Brésil : les malheurs de Effa
L'automobile chinoise, ce n'est pas la panacée. Y compris dans les pays émergents. Demandez au Brésilien Effa, qui semble aujourd'hui sur une voie de garage.
L'automobile chinoise, ce n'est pas la panacée. Y compris dans les pays émergents. Demandez au Brésilien Effa, qui semble aujourd'hui sur une voie de garage.
En 2006, l'ascension des constructeurs chinois apparaissait irrésistible. Constatant cela, Edoardo Effa racheta les murs de l'assembleur uruguayen Dolce Vitta (sic.) C'était la base arrière d'Effa Motors. L’intérêt de l'Uruguay, c'est qu'il fait parti du Mercosur. Le coût de production est moins cher qu'au Brésil et on peut y exporter sans surcout. Effa s'associa à ChangHe. Partenaire de Suzuki, ChangHe venait de créer une citadine, l'Ideal. Dessinée par Pininfarina, elle était l'une des premières citadines chinoises modernes.
En 2007, les premières Effa M100 sortirent de Montevideo. Elle furent bientôt rejointes par le minivan Cargo.
Hélas, le développement de ChangHe fut stoppé net. La maison-mère, l'avionneur AVIC, s'est recentré sur son premier métier. Or, toute une génération de citadines chinoises débarquaient. Ce n'était pas le moment de s'endormir sur ses lauriers. Un rappel sur l'ensemble de sa production acheva sa réputation et sa trésorerie. En 2 ans, le fils prodige devint le dernier de la classe.
Effa senti bien que le vent tournait. Heureusement, il trouva un autre partenaire : Lifan. Ce dernier était également à la limite de l'asphyxie. Il cherchait désespérément des débouchés hors de Chine et Effa lui apportait le Brésil sur un plateau...
Effa avait le droit d'importer 4 800 véhicules par an au Brésil. Avec Lifan, les affaires marchèrent mieux et il s'offrit une usine dans la zone franche de Manaus, d'une capacité de 30 000 véhicules par an. Malgré tout, il restait un simple assembleur, avec un savoir-faire limité.
La quasi-intégralité des Lifan de Montevideo était vendues au Brésil. Pour les autres pays du Mercosur, le constructeur ouvrit sa propre usine de CKD... En Uruguay. En Chine, le constructeur remonta la pente et il s’aguerrit. Plus question de passer par des intermédiaires ; il voulait désormais traiter en direct. Ne serait-ce que pour pouvoir vendre ses propres utilitaires sur le sol Brésilien.
Ai 1er janvier 2014, Lifan ouvrit sa propre succursale au Brésil. Elle vend les véhicules produits en Uruguay. Le contrat avec Effa a été rompu. ChangHe mort et enterré, l'assembleur est livré à lui-même.
Les tentatives pour convaincre un 3e partenaire, (Hafei, SG Plutus, JMC, Mianyang-Jinbei...) n'ont rien donné de concluant. A la belle époque, il vendait plusieurs milliers de Lifan 320 chaque mois. Depuis janvier, il n'a produit que 200 véhicules (essentiellement des Cargo.) Ses concessionnaires ont soit disparu, soit ils ont déchiré leur contrat. Autant dire que Effa semble aujourd'hui condamné.
Crédits photos : Effa (photos 1, 2 et 5) et Lifan (photos 3 et 4)
L'automobile chinoise, ce n'est pas la panacée. Y compris dans les pays émergents. Demandez au Brésilien Effa, qui semble aujourd'hui sur une voie de garage.
Retrouvez tous les soirs une sélection d'articles dans votre boite mail.