48 heures après les accusations de l’Agence Environnementale Américaine, Volkswagen avouait sa faute, et la présence du «logiciel truqué». Depuis les informations, déclarations et autres rumeurs se multiplient. L’occasion pour Le Blogauto de faire le point, alors que le groupe Volkswagen vient d’annoncer que le rappel des véhicules concernés devrait prendre l’année 2016 au complet et que le conseil de surveillance du groupe vient de nommer son nouveau président.
L’affaire
Ce ne sont pas moins de 11 millions de véhicules qui sont concernés par cette affaire sans précédent. 72% se trouvent en Europe et exactement 948 064 dans l’hexagone. Rappelons que sur ces véhicules, les émissions d'oxyde d'azote ne sont conformes que dans des conditions bien particulières...qui sont celles des tests. D’après Bild am Sonntag, la supercherie serait vieille de 10 ans, le Financial Times ajoutant même que l’ombre de Bernd Pischetsrieder et de Wolfgang Bernhard plane sur cette affaire. Le Süddeutsche Zeitung rapporte lui que le Dr. Heinz-Jakob Neußer aurait été mis au courant par plusieurs ingénieurs et techniciens de la firme lors de son arrivée à la tête du département motorisation de Volkswagen en 2011. Effectifs renforcés au service informatique, millions de lignes de codes supplémentaires, d’autres révélations sur les coulisses de l’affaire sont attendues. Tout semble accréditer la thèse d'une supercherie d’ampleur et non celle du bricolage d'un Géo Trouvetout de la R&D.
Dans l’œil du cyclone, on trouve les moteurs de type EA 189. Des motorisations Diesel qui prennent place sous le capot de plusieurs modèles des gammes Audi, Seat, Sköda et Volkswagen depuis 2008. La sixième génération de Golf, la septième de Passat et la première de Tiguan sont toutes équipés d’un moteur de ce type dans leurs déclinaisons à huile lourde.
Le Rappel
L'autorité fédérale des transports (KBA) allemande l'exigeait avant le 7 octobre, sous peine de retrait des homologations données aux véhicules concernés. Volkswagen vient de livrer le calendrier des opérations de rappel. Elles devraient commencer au mois de janvier pour s’étaler jusqu’à la fin de l’année 2016.
Une"mesure de correction des écarts d’émissions d’oxydes d’azote (NOx)" selon le site français du groupe. On ignore le détail des solutions techniques et des mesures envisagées. Simple reprogrammation et/ou changement de pièces, il est trop tôt pour le savoir.
Outre Altlantique, compte tenue de l’impact de cette affaire, du parc plus modeste concerné, de la sévérité des normes Tier II Bin 5 comparées à Euro 5 et des amendes qui se profilent, on peut penser que les choses pourraient aller plus loin. Jusqu’au remplacement du véhicule disent certains.
Le Coût de l’affaire
Si le Crédit Suisse estime que cette affaire va coûter de 23 à 75 milliards à Volkswagen, d’autres comme Exane avancent un minimum de 25 milliards d’euros, alors que la Deutsche Bank se garde de tout pronostic.
Le chiffre de 25 milliards est crédible s’agissant du coût direct, dont 15 milliardsbd’amendes, sur la base de 5 en Europe et 10 négociés pour 16 milliards réclamés aux Etats-Unis. A cela il faut ajouter le rappel lui-même, évalué à 1000€ par véhicule, soit une dizaine de milliards de mieux.
Au-delà des coûts directs, le crédit Suisse imagine des coûts indirects colossaux. D’autres refusent d’envisager pareilles sommes, mais tous se posent la question du financement.
Son financement
D’ores et déjà, le groupe a provisionné 6,5 milliards d’euros. Mais il en va en falloir beaucoup plus. Matthias Müller, le nouvel homme fort, annonce des économies et le report ou l’annulation de certains projets pour dégager 15 à 20 milliards d'euros sur les trois ans qui viennent. On évoque également la piste d’une augmentation de capital de 8 milliards d'euros. Mais tout cela ne sera probablement pas suffisant. Et il faudra peut-être se résoudre à vendre les bijoux de famille. Selon la banque Metzler, Porsche pèse 39 milliards d’euros et Audi 30 milliards d’euros. Mais avant de se séparer de la famille de sang, le constructeur pourrait bien se départir de quelques pièces rapportées. De là à s’imaginer Bentley et Rolls Royce remariés ou quelques acheteurs exotiques aux commandes de Bugatti ou de Lamborghini, il n’y a qu’un pas que certains franchiraient volontiers. Chez les concurrents comme les investisseurs.
Les dommages collatéraux
Les rumeurs ou les informations avancés par certains titres, à l'instar du Daily Mail n'y font rien. Seul Volkswagen est dans le collimateur et il faudra attendre les conclusions d’organismes dûment mandatés pour savoir si la triche touche d’autres constructeurs. Et éviter les amalgames entre volonté de duper les contrôles et incapacité pour certains moteurs à se montrer aussi écolos qu’annoncés... Seule certitude les acteurs du secteur sont inquiets. Et pas seulement M le ministre de l'économie Emmanuel Macron.
En attendant, même si Martin Winterkorn reste CEO de Porsche, Hans Dieter Pötsch, vient lui d’être élu au poste de président du conseil de surveillance du groupe ce mercredi 7 octobre. Un homme de confiance du clan…Pïech. Le Dr Ferdinand Karl n’est jamais bien loin de Wolfsburg.