Le mythe Rolls-Royce
par Joest Jonathan Ouaknine

Le mythe Rolls-Royce

Il y a quelques temps, nous évoquions un essai de Rolls-Royce Phantom pour décortiquer ce qui rend mythique les Rolls-Royce.

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Il y a quelques temps, nous évoquions le "mythe Ferrari". Cette fois-ci, nous profitons d'un essai de Rolls-Royce Phantom pour décortiquer ce qui rend mythique les Rolls-Royce.

"Meilleure voiture du monde" ? Sur un plan objectif, les Bentley et Mercedes Classe S proposent davantage d'innovations technologiques et de performances. Le tout, à prix égal, voir moindre. Sauf que l'on n'est pas dans le domaine du rationnel. Le luxe, c'est justement ce qui n'est plus raisonnable.

Rolls-Royce continue ainsi d'occuper une place à part dans l'imaginaire. La preuve, c'est que l'on va dire qu'un produit est "la Rolls de [produit]". A contrario, on ne dira pas que c'est la "Bentley de [produit]" ou la "Mercedes de [produit]" !

Rolls et Royce

Rolls-Royce est né de la rencontre de deux hommes radicalement différents: Charles Rolls (à gauche) et Henry Royce (à droite.)

Royce naquit en 1863. Enfant de l'exode rural, orphelin de père à 9 ans, il trainait dans Londres. A 14 ans, il effectua un apprentissage dans les chemins de fer. Après divers jobs aux 4 coins de l'Angleterre, il créa son entreprise d'équipements électriques à 21 ans, avec 20£ en poche. L'entreprise marchait bien, mais Royce restait hanté par les années où il ne mangeait pas à sa faim. Un docteur lui conseilla un hobby pour se calmer : l'automobile. Il s'offrit une Decauville. Mais Royce, perfectionniste, voulu l'améliorer. De fil en aiguille, il créa sa propre voiture, la Royce, dans un atelier de Manchester.

Rolls, lui, vit le jour en 1877. Il grandit dans opulence : voyages en Russie et en France, puis études à Cambridge. Il se passionna pour l'automobile et fréquenta les clubs dédiés. A 20 ans, il paya 1 200£ la Panhard victorieuse du Paris-Marseille-Paris. Et à la sortie de Cambridge, son père lui donna 6500£ pour qu'il ouvre une concession. Mais Rolls était patriote et il voulait vendre des voitures anglaises. En 1904, il entendit parler de Royce. Il prit le train pour Manchester et s'enthousiasma pour cet ingénieur autodidacte de 14 ans son ainé.

Et peu après, le 23 décembre 1904, Rolls et Royce s'associèrent officiellement. A Royce la conception, à Rolls la vente.

LVMH avant LVMH

La recette du succès ? D'aucun citent le perfectionnisme de Royce. "Le meilleur ingénieur du monde", d'après Rolls. Mais il y a eu d'autres constructeurs élitistes et perfectionnistes. Daimler a longtemps été le fournisseur exclusif des souverains Britannique. Henry Leland tenait à ce que ses Cadillac disposent des dernières innovations techniques et industrielles développées par Detroit. Delaunay-Belleville voulait les meilleurs ouvriers de France. Le constructeur allaient les "chasser" dans les villages bretons (car disait-on, c'est là qu'ils étaient.) Ettore Bugatti voulait créer "la dernière voiture de luxe". Il se passa 11 années avant qu'il ne construise le premier prototype de la Type 41 "Royale" (et encore 3 ans jusqu'au premier exemplaire de série.)

L'avantage de Rolls-Royce, c'était la manière de "vendre" ses voitures. Rolls était bien introduit dans la haute société londonienne. Il fit fructifier son carnet d'adresse. L'un des premiers clients célèbre fut John Douglas-Scott-Montagu, baron de Montagu-Baulieu et "père" de la législation anglaise sur l'automobile. Conquit par les Rolls-Royce, il les aurait convaincu d'utiliser le "spirit of ecstasy" comme emblème. D'ailleurs, le modèle de la sculpture serait la "secrétaire" de Montagu-Baulieu. D'autres vinrent ensuite comme le premier ministre Lloyd George, lord Baden-Powell (fondateur du scoutisme) ou Lawrence d'Arabie (ci-dessous, sur le siège passager.)

Rolls mourut en 1910 à bord de son avion. Claude Johnson, son éternel bras droit, prit sa suite. A l'époque, les constructeurs français, italiens et allemands exportaient. Par contre, les Anglaises ne quittaient pas l'ile. Une question de principe. Johnson, lui, était un pragmatique. Rolls-Royce devait être la voiture des riches, où qu'ils soient et quels qu'ils soient. Il cibla d'abord les maharajah Indien, puis les capitaines d'industries Américains. Rolls-Royce y disposera même d'une chaine de montage. Dans les années 50, Rolls-Royce s'attaqua aux marchés africain, asiatique et plus tard, moyen-orientaux. Il a également fait de l'entrisme dans les pemiers clubs de voitures anciennes. Cette mondialisation lui a permit de traverser les crises économiques et de s'imposer au niveau mondial.

Elitisme

Rolls-Royce a toujours visé une clientèle plutôt âgée et plus conservatrice. D'où des voitures qui ont évolué à leur propre rythme, faisant fi des modes. Alors que l'automobile évoluait à une vitesse folle, la 40/50 HP (dite "Silver Ghost") fut vendu pendant 18 ans. Il fallu attendre 1925 et la Phantom I pour que la marque pose des freins à l'avant de ses voitures. Ce n'est qu'en 1955, avec la Silver Cloud, qu'il y eu enfin une carrosserie "usine" (jusque là, il ne construisait que des châssis nus.) Les autres marques se diversifiaient ; Rolls-Royce restait fidèle au modèle unique. En 1965, la Silver-Shadow fut la première Rolls-Royce monocoque. Ses lignes rondouillardes tranchaient avec la tendance des "caisses carrées"... Et aujourd'hui, ce sont les lignes raides des Ghost et Phantom qui tranchent avec les productions actuelles.

Depuis 1998, BMW est propriétaire de la marque. En apparence, rien n'a changé. Rolls-Royce a poursuivi son expansion internationale (ici, une inauguration au Cambodge) et le rythme de lancement de nouveaux modèles est toujours aussi lent. Cela plait à une nouvelle clientèle en quête de repères. Posséder une Rolls-Royce, c'est un marqueur absolu de richesse.

En 2004, il avait écoulé 792 voitures. 10 ans plus tard, le chiffre a grimpé à 4063. Chaque année est synonyme de record et le constructeur se vante d'embaucher et d'agrandir son usine.

Pour Rolls-Royce, le monde est divisé en deux. Si vous êtes client ou client potentiel, pas de problèmes. On se plie à vos quatre volontés. Sinon, les portes sont closes. Curieux s'abstenir. Pas de communiqués, de publicités ou de catalogue. Sur les salons, des cordons sont là pour maintenir les gueux à distance. Pendant longtemps, il refusait de donner des informations techniques. Les performances ? "Elles sont suffisantes, point." Pas d'autres questions, merci beaucoup.

C'est aussi cette inaccessibilité qui a fait le mythe. D'où des rumeurs. Autrefois, on disait que seuls les chefs d'état pouvaient acheter une Phantom. Puis on disait qu'elles avaient des capots scellés (ou plombés) et que le constructeur refusait d'entretenir les voitures dont les sceaux avaient sauté.

Crédits photos : Rolls-Royce, sauf photos 1 et 2 (Joest Jonathan Ouaknine/Le Blog Auto.)

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Il y a quelques temps, nous évoquions un essai de Rolls-Royce Phantom pour décortiquer ce qui rend mythique les Rolls-Royce.

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