quelques jours alors que Peugeot au contraire a décidé de communiquer sur la chose.
Jour après jour, l'accusation de fraude portée contre VW prend de l'ampleur. Emportant désormais dans son sillage, l'Union européenne. Selon le Financial Times, le commissaire européen à l'environnement a averti dès 2013 ses collègues que des constructeurs automobiles truquaient des moteurs en vue de fausser les tests antipollution, mais le scandale Volkswagen n'a éclaté au grand jour qu'il y a quelques semaines à peine.
Si l'on en croit le journal anglo-saxon, les dirigeants de l'UE étaient informés du problème et n'ont pas jugé bon de le traiter. En vue d'appuyer ses propos, le Financial Times indique que le Commissaire à l'Environnement, Janez Potocnik, mentionne le problème dans une lettre adressée en février 2013 au commissaire à la politique industrielle Antonio Tajani. "Il y a des préoccupations répandues selon lesquelles la performance a été ajustée pour se conformer au cycle de tests, en dépit d'une spectaculaire augmentation des émissions en dehors de ce contexte", aurait ainsi écrit M. Potocnik, selon le journal.
A noter que cette affaire voit le jour alors même que le traité transatlantique de libre-échange (TTIP) est en cours de négociation entre Bruxelles et Washington. Au final, "la tricherie de Volkswagen entame la crédibilité des Européens", comme l'affirme elle-même la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström. Et ce, alors même que Etats-Unis et Union européenne rivalisent d'efforts pour faire accepter leurs normes respectives.
Nombreux sont ceux désormais qui s'interrogent sur les liens potentiels entre le scandale VW et le traité transatlantique, et ce, d'autant plus que la reconnaissance mutuelle des législations sur l'automobile entre les États-Unis et l'UE, prévue dans le texte, pourrait générer 18 milliards d'euros de profit par an , dont 90 % iront à l'UE. Ce traité bilatéral imposera en effet des règles réciproques à tous les pays partenaires. Un contexte de nature à créer un véritable rapport de force entre l'Europe et les Etats-Unis.
En tout état de cause, cette affaire tombe très mal souligne la commissaire européenne au Commerce, laquelle rappelle qu'elle s'est échinée depuis deux ans à expliquer aux Américains que les Européens seront intraitables sur les normes et les contrôles, et que ceci faisait partie de leur culture.
Selon les termes mêmes de Cecilia Malmström, l'affaire Volkswagen est "un immense scandale industriel", mais "c’est aussi la face cachée de l’offensive économique américaine qui se joue avec des exemples marquant l’opinion publique. L’occasion fait le larron". Ainsi, "en touchant Volkswagen, les Américains touchent directement l’Allemagne, orgueil du savoir-faire et de la rigueur, surtout moteur de l’économie européenne" indiquait-elle récemment dans un entretien accordé au Figaro.
Sources : DPA, Manager Magazin, tdg.ch, Reuters, Bild am Sonntag, Opel, Automotive News, Financial Times
Crédit Photo : VW
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