Si Audi a décidé de faire profil bas - marché oblige - en affirmant haut et clair qu’il s’acquitterait des éventuelles pénalités infligées par le gouvernement, la Chambre de commerce de l’UE en Chine vient quant à elle de dénoncer des « tactiques d’intimidation » dont l’unique but serait de conduire les entreprises étrangères à payer des sanctions. Si le mot de protectionnisme n’est certes pas – encore – prononcé ouvertement, le mot semble bien être sur toutes les lèvres côté européen…
Alors que les enquêtes des autorités de la concurrence chinoises prennent de l’ampleur, l’institution, qui regroupe près de 1.800 membres, a dénoncé la méthode employée par Pékin, reconnaissant tout de même en parallèle que l’application de la loi anti-monopole de 2008 permettrait un meilleur développement de l’économie de marché en Chine.
"Les inspections ne doivent pas préjuger de l’issue de l’enquête et les entreprises visées doivent pouvoir se défendre pleinement", a ainsi déclaré la Chambre de commerce dans un communiqué. Elle indique par ailleurs avoir recueilli de "nombreux récit anecdotiques alarmants" de la part de certaines entreprises visées, faisant état de "tactiques d’intimidation"mises en œuvre par les autorités chinoises en vue de les contraindre à accepter les sanctions, et ce, sans qu’aucune véritable audience n’ait été accordée.
Si la presse chinoise cite un fonctionnaire de la NDRC affirmant que les groupes publics et les entreprises chinoises seraient eux aussi visés, la chambre de commerce de l’UE met en doute quant à elle l’équité des enquêtes.
"La communauté des affaires européennes se demande de plus en plus si les entreprises étrangères ne sont pas visées de façon disproportionnée par les investigations", indique-t-elle dans son communiqué.
L’industrie automobile, qui figure tout particulièrement dans le collimateur du gouvernement chinois, a d’ores et déjà annoncé des baisses de prix de l’ordre de 10 % à 20 % dans les pièces détachées, tentant ainsi d’échapper aux versements de lourdes amendes qui pourraient représenter entre 1 % et 10 % de leur chiffre d’affaires. Jaguar Land Rover, Chrysler ainsi que les japonais Toyota et Honda ont quant à eux annoncé une baisse de leurs prix sur les pièces détachées. General Motors a pour sa part simplement indiqué qu’il avait été contacté par le régulateur chinois.
Mais le pire est peut-être à venir. Les analystes de JP Morgan estiment en effet que la politique affichée actuellement par la Chine ne serait au final que la première étape d’une stratégie long-terme, qui pourrait avoir pour objectif final de contraindre les constructeurs automobiles à non seulement abaisser les prix de leurs voitures importées, mais également à terme faire chuter ceux des modèles fabriqués localement à travers des joint-ventures entre entreprises chinoises et étrangères.
D’après le « China Daily », près d’ un millier d’entreprises du secteur automobile en Chine seraient concerné par les enquêtes. Selon le quotidien, les investigations auraient été étendues à d’autres secteurs, comme par exemple le ciment ou le médical.
Sources : les Echos, China Daily, Chambre de Commerce de l’UE en Chine
Crédit Photo : Audi