F1 : A quoi joue Red Bull avec Renault ?
par Thibaut Emme

F1 : A quoi joue Red Bull avec Renault ?

Les relations entre Renault et son écurie cliente privilégiée Red Bull Racing se sont détériorées depuis l'an dernier. En ce début d'année il semble que Red Bull a déterré la hache de guerre provoquant l'ire du patron de Renault Sport F1.

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Red Bull vexe publiquement Renault

Renault ne s'en est pas caché, son moteur turbo hybride de 2014 n'était pas à la hauteur. Outre des problèmes de surchauffe en début de saison, il accusait un déficit de puissance. Sous la pression de Red Bull Racing, désormais seul client (avec Toro Rosso), Renault a donc développé de façon dite "agressive" son power unit pour la saison 2015, suivant les demandes de Red Bull, et forcément les ennuis de jeunesse sont là.

En Australie Ricciardo voyait son premier moteur de la saison être hors service en peu de kilomètres. Sachant que les moteurs sont limités à 4 cette année, Ricciardo part donc avec un gros handicap. Dès les premiers essais libres différentes personnes de Red Bull ont alors violemment attaqué Renault en se répandant plus que d'habitude dans la presse. Parmi ceux-là, Helmut Marko, habitué des formules de "dézingage" à l'emporte-pièces, Christian Horner le patron de l'écurie, mais aussi Adrian Newey.

En Australie Renault a fait le dos rond, expliquant qu'ils auraient préféré que le linge sale se lave en famille et qu'ils allaient en discuter avec Red Bull. Sauf que Newey en a rajouté une couche. Le génial aérodynamicien déteste les moteurs. Pour lui, si toutes les voitures avaient le même moteur, cela n'en serait que mieux car depuis 2014 le moteur a été replacé au coeur des performances des F1.

L'agacement de Renault vient d'en haut

Cette nouvelle saillie a provoqué cette fois une réponse cinglante de Cyril Abiteboul - pourtant proche de Red Bull - avec semble-t-il l'appui de sa hiérarchie (ie. du grand patron lui-même). Interrogé par AutoHebdo, Abiteboul répond sur Newey qui estime que le moteur est l'unique souci de la voiture : "(...) c'est dur d'avoir un partenaire qui ment. Adrian est un charmant monsieur et un ingénieur hors pair, mais il a passé sa vie à critiquer ses partenaires motoristes. Il est trop vieux pour changer".

Voilà Newey rhabillé pour l'hiver ! C'est assez inhabituel de voir une écurie partenaire et son motoriste se déchirer ainsi de la sorte en se répandant dans les médias. La F1 n'aime pas ce genre de publicité et les comptes se règlent plutôt dans les motorhomes. Par exemple McLaren soutient ouvertement son partenaire Honda même si la saison semble compromise dès son début.

Que veut Red Bull ?

Red Bull a-t-il une idée derrière la tête ? On le sait chez Red Bull on n'a jamais vraiment apprécié le passage à l'hybride turbo actuel et on prône un retour du thermique atmosphérique "classique" avec un kers plus basique. Pour cela Red Bull menace de partir de la F1 (2 écuries en moins !) un peu comme Mercedes l'avait fait en 2012 et 2013 pour forcer la main à la FIA qui tergiversait sur la motorisation (déjà !). La motorisation turbo hybride est théoriquement prévue jusqu'en 2017 au moins et Milton Keynes pourrait tenter un coup de bluff pour changer cela.

Mais en fustigeant son partenaire avec qui l'écurie a écrit l'une des belles pages de la F1, Red Bull ne préparerait-il pas l'après Renault ? Un après Renault qui interviendrait plus tôt que prévu ? Le contrat qui lie Red Bull Racing à Renault court jusqu'à la saison 2017 également mais certains avancent que RBR voudrait le casser avant. Mais pour aller avec quel fournisseur ? Mercedes ? Impensable. Ferrari ? Peu probable. Honda ? Hautement risqué. Un nouvel entrant ? On parle d'Audi mais VW est refroidit par les difficultés rencontrées par Honda pour revenir en F1 dans le contexte de limitation accrue des essais privés et Piëch ne cesse de repousser aux Calendes grecques la venue des 4 anneaux en F1.

Toro Rosso en "dédommagement" ?

L'an dernier les rumeurs évoquaient Red Bull faisant son propre moteur (grâce à Mario Ilien) mais dans cette perspective (risquée elle aussi) Red Bull aura besoin de toutes ses forces pécuniaires pour rivaliser avec Mercedes. Et on en revient donc à la possible vente de Toro Rosso à Renault qui ne cache pas qu'être réduit au "simple" rang de figurant dans les 4 titres mondiaux de Red Bull commence à agacer. Visiblement en "haut lieu", on comprend désormais qu'avoir sa propre écurie est une très belle page de publicité mondiale - et nous nous en étions déjà fait l'écho. Débarrassé de Toro Rosso, Red Bull pourrait augmenter le budget de l'écurie première pour arriver à ses fins mais accuserait également la perte d'un gros sponsoring de Renault via Infiniti.

Helmut Marko a été envoyé en éclaireur pour affirmer que si Renault voulait avoir des Toro Rosso en jaune (les couleurs des F1 Renault historiquement), c'était négociable. Va-t-on voir "rapidement" Renault revenir en tant que constructeur et Red Bull voler de ses propres ailes (il parait que le soda autrichien en donne selon leur réclame...) ? La Malaisie devrait nous donner un peu plus de grain à moudre dès ce weekend. Renault devrait améliorer la gestion électronique du moteur et donc redonner de la souplesse à une Red Bull rétive du train arrière (une spécialité de Newey). Si les RBR signent un bon résultat, cela devrait apaiser les tensions, au moins pour un temps, mais si les Toro Rosso continuent de tailler des croupières aux grandes soeurs, il y a fort à parier que la guerre des mots repartira de plus belle.

Source : Adam Cooper, AutoHebdo, illustration : Red Bull Racing

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Pour résumer

Les relations entre Renault et son écurie cliente privilégiée Red Bull Racing se sont détériorées depuis l'an dernier. En ce début d'année il semble que Red Bull a déterré la hache de guerre provoquant l'ire du patron de Renault Sport F1.

Thibaut Emme
Rédacteur
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